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Héros national

Christian Malanga : une tentative de coup d’État justifiable au Congo-Brazzaville où l’incompétence et la trahison règnent, mais pas au Congo-Kinshasa

Photo: Christian Malanga, chef du commando décapité le 19 mai. Il est élevé au rang de héros par la Diaspora
  • Christian Malanga : Une tentative de coup d’État justifiable au Congo-Brazzaville où l’incompétence et la trahison règnent, mais pas au Congo-Kinshasa où le Président est fraîchement élu.

Le 19 mai 2024, la République Démocratique du Congo (RDC) a été secouée par une tentative de coup d’État dirigée par Christian Malanga, visant le président élu Félix Tshisekedi et son ministre de l’Économie, Vital Kamerhe.

Cet événement a suscité des débats passionnés sur la légitimité et les motivations de Malanga, ainsi que sur la nature du régime en place.

Un Héros Potentiel dans un Contexte Différent

Si Félix Tshisekedi n’avait pas été un président élu démocratiquement ou s’il avait été impliqué dans des actes de haute trahison ou d’incompétence flagrante, comme ceux observés dans d’autres pays africains tels que le Congo-Brazzaville, la perception de Malanga aurait pu être différente.
Les crises multidimensionnelles sévissant au Congo-Brazzaville, où les autorités semblent incapables de trouver des solutions efficaces, ajoutent un contexte de frustration et de désespoir parmi les populations.

Dans ce cadre, des actions extrêmes comme celles de Malanga pourraient être vues sous un jour plus héroïque.

La Vente des Terres : Un Acte de Haute Trahison

Un autre point de tension est la vente des terres congolaises au Rwanda, perçue par beaucoup comme un acte de haute trahison.

Cette situation alimente le sentiment de mécontentement parmi les citoyens, créant un terreau fertile pour des figures charismatiques et ambitieuses comme Christian Malanga, prêtes à prendre des mesures drastiques pour ce qu’ils croient être le bien de leur pays.

Félix Tshisekedi est un président élu et légitime

Félix Tshisekedi est un Président élu et légitime malgré la lenteur dans les réformes qui lui est reprochée.

Il a été réélu le 20 décembre dernier avec plus de 73% des voix.
La légitimité de Tshisekedi repose sur un processus électoral qui, malgré ses imperfections, a permis une transition pacifique du pouvoir.

Cette élection a été largement saluée par la communauté internationale et par une grande partie de la population congolaise comme une avancée vers la démocratie.
La légitimité démocratique de Tshisekedi constitue une base solide pour son mandat, lui permettant de gouverner avec l’appui d’une majorité des citoyens.

Les Réformes Attendues

Lorsque Tshisekedi a pris ses fonctions, il a promis un programme ambitieux de réformes visant à améliorer la gouvernance, lutter contre la corruption et stimuler le développement économique. Toutefois, la mise en œuvre de ces réformes est plus lente que prévu.
Les raisons de cette lenteur sont multiples et comprennent des défis institutionnels, des résistances au sein de l’appareil étatique et des contraintes économiques.

Les Défis Institutionnels

Les institutions de la RDC, marquées par des années de mauvaise gestion et de corruption, sont un obstacle majeur à la mise en œuvre rapide des réformes.
Tshisekedi navigue dans un système politique complexe et souvent opposé à des changements rapides.
La lenteur administrative et les conflits internes au sein de la coalition gouvernementale entravent également le processus de réforme.

La Résistance au Changement

La résistance au changement est un autre facteur clé.
De nombreux acteurs au sein de la classe politique et des entreprises publiques ont des intérêts enracinés dans le statu quo.
La lutte contre la corruption et la mauvaise gestion nécessite non seulement des réformes législatives, mais aussi un changement de culture institutionnelle, ce qui prend du temps.

Contraintes Économiques

Les contraintes économiques, exacerbées par des crises internationales telles que la pandémie de COVID-19, ont également limité la capacité de Felix Tshisekedi à mettre en œuvre des réformes coûteuses.
La nécessité de stabiliser l’économie et de répondre aux besoins urgents de la population prend souvent le pas sur les réformes structurelles de long terme.

Un Leadership Important

Le leadership de Tshisekedi est important pour la stabilité de la RDC.
En tant que président élu démocratiquement, il incarne une rupture avec les années d’instabilité politique et de dictature.

Son gouvernement devra travailler pour rétablir la confiance dans les institutions et pour créer un environnement plus propice aux investissements et au développement.

Christian Malanga, un homme très ambitieux

Les médias ont souvent présenté Christian Malanga comme un homme très ambitieux, profondément préoccupé par le développement de son pays et le bien-être de ses concitoyens.
Sa vision pour la RDC incluait des réformes significatives et un développement soutenu. Cependant, son parcours a pris une tournure tragique, car il a été soutenu et poussé vers une fin fatale par des factions qui ne souhaitaient tout simplement pas voir Félix Tshisekedi continuer à diriger le pays ou qui espéraient obtenir des contrats juteux dans l’exploitation des matières premières

Une Voie Politique Non Exploitée

Malgré ses ambitions et ses relations influentes, la stratégie choisie par Christian Malanga a été une voie sans issue.

La prise de pouvoir par un coup d’État, sans le soutien populaire, est rarement couronnée de succès. Les exemples récents au Niger, au Mali, au Burkina Faso, au Gabon et en Guinée montrent que les coups d’État réussis sont souvent soutenus par une population exaspérée par des régimes dictatoriaux.

Une Stratégie Alternative

Avec toutes ses relations et son ambition, Christian Malanga aurait pu choisir une autre voie pour réaliser ses nobles objectifs.

Après avoir créé un parti politique et être candidat à une élection législative, il aurait pu faire preuve de patience, organiser et consolider son parti à l’échelle nationale et dans la diaspora.
En initiant des activités de développement dans une région pilote, il aurait pu démontrer ses capacités de leadership et gagner progressivement le soutien de la population.
Cette approche aurait non seulement été moins risquée, mais elle aurait également permis une transition démocratique et pacifique.

Conclusion

La tentative de coup d’État menée par Christian Malanga le 19 mai 2024 est une illustration tragique de comment des ambitions légitimes peuvent être détournées par des choix stratégiques malavisés.
Dans un contexte différent, Malanga aurait pu être vu comme un héros.
Cependant, la voie qu’il a choisie, encouragée par ceux qui voulaient tout simplement se débarrasser de Félix Tshisekedi, n’a pas reçu le soutien populaire nécessaire et a finalement conduit à sa perte. Une approche plus patiente et stratégique aurait peut-être permis à Malanga de réaliser ses ambitions pour la RDC de manière durable et pacifique.

De plus, Christian a commis une faute grave en reniant les acquis de la Conférence nationale souveraine, une expression du peuple.

En brandissant les insignes et en chantant l’hymne national du Zaïre de Mobutu, il est allé à l’encontre de la volonté du peuple congolais.
Même s’il voulait rassurer ses concitoyens avec le concept de "Nouveau Zaïre", ce dernier reste incompréhensible.

Christian Malanga semblait hésiter entre le Zaïre et le Congo, comme en témoignent ces deux photos où son bureau arbore à la fois le drapeau du Zaïre et celui du Congo.
Cette confusion illustre bien le manque de clarté dans sa vision et ses intentions.

Serge Armand Zanzala, Journaliste et écrivain

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