Alors que le gouvernement congolais, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, annonce l’implantation de structures sanitaires de référence et de développement de plateaux techniques sur l’ensemble du pays, des agents de santé irresponsables sapent les efforts des autorités.
Ce jeudi 19 Octobre aux environs de 8 heures du matin, une octogénaire chargée d’une cuvette de "chikwangue" (baguettes de manioc cuites), monte un bus à l’arrêt de la station X-oil de Songolo. Elle se rend, semble-t-il au marché central pour y vendre son manioc. Au cours du trajet, elle ressent un malaise, vraisemblablement un Accident Cérébral Vasculaire (AVC), car elle a poussé un cri avant de s’effondrer. Les passagers en informent le chauffeur qui se déroute immédiatement sur l’Hôpital Général A. Cissé de Pointe-Noire. Arrivé au triage de l’hôpital, dans la confusion due à la panique, les passagers requièrent en vain l’assistance des agents de santé présents. Face à la totale passivité de ces derniers, une dispute éclate au plus grand préjudice de la malade. Les esprits s’échauffent et une bagarre s’ensuit entre passagers et agents de santé. La blouse de l’infirmière, responsable des services des urgences, se déchire, elle préfère se réfugier dans son bureau plutôt que de porte assistance à la malade.
Jonas Siloulou, le chauffeur du bus décide de conduire la pauvre maman à l’hôpital des Armées, tout proche. On lui refuse l’accès à l’hôpital car il faudrait que quelqu’un assure la prise en charge de la malade avant la moindre consultation et les premiers soins.
Ne sachant plus à quel saint se vouer le chauffeur se rend au poste de police de Lumumba, pour faire état aux agents de la force publique. Hélas, la pauvre maman trépasse en cours de route. Il serait facile de conclure qu’au Congo la pauvreté n’est pas seulement matérielle, elle est aussi mentale.
On peut aussi signaler le cas d’un cadre diabétique de la Société Nationale d’Electricité (SNE), monsieur Douma, venu en mission à Pointe-Noire. Il se rend à l’hôpital A. Cisé pour des soins. Personne ne se souciant de lui porter assistance, il laisse veuve et orphelins à fleur de l’âge.
Si l’on peut déplorer le comportement excessif d’un militaire qui a "révolvérisé" une infirmière en pédiatrie, après la mort de son enfant, suite semble-t-il à négligence, il est difficile d’évaluer les cas sournois d’homicides par négligence de milliers de malades dans les structures de santé du Congo.
L’aventure malheureuse du procureur de la République André Charles Loemba, il y a peu de temps, qui dans l’exercice de ses fonctions a placé en garde à vue une infirmière ayant refusé d’administrer les soins d’urgence à un brûlé au troisième degré, repose le problème de l’Etat de droit et de droit à la santé pour tous. Réaction des agents de santé suite à cette interpellation : la grève ! En somme la vie des congolais ne vaut pas tripette. Nonobstant leur serment d’hypocrite, pardon d’Hippocrate, l’ordre des médecins et la hiérarchie judicaire ont choisi d’humilier ce magistrat en classant le dossier, sans sanction disciplinaire. Cerise sur le gâteau, une certaine presse annonce abusivement le limogeage du procureur de la République, pour avoir voulu faire appliquer la loi dont il est le garant.
Comment décrypter la charge psychologique des agents de santé qui ne sont pas régulièrement payés, qui manquent de l’essentiel aux urgences et qui sont soumis aux pressions des patients démunis. Le mode de fonctionnement des hôpitaux est en dichotomie avec le paramètre pauvreté qui mine plus de 70% de la population congolaise ? Force est de constater l’attitude indifférente des autorités du pays qui alimentent leur fond de commerce de la misère de leurs concitoyens.
La vie au Congo est une farce tragique, les lois n’y servent à rien, les engagements et les slogans n’y sont que déclarations d’intention de circonstances.
Sauf erreur, la loi positionne ces cas flagrants de non assistance à personne en danger relevé par le colonel de police, commissaire au PSP Lumumba, dans l’article ci-dessous.
De la loi, dans le deuxième livre du code pénal : Des personnes punissables, excusables ou responsables pour crimes ou pour délits.
Article 63 (- ord 25/6/1945- D. Appl. N° 47-735 du 17/4/1947 AGG prom. N° 1222 du 5/5/1947 J.O. AEF 1947.
« Sans préjudice d’application le cas échéant, des peines plus fortes prévues par le présent code et les lois spéciales, sera puni d’un emprisonnement d’un mois à trois ans et d’une amende de 24.000 à 1.000.000 CFA, ou de l’une de ses deux peines seulement, quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour un tiers, soit un fait qualifié crime soit un délit contre l’intégralité corporelle de la personne, s’abstient volontairement de le faire.
Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui, ni pour le tiers, il pouvait lui prêter, soit par son action personnelle, soit en provocant un secours. Sera puni des mêmes peines celui qui connaissant la preuve de l’innocence d’une personne incarcérée préventivement ou jugée pour crime ou délit, s’abstient volontairement d’en porter aussitôt le témoignage aux autorités de justice ou de la police. Toutefois, aucune peine ne sera prononcée contre celui qui apportera son témoignage tardivement mais spontanément. »
Au Congo plus qu’ailleurs il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade.
« Dans les pays sérieux, des têtes tomberaient, pas à l’hôpital A. Cisé concluent nos confrères de TéléVision Pointe-Noire. »