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Ingéta

Le combat d’André Bitoumba alias Faye Monama

Fuite

Alors qu’Emmanuel Macron savoure le succès des Jeux Olympiques et souhaite remettre le couvert, on apprend, avec joie, qu’une « ... délégation entière, celle du Congo-Brazzaville, a mystérieusement disparu. Mireille Nganga, porte-drapeau et championne de lancer, Grâce Mouambako, sprinteur non-voyant, et son guide ont quitté le village olympique sans laisser de trace. » (Closer cité par Congo-Liberty du 16 septembre 2024.)

Des athlètes paralympiques, des Congolais, ont pris les jambes à leur cou. Filer à l’anglaise, c’est le rêve de tout prisonnier. La médaille d’or de la liberté est le seul trophée digne d’être gagné par les peuples en danger vivant dans une prison à ciel ouvert, le Congo de Sassou. Quelle joie !

L’opinion semble émue. Cependant, prendre la poudre d’escampette alors qu’il y va de sa survie n’étonne que les hypocrites. Quel individu doué de raison voudrait repartir dans l’enfer du Congo de Sassou après en être sorti, fut-ce par l’alibi sportif ? Tous les moyens sont bons pour se tirer du pétrin. Henri Laborit a écrit son « Eloge de la fuite. » en hommage à toutes les personnes qui ont pour slogan, en cas de danger extrême : « Courage ! Fuyons ! »

D’ailleurs lui-même Sassou ne supporte plus le climat dantesque dans lequel sa politique a plongé le riche émirat d’Afrique Centrale. Le 26 septembre 2024, l’inénarrable personnage viendra célébrer les noces de sa fille Julienne à Paris, loin du Congo où la gabegie est le sport olympique des Mbochi.

La joie démoniaque de la tribu-classe d’Oyo : voilà ce contre quoi des héros comme Faye Monama se battent à longueur de vidéos balancées sur les réseaux sociaux, à la grande rage des autorités françaises toujours promptes à frapper ceux qui luttent et à dérouler le tapis rouge aux tyrans noirs de la françafrique.

Piégé

En attendant le somptueux remariage de la fille du dictateur congolais, cette semaine de la rentrée, ça été la fête de l’activiste congolais André Bitoumba alias Faye Monama.

Il s’agit, bien entendu, d’un euphémisme car le jeune militant farouchement anti-Sassou est entre les griffes du préfet de la Seine Saint-Denis avec, sur sa tête, l’épée de Damoclès dite OQTF ( obligation de quitter le territoire français).

Le procès

Prévu pour le 16 septembre 2024, son procès a été reporté au lendemain c’est-à-dire au moment où nous mettons sous presse.

Faye Monama a été défendu par Me Sophie Weinberg. Etant donné la dimension nationale de l’affaire Monama, une noria d’avocats congolais a pris faits et causes pour sa libération. Ont immédiatement enfilé leurs robes à titre bénévole : Maîtres Rudy Mbemba avocat au barreau de Tarbes, Senda, Kenza du Barreau de Marseille, Amedé Nganga, Dominique Nkounkou...

« J’ai pu discuter avec lui au téléphone. Il a eu le bon réflexe de se rendre à la convocation de la préfecture en compagnie de son avocat. » nous a expliqué Me Philippe Youlou du Barreau de Nice.
Car la gentille convocation, c’ était un piège. Les avocats devraient exploiter cette faille de la procédure qui a facilité la capture d’un innocent.

« Faye Monama est de tous les combats depuis 2015, année du combat contre la révision de la Constitution de Sassou  » témoigne la militante Gertrude Malalu.

La main invisible... trop visible

L’opposant congolais risque d’être renvoyé dans son pays d’origine à l’issue d’un procès inique dans la fabrication duquel il serait tout aussi naïf de penser que le Chef de l’Etat congolais Denis Sassou-Nguesso, n’y soit pas pour quelque chose.

L’avocat congolais Me Senda, parle à juste titre de « main noire » du Pouvoir de Brazzaville. Au-delà de la dimension judiciaire, la présence à Paris du chien de chasse Jean-Dominique Okemba est la preuve que l’affaire Faye Monama est une affaire personnelle de Sassou.

La perspective de le refouler manu militari dans son pays d’origine n’est pas rassurante » s’inquiètent les compatriotes.

Longue liste

L’histoire de la résistance africaine est truffée opposants noirs massacrés par l’impérialisme soit pour plaire à ses agents de la françafrique, soit pour préserver ses intérêts (ce qui est pareil). Depuis Bouéta-Mbongo, Samory, Simon Kimbangu, André Matsoua, Patrice Lumumba, Félix Mounier, Amilcar Cabral...le résistant africain demeure le gibier de l’Occident.

On connaît la rage qui anime Sassou quand il s’agit de régler leurs comptes à ceux qui s’opposent à sa dictature. Ferdinand Mbaou, général farouchement anti-Sassou, prit une balle dans le dos par des tueurs à gage. Il faillit y laisser sa peau.

Alors qu’une forte délégation de fêtards Mbochi conduite par l’imparable Président « autoproclamé » Sassou s’apprête à faire la bamboula à Paris, les Congolais continuent de patauger dans la misère dans leur pays. Le Canard enchaîné de cette semaine s’en est fait un régal.

Voilà pourquoi une forte mobilisation doit s’organiser autour de Faye Monama afin que ce dernier ne soit pas renvoyé dans son pays où le pire l’attend.« Il risque la mort » pronostique l’opposant Bienvenu Mabilémono.

Edgar Bokilo

Comble de malheur, alors que des compatriotes et d’autres militants des Droits de l’homme, des députés français se battent pour la liberté du militant Faye Monana, voilà que, pet sonore dans un dortoir, l’homme à tout faire, Edgar Bokilo, élève sa voix rauque pour enfoncer André Bitoumba.

Edgar Bokilo, l’ancien petit vigile de la Gare se Lyon (lui-même ayant un casier judiciaire) a tout fièrement téléphoné au bureau des dénonciateurs de la préfecture de Saint-Denis comme un pétainiste à la police française aux heures sombres des rafles. L’objet de son coup de fil : fournir des clous pour fermer le cercueil de Faye Monama.

Le fonctionnaire français qui reçoit l’appel inique du nervi Bokilo n’en est pas revenu. On gagnerait de lire l’écrivaine Ketsia Beatrice Safou Bouanga dans son essai intitulé « L’ennemi du Noir c’est le Noir, l’ennemi d’Afrique c’est l’Africain ».

Sous l’Occupation allemande, la police de Vichy croulait sous les lettres où des voisins français dénonçaient des voisins Juifs ou des résistants Français.

Que gagne le milicien Bokilo en réclamant la tête de Faye Monama ? Certes, le combattant Faye Monama terrassa le zélé Edgar Bokilo à une bouche de métro. Une mémorable gifle bien sentie envoya Bokilo mâchonner l’herbe.

Qu’a fait Faye Monama si ce n’est se situer dans la philosophie de la résistance élaborée par des combattants de la trempe de Jean Moulin pendant la seconde guerre mondiale ? Si les faits sont avérés, avoir, semble-t-il, envoyé une voiture-bélier contre l’immeuble de l’Ambassade du Congo en France, est un acte résistance comme l’aurait fait n’importe quel patriote français contre les bureaux de la Kommandantur allemande à Paris sous Occupation.

A la Libération de la France, ce n’étaient pas de simples gifles. Des individus comme Bokilo étaient conduits à la Lanterne. C’est-à-dire tondus et pendus.

T.O

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