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Pétrole, les exploitants s’attaquent aux grands fonds

Le Congo annonce des découvertes de gisement important, avec un potentiel de 90.000 barils/J : Moho-Bilondo, les grands et ultras fonds marin à près de 2000 mètres.

Le Congo sera t-il un îlot de récession économique dans la sous région, comme l’a prédit pour 2009 ou 2010 Jean Félix Mamalepot, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) ?

L’embellie des économies de la zone CEMAC, dopées par le pétrole, a entraîné un taux de croissance de 4,5% en 2004/2005, mais seulement 4% prévisionnels pour 2006. Selon les experts, les nappes pétrolifères de plus en plus rares annoncent le fléchissement de la croissance et le début des grandes difficultés pour ces économies dont la plupart sont en programme PPTE, avec son corollaire de mesures astreignants.La découverte de nouveaux champs pétroliers s’impose, aux fins de soutenir la croissance, pour le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad pays dont la manne pétrolière pourvoit au moins 70% du Produit Intérieur Brut.

Moho-Bilondo, ouvre une nouvelle ère pétrolière au Congo : La voie du grand fond. Avec une production estimée à 90.000 barils jour, sa mise en exploitation prévue au premier trimestre 2008, assure les beaux jours au pays, après le déclin amorcé en 1994.

La conquête de l’offshore profond annonce le futur essor de la production pétrolière en République du Congo, grâce au permis"Mer très profonde sud, sous 1893 et 2000 mètres d’eau." Le grand bleu promet un développement dans ce secteur par le grand et ultra-grand fond. Découvert à 80 km au large des côtes, sous les profondeurs variant de 540 à 900 mètres, Bilondo et Mobim seront exploités sur les quatre réservoirs couvrant 72 km2 au sud de la zone. TOTAL Exploitation et Production se taillant la part de lion avec 53,5% suivi par Chevron Overseas Congo Limited (31,5%) et la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC) bénéficiant des 15% restants.

La complexité des forages nécessite l’utilisation de techniques dites innovantes au regard de la compacité d’un schéma de développement qui limiteront les infrastructures sous marines tout en optimisant les performances de production des douze puits sous marins qui seront mis en exploitation.

La filiale TOTAL E&P Congo, a opté pour un système renforcé en synergie entre les installations off shore et on shore, technologie de pointe pour les grands défis. Une première dans l’exploitation des grand fond avec injection "gas-lift" (fluidification de l’huile pour optimiser, par injection de gaz en fond de puits, sa remontée à la surface). Total met la barre très haut aux fins de maîtriser des puits complexes et à longs déports. Depuis 2002, géo- scientifiques, foreurs, experts en exploitation, travaillent au développement de ce projet et à sa mise en œuvre pour éprouver les sites très dissemblables.

Géologiquement Bilondo est composé d’une succession d’unités sableuses et d’argiles intercalaires, alors que Mobim est constitué de deux réservoirs dissociés par une épaisse barrière argileuse. L’exploitation concomitante de Bilondo et Mobim relève de prouesses technologique. Sur Bilondo de longs drains proches de l’horizontale perforeront l’ensemble des lentilles alors que les deux réservoirs de Mobim seront traversés par des drains déviés à 60° et 70°. Leur dont la productivité devra être impulsée par la technique de frac pack (méthode d’optimisation de la productivité d’un puit consistant à ouvrir fracturer dans la roche réservoir autour du puits).

Le seuil de 90.000 barils/j, résultera de l’extraction de sept puits dont quatre sur Bilondo et trois sur Mobim, couplés à cinq puits injecteurs d’eau. (2 sur Bilondo et 3 sur Mobim). Toute cette ingénierie, positionnée au départ à 2300 mètres de fond sera portée par des lignes de productions jusqu’à l’unité de production flottante. Au millimètre près, les trajectoires des puits producteurs fortement déviés devront en effet atteindre des cibles situées pour certaines à plus de 3000 mètres la verticale des têtes de puits.

Optimiser la production nécessite le contrôle des venues du sable peu consolidé des réservoirs. Ceci passe par la mise en œuvre de complétions spécifiques à chaque réservoir, compte tenue du faible enfouissement des réservoirs qui obligent à limiter les déviations de puits très rapides dès les premières mètres du sous sol. Total E&P, met un accent particulier sur le contrôle de la répartition des débits d’injection par zone, qui passera par l’utilisation des technologies très sélectives :
  Sur Bilondo, des complétions non tubées (Open Hole), seront gainées de crépines de types "expandable sand screens" (outil de protection contre le sable), afin de filtrer le sable.
  Sur Mobim, l’usage de Frac-Packs sera couplé à l’équipement des puits par des casings (tubes) cimentés puis perforés.

La difficulté croissante de l’exploitation des nouveaux gisements (et en corollaire l’augmentation exponentielle des coûts de production) prouve à suffisance la raréfaction des gisements exploitables, augurant leur épuisement. Les pays producteurs de la zone CEMAC n’ont, jusqu’ici, guère employé la manne pétrolière pour la diversification de leur économie. S’ils ne remédient pas très vite à cette situation on ne peut que craindre leur effondrement économique dans un avenir très proche hypothéquant le futur de la génération montante et de celles qui suivront.

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