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Griot

Asie Dominique de Marseille voudrait-il nous mettre la puce à l’oreille sur le statut d’apatride que pourraient bientôt avoir les Congolais du sud du pays ?

Photo: Le Penseur d’Oyo ?

Cher Asie,

Je voudrais tout d’abord te remercier pour le travail remarquable que tu as accompli pour Denis Sassou Nguesso et son PCT, particulièrement lors de la période difficile où ils étaient en exil dans leur propre pays, à l’époque de Pascal Lissouba.

Nous étions parmi les rares journalistes à avoir eu le courage de nous rendre régulièrement à Oyo pour donner la parole à ces frères congolais persécutés à Brazzaville par le régime de Lissouba.
Il est donc naturel que tu bénéficies aujourd’hui de cette situation.

Cependant, je voudrais te demander de nous laisser pleurer nos morts, toutes les victimes des guerres récurrentes que nous avons connues et pour lesquelles le deuil reste inachevé.

Génocide

Je parle ici des conflits qui ont eu lieu entre 1997 et 2000.
Permets-moi aussi de te dire, cher ami, qu’il est essentiel pour nous, Congolais de la partie australe du pays, de protéger nos terres et de nous souvenir des atrocités du pouvoir dont nous sommes victimes depuis des décennies.

Souviens-toi de la cruauté du pouvoir de Denis Sassou Nguesso, qui, lors d’une guerre civile, n’a pas hésité à détruire des villages entiers, à couper des arbres fruitiers et à empoisonner les sources d’eau dans le département du Pool, tout en faisant appel à des armées étrangères.

Je suis sûr que si cela s’était passé dans ta Cuvette-Ouest et que ce sont les terres de la Cuvette-Ouest qui avaient été vendues au Rwanda, tu aurais sorti tes griffes et tes crocs, et rugi comme un lion, comme tu sais si bien le faire, même sur les plateaux de télévision, croyant être sur les planches d’une salle de théâtre.

Nous nous rappelons bien de ton indignation lorsque le PCT t’a volé ta victoire à une élection législative.

Or, les terres et les vies humaines sont bien plus précieuses qu’une victoire électorale.

L’école de Sony

Nous tenons aussi à te rappeler que c’est dans une troupe de théâtre, Le Rocado, créée par un fils du Pool, Sony Labou Tansi, que tu as appris à débiter mille mots en une seconde.
Même si au lycée, nous avons eu de très bons professeurs de français, tels que Joseph Bayina (paix à son âme) et Alphonse Ndzanga Konga.

Mon cher Asie, notre langage, parfois injurieux, n’est qu’une réponse à la méchanceté, la cruauté et l’incompétence du pouvoir de Brazzaville.

Chien méchant

Pour illustrer mes propos, je te propose cet exercice : bats ton propre chien jusqu’à le coincer au mur, là où il ne pourra plus reculer.

Tu verras qu’il sera non seulement enragé, mais aussi prêt à se défendre et à te mordre, même si tu es son maître.

C’est exactement le cas des Congolais qui, se sentant non seulement coincés comme le chien que l’on bat sauvagement et qui cherche à se défendre, mais aussi qui sont trahis par les institutions de la République qui devraient les protéger et les défendre, s’expriment sur les réseaux sociaux.

Où sont les membres du Conseil constitutionnel pour sanctionner la haute trahison par le Président de la République et quelques membres de son gouvernement ?

Où sont les parlementaires pour demander une enquête sur les contrats entre le Congo et le Rwanda ?

Tu qualifies d’apatrides, les Congolais de la diaspora, qui s’expriment sur les réseaux sociaux.
Je ne comprends pas ce que tu entends par apatrides, puisque ce mot désigne une personne dépourvue de nationalité ou de citoyenneté dans tout État.

Cela peut résulter de diverses circonstances, telles que la perte de la nationalité, l’impossibilité d’acquérir une nationalité ou le refus de reconnaissance de la nationalité par un État.
Les apatrides peuvent faire face à des défis juridiques, sociaux et économiques en raison de leur statut, notamment en ce qui concerne l’accès aux services publics, aux droits civils et politiques, et à la protection internationale.

Mais les Congolais de la diaspora ne sont pas des apatrides, à moins que tu nous révèles que, dans les contrats de vente des terres congolaises, notamment celles de la partie australe du pays, Denis Sassou Nguesso veut faire des populations du sud des apatrides.

Si tel est le cas, je te remercie de m’avoir mis la puce à l’oreille.

Avec mes salutations fraternelles.

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain

Asie Dominique de Marseille, anti-Pool
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