Ces temps-ci c’est « chaud » à Brazzaville. Encore un incendie ayant touché un bâtiment (plus qu’officiel) à Brazzaville. Il s’agit d’une « partie des locaux de la présidence » a-t-on appris hier sur Télé-Congo.
L’épreuve par le feu
Selon le témoignage de Jean-Baptiste Ondaye à Télé Congo, confirmé par l’agence de presse Xinhua :
« Un incendie s’est déclaré lundi en fin d’après-midi à Brazzaville, dans les bureaux du directeur administratif et des ressources humaines au Palais du peuple, siège de la présidence de la République du Congo. »
Ceux qui interprètent les augures parlent de purification du Congo par le feu : trop de péchés. Mais trêve de métaphysique.
Fort heureusement, les secours auraient eu raison du sinistre : « L’intervention des sapeurs-pompiers a permis de circonscrire le feu aux seuls bureaux qui voisinent bien d’autres dans le vaste ensemble qui abrite les services de la Présidence de la République » précise l’agence de presse Xinhua.
Malheureusement : « Une partie du matériel informatique et des documents administratifs ont été endommagés. »
Comme dans l’incendie du transformateur de la SNE (ce 2 octobre 201), les Brazzavillois étaient aux premières loges ce lundi 14 octobre dans l’après-midi : « Une fumée noire était visible au-dessus du bâtiment, devant lequel on pouvait apercevoir la destruction de quelques tôles. »
Dieu merci, on a pu sauver une partie essentielle du précieux patrimoine : « Le principal bâtiment du Palais du peuple situé loin du foyer de l’ incendie et plusieurs autres bureaux n’ont pas été touchés. »
Selon les observateurs, c’est la série noire à Brazzaville : « Cet incendie, dont l’origine reste inconnue, intervient deux semaines seulement après celui qui a consumé le 1er octobre dernier, les installations de la Société Nationale d’Electricité ( SNE) au centre-ville de Brazzaville. »
Dans la chaleur des discussions
L’imagination des Congolais qui, d’ordinaire, s’allume au quart de tour s’est naturellement répandue en conjectures. Dans le feu des discussions, certains avancent que lorsque Sassou veut carboniser un gêneur, il l’accuse de pyromane ou il fomente quelque coup tordu pour y parvenir. Le colonel Ntsourou en a fait l’amère expérience dans les explosions du 4 mars 2012 à la caserne de Mpila.
Bouc-émissaire
Autrement dit, un de ces quatre, un proche du régime qui serait grillé aux yeux de Sassou sera accusé de pyromanie afin d’être tranquillement limogé. C’est ce qui s’appelle une victoire à la Pyrrhus. C’est également la technique du bouc-émissaire. En effet, réputé rancunier, Sassou pourrait mettre ça sur le dos de quelque général dont la langue aurait été trop fourchue devant le juge de Paris (France) suite aux récentes interpellations parisiennes dans l’affaire dite des « Disparus du Beach ». Plus d’un officier de son armée se serait mis à table au bureau du juge après qu’il ait été cuisiné sur dénonciation d’un ancien ami de trente ans, un certain Justin Lékoundzou. La chose n’aurait pas plu (mais vraiment pas du tout ) à L’Homme de Mpila.
Pire, dans cette tour de chauffe qu’est devenu le pouvoir de Sassou, Médiapart a jeté l’huile sur le feu en déballant sur la place publique les frasques du fiston Krystel dont les onéreux achats compulsifs dans les boutiques françaises de luxe ont donné la « nausée » aux policiers Français. Tout ce pognon dépensé pour des bijoux et des chemises avait de quoi allumer l’incendie de l’indignation chez le plus radical des stoïciens.
Que se passe-t-il à la frontière cabindaise ?
Comme la propriété du feu c’est de se propager, les commentaires ne vont pas manquer sur le drame qui vient d’arriver à l’armée de Sassou suite au coup foireux qu’Eduardo Do Santos (de L’Angola) vient de faire à la frontière de notre pays avec le Cabinda. En effet, selon Congo-Liberty, 47 militaires Congolais (rien que ça) viennent d’être enlevés à Kimongo par les soldats Angolais. Ironie du sort, c’est pourtant la même armée de Luanda qui aida l’homme fort de Brazzaville quand celui-ci mit le feu aux poudres au Congo, un certain 5 juin 1997, afin de réduire en cendres le pouvoir du professeur Lissouba.
Aussi, on ne comprend pas ce coup de grisou dans les relations entre les deux amis, El Sass et Santos. On brûle de savoir ce qui se passe dans la tête de Do Santos. Ecoutez-ça :
« Ce matin, vers 5H, environ 400 hommes de l’armée angolaise, véhiculés dans des engins blindés, ont pris position à Pongui, à 5 kilomètres de Kimongo. 47 hommes de troupe, sous-officiers et officiers congolais ont été faits prisonniers et emmenés au Cabinda voisin. » rapporte Congo-liberty (15 octobre 2013)
Jugé, lui aussi très rancunier, Eduardo Do Santos (à rancunier, rancunier et demie) se serait vengé de l’affront que lui aurait fait Sassou en laissant faire l’attaque des FLEC contre un car transportant des joueurs Togolais au Cabinda lors de la CAN de 2010. Pour Do Santos, Sassou n’était pas étranger à cet incendie politique. Trois ans déjà ! Le bonhomme a la dent dure. La vengeance, est un plat qui se mange froid. C’est connu. D’où la tardive et inopinée riposte de l’ami Santos ; « Touche pas à mon intégrité territoriale » a dû ruminer le dictateur angolais.
Visiblement, ce vieux soldat de Do Santos sait que le feu se combat par le feu. Ce qui est en train d’arriver à Sassou dans la partie sud du territoire, c’est ce qui s’appelle un retour des flammes. Qui asperge le pétrole récolte l’enfer. Car, sur le même registre, on ne sait pas ce que lui réserve la frontière avec la Centrafrique, pays dont la terre brûle également alors qu’on sait qu’il a longtemps soufflé sur la braise Bozizé.