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Congo-Caraïbes - Arsenio Rodriguez, l’héritier cubain du genre musical Kongo (Congo)

Après Benny More, le père du genre musical afro-cubain, voici Arsenio Rodriguez “ciego maravilloso” (l’aveugle merveilleux), qui compte parmi les musiciens célèbres cubains d’origine Kongo (Congo).

Le succès du “Son”

Lorsqu’on parle du “SON”, ce genre musical apparut à Cuba au XIXème siècle et dans lequel on retrouve la forme antiphonale des chants africains, on pense aux principales formations qu’a connues Cuba dans les années 20 : Le Trio Matamoros, Le Sexteto Habanero, le Septeto National, Ignacio Pineiro… et plus tard Arsenio Rodriguez. À l’origine, le “Son” descend des montagnes. On l’appelle d’ailleurs souvent “Son montuno”, montagnard. L’instrument roi du “Son” est le “Tres” (prononcer “tress”), une petite guitare à trois cordes doubles de métal, aux possibilités harmoniques limitées, mais qui permet de vigoureuses improvisations rythmiques. Arsenio Rodriguez est demeuré un des meilleurs spécialistes.

L’avènement du Conjunto (ensemble)

Arsenio Rodriguez initiateur du format musical "Conjunto"

Plus tard Arsenio Rodriguez prendra la tête de la révolution musicale provoquée par l’arrivée des “Conjunto” (Ensembles). En effet, lorsque le “Son” commence à se sentir à l’étroit dans la formule du “Septeto”, Arsenio Rodriguez, originaire de Matanzas, forme en 1940 à la Havane un groupe de “Son” qu’il façonne progressivement selon son intuition : il introduit d’abord la “tumbadora”(ou conga) pour enrichir la trame rythmique, ajoute une deuxième, puis une troisième trompette, et enfin un piano. Ces innovations avaient déjà été testées, épisodiquement, par d’autres groupes. Mais la cohérence de la formation d’Arsenio impose définitivement le format qu’on appelle “Conjunto”.

Les bases traditionnelles du “Son Cubano”

Avec un style bien à lui et puisant fortement son inspiration dans ses racines africaines, ce fabuleux joueur de “Tres” et très fin musicien, se met à élaborer, une musique “nouvelle” qui rénove en profondeur les bases traditionnelles du “Son Cubano” : “Les descendants des noirs d’origine Congo jouaient une musique appelée “Tambor de Yuca” et je me suis inspiré du contre-chant que psalmodiait l’un ou l’autre chanteur sur le rythme”, expliquait Arsenio. “Ceci est la vraie base du Mambo, un terme africain tiré du dialecte Congo”.

Arsenio de grand-père esclave Congo

Arsenio Rodriguez est né en 1911 dans une famille pauvre et nombreuse, qui avait conservé la mémoire et, en partie, la langue d’un arrière-grand-père esclave Congo. Aveugle depuis l’âge de sept ans, après avoir reçu en plein visage la ruade d’un âne, ce jeune musicien apprend à jouer du “tres”, dont il devient un véritable virtuose. Le Conjunto de “l’aveugle merveilleux”, comme on le surnomme, attire vite un nombreux public dans les jardins de la brasserie “La Tropical”, un grand dancing en plein air du quartier de Marianao où l’artiste a l’habitude de se produire. La liste des musiciens qui vont passer par son ensemble est impressionnante : les pianistes Lino Frias, Ruben Gonzalez, Lili Martinez Grinan, les trompettistes : Felix Chapottin et Alfredo “Chocolate” Armenteros, le chanteur Miguelito Cuni, etc.

En 1947, le chanteur Miguelito Valdés, qui fait carrière aux Etats-Unis, fait venir Arsenio Rodriguez dans l’espoir qu’il retrouve la vue auprès d’un célèbre ophtalmologue, pionnier des greffes de cornées. Mais le diagnostique est sans appel : il ne pourra jamais retrouver la vision. Dans l’heure qui suit, Arsenio Rodriguez écrit ce qui deviendra sa chanson la plus connue, le bouleversant “La Vida es un Sueno” (La vie est un songe)…

De Cuba aux Etats-Unis

Quelques années plus tard, en 1951, “l’aveugle merveilleux”, lassé par le manque de reconnaissance, s’installe aux Etats-Unis. Il ne retournera plus jamais à Cuba. A New York comme à Los Angeles le “tresero” reste un modèle d’inspiration pour tous, et de nombreux musiciens cubains installés aux Etats-Unis suivront son exemple et ses traces.

La disparition d’Arsenio Rodriguez

Il meurt d’une pneumonie, le 31 Décembre 1971 à Los Angeles. Aujourd’hui, les compositions d’Arsenio Rodriguez sont constamment reprises, à Cuba, dans tout le monde latino et même au-delà. Sa discographie est vaste et de grande qualité.

Clément Ossinondé

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