
Décédé ce 18 mars 2022, Albert Kisukidi, figure notable de la diaspora africaine en Europe, a été mis en terre ce jeudi 24 mars à Nice.
Partisan farouche de l’identité congolaise, ce Né-kongo de la première heure a été de tous les combats panafricains. Né en République du Congo-Kinshasa, A. Kisukidi a quitté très tôt son pays après y avoir exercé le métier de journaliste. Entré dans la marine marchande, il débarque à Anvers au moment où le mouvement de Mai 68 bat son plein en Europe. Dans les années Mandela, il épouse naturellement la cause anti-apartheid et continue de se battre pour un Congo désaliéné de la tutelle impérialiste.
Professeur d’économie d’abord à Amiens puis au Lycée du Parc Impérial à Nice, défenseur de la culture africaine A. Kisukidi était un féru de Léo Ferré, Jean Ferrat, Georges Brassens et Georges Moustaki.
Mais pour lui, le maître c’était Franco Luambo Makiadi, Ya Fwala frère de Siongo Bavon dit Bavon-Marie-Marie, un ami de Boma et Nsona-Mbata.
A. Kisukidi a versé dans le répertoire de la chanson kongo une variété de couplets d’une profondeur philosophique indéniable et d’une temporalité inoxydable.
Accompagné de sa guitare, cet acteur de la rumba congolaise donnait aux fêtes de la communauté africaine une touche authentique qui allait droit aux cœurs des auditeurs.
Ce matin du 24 mars, dans son éloge funèbre à la paroisse St-Roch de Nice, sa fille, la philosophe Yala Nadia Kisukidi, a rappelé ce parcours épique de ce papa tant aimé qui l’a beaucoup immortalisée dans ses chansons. « Ko bota éléngui, ko bokolo passi » , ode dédiée à la difficulté d’élever un être humain, dont l’enfant Yala fut le thème majeur. Grâce aux conseils paternels, Yala acheva sa scolarité avec à la clef une agrégation en philosophie. Yala Kisukidi : fierté de son père et théoricienne de la « décolonisation de la philosophie africaine. »
L’oraison funèbre lue par la bergsonienne Yala n’a pas laissé indifférents sa fille, Stella (8 mois), sa maman Liliane, son compagnon François et son oncle Robert, son cousin Rémy et sa cousine du Canada, Marie-Jeanne, ainsi que la grande famille de Kinshasa (par exemple l’honorable Jean-Baptiste) qui suivait le rituel funéraire en direct.
Dans son homélie, le curé de la paroisse St-François de Sales a beaucoup rappelé la bonté et l’humanisme qui caractérisaient le défunt.
Le catafalque recouvert du drapeau bleu or rouge du pays de Lumumba et Kasa-Vubu rappelait que Kisukidi qui venait de quitter la terre des hommes était habité par deux Nations : la RDC et La France.
Le clan des Balemfo ( dont les racines puisent la sève à Kasangulu dans le Kongo Central) a fait le déplacement de Paris, de Belgique (Idem Mupingu) et du Canada pour rendre hommage à celui qui était l’oncle, le grand-oncle, l’aîné qui abreuvait de ses conseils toute la communauté noire élargie.
La communauté africaine de Nice a suivi le cortège jusqu’à la dernière demeure avec une émotion palpable depuis la levée de corps en cette matinée printanière ensoleillée.
Même si tout homme est mortel disait Socrate, ceux qui ont connu A. Kisukidi n’ont pas supporté son départ.
Repose en Paix l’artiste
La rédaction
Sur le parvis de l’Eglise
Dans le chœur
Le requiem
Idem
La mise au tombeau au cimetière de l’Est
Idem