Sassou ne devrait pas ricaner en lisant l’agenda ci-après préconisé par l’UPC (Uni pour le Congo). Il concerne une élection apaisée en 2021. Certes, grand négociateur en Afrique, l’homme d’Oyo n’a jamais organisé les élections dans son pays pour les perdre. On le voit à la manœuvre dans la crise en RDC où la situation, à la limite du chaos, est similaire à celle de son propre pays dans trois ans. Ôter la paille dans l’œil du voisin c’est bien ; enlever la poutre dans le sien c’est mieux.
Schéma de sortie de crise politique au Congo-Brazzaville : pour une sortie politique négociée
En 2014, voyant venir la crise dans laquelle allait être plongé notre patrimoine commun, le Congo, au cas où la Constitution du 20 janvier 2002 venait d’être changée par la force, sans consensus et, pour cimenter sa réputation de parti d’opposition, d’une opposition constructive mais exigeante, mon parti Uni pour le Congo et moi-même, avions en 2015, dans le document intitulé « Plaidoyer pour une démocratie apaisée au Congo » fait des propositions à toutes les institutions nationales et aux partis politiques pour éviter à notre pays et notre peuple des violences politiques à répétition. Malheureusement, la non prise en compte de ces propositions a plongé notre pays dans les situations que nous connaissons tous.
A propos de l’ampleur de la crise, il ressort que les fondements de la vie économique de notre pays à savoir : le leadership, le management stratégique, la gestion des ressources humaines, financières et matérielles, le partenariat ainsi que les procédures fiscalo-douanières, sont fragilisés.
Sur le plan social, l’attitude d’arrogance et d’entêtement affichée par nos frères qui ont la responsabilité de mener à bien les destinées de la nation est en train de conduire notre pays vers un cul de sac. La misère se lisant sur les faces des Congolais, accentuée par la précarité des salaires et les retards des pensions, est le présage d’une incertitude du lendemain.
Sur le plan politique, un vrai dialogue s’impose afin de faire ensemble un diagnostic général de la situation.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, vu le caractère actuel de certaines de nos propositions, vu l’urgence imposée d’une part par la crise multidimensionnelle dans laquelle se trouve notre pays, et d’autre part par des échéances de l’année 2021, l’UPC qui est une école de propositions, de paix, de symbiose intercommunautaire et non de violence, fait une fois de plus preuve de sa volonté d’apaisement à la travers les propositions ci-après :
1- Sur le dialogue
Mon parti et moi-même proposons la chronologie suivante :
La libération de tous les prisonniers politiques ;
La mise en place d’une Commission mixte paritaire (pouvoir, opposition et la société civile) chargée de la rédaction de l’ordre du jour et du règlement intérieur de ce dialogue que nous souhaitons large, commission composée à nombre égal des membres de la mouvance présidentielle et de l’opposition.
Ce dialogue doit être fait sous la supervision de la communauté internationale.
2 - Sur la gouvernance électorale
Afin d’éviter toues les contestations pouvant conduire à des troubles souvent nuisibles à la paix et à l’unité nationale auxquelles nous tenons tous, l’UPC et moi-même faisons les propositions ci-dessous :
1- Mettre en place une Commission Electorale Nationale véritablement Indépendantes, reflétant le paysage politique, social et culturel congolais. Elle sera une administration technique d’un Ministère des Affaires électorales à créer ;
2- Reprendre dans un bref délai le recensement, en vue d’une meilleure maitrise du corps électoral et convoquer courant avril 2019, toute la classe politique et la société civile congolaise, afin de mettre en place un chronogramme afférent à la préparation du processus électoral ;
3 – Réviser la loi électorale ;
4- Réviser le découpage électoral en vue d’une représentativité plus équilibrée et plus fidèle de l’électorat congolais ;
5- Instaurer une carte électorale biométrique, à faire faire localement et non à l’étranger ;
6- Instaurer un bulletin de vote unique, à faire faire également localement ;
7- Eriger la Direction Générale des Affaires Electorales en un ministère à part entière, séparé du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation ;
8-Renforcer le champ de compétence des Directions Départementales des Affaires Electorales pour mieux contrôler les Sous-préfets et Maires des Communautés Urbaines ;
9- Faire de sorte que les Directions Départementales des Affaires Electorales aient le statut de secrétaires généraux de département ;
10 – Créer des sites informatiques départementaux délocalisés dans chaque chef-lieu de département, sous la direction du directeur départemental des affaires électorales ;
11 – Doter chaque Sous-préfecture et Communauté urbaine de l’outil informatique ;
12- Faire l’édition des cartes d’électeurs biométriques au niveau de chaque site informatique délocalisé de chaque département ;
13-Créer un réseau internet national et départemental reliant tous les sites informatiques ;
14- Créer un réseau internet reliant tous les sites en vue de permettre à tous les acteurs politiques de le consulter ;
15- Reprendre le recensement administratif spécial et détruire les fichiers électoraux actuels qui font apparaitre un surplus de 500.000 électeurs fictifs ;
16 – Faire tenir des audiences foraines en vue de la reconstitution des actes de naissances perdus par certains Congolais pendant les guerres, ceci en relation avec le Ministère de La Justice et des Droits Humains ;
17- Revoir avant l’élection présidentielle de juillet 2021, la nomination des Préfets, Sous-préfets et Maires de communautés urbaines, et nommer de préférence des administrateurs formés à l’Ecole Nationale d’Administration et de La Magistrature (ENAM)
Fait à Brazzaville le 9 décembre 2018
Paulin Victor Koutimpa Makaya