Le Jeudi, 14 Septembre 2006, notre confrère Christophe Boisbouvier de la célébrissime RFI-Afrique, interviewe Christian Mounzéo et Brice Makosso, deux militants congolais de la coalition "Publiez ce que vous produisez sur le golfe de Guinée". L’entretien porte évidemment sur la gestion du pétrole congolais. En revanche, le même média fait passer Christian Mounzéo et Brice Makosso pour des victimes d’une justice à la solde de l’exécutif et d’un parlement qui ne joue pas son rôle, alors qu’une plainte a bel et bien été déposé par monsieur William Bouaka, secrétaire général de l’ONG "Rencontre pour la Paix et la Défense des Droits de l’Homme" (RPDH) dont Christian Mounzéo est le président pour abus de confiance, faux et usage de faux, et faux et usage de faux et complicité à l’encontre des sieurs sus cités.
Christophe Boisbouvier : Christian Mounzéo et Brice Makosso, vous avez passé trois semaines en prison, en Avril dernier, vous êtes toujours poursuivis par la justice de votre pays, à l’heure qu’il est. Franchement, n’avez-vous pas le sentiment, quelque fois, de payer pour les députés du pouvoir ou de l’opposition qui ne font pas leur véritable travail de contre pouvoir ?
Pendant que le ministère public représenté par le procureur de la République André Charles Loemba et la défense par maître Ikangala, s’accordent sur le fait qu’il s’agit d’un dossier banal, dans lequel on a mis beaucoup trop de passion et de battage médiatique :
– Le parlement français aurait demandé au président de la République, Denis Sassou Nguesso, de veiller au bon déroulement du procès dit "Affaire Mounzéo" ;
– Au nom de la liberté de presse, Benoît Koukébéné, ex-ministre des hydrocarbures en exil en France fustige le gouvernement congolais sur les ondes de RFI, pour la chaotique gestion des revenus pétroliers, appuyant sur le fameux "Nous avons protégé l’argent du Congo contre les fonds vautours, hors du territoire national, lancé par le premier ministre Isidore Mvouba".
– La récente interview de Christian Mounzéo et Brice Makosso, sur les ondes de RFI a commencé par les promesses du président Denis Sassou Nguesso, a assainir la gestion des revenus pétroliers, en passant par le difficile d’accès au compte 47 (compte des opérations financières réalisées par la SNPC pour le compte de l’Etat) de la société C° Trade, filiale de la SNPC, qui serait dirigée par Christel Sassou Nguesso, l’un des fils du président.
Jacques Chirac a usé de toute son influence près du club de Paris, du club de Londres et institutions de Brettons Wood pour rendre le Congo éligible à l’Initiative Pays Pauvre Très Endettés (I-PPTE). Aujourd’hui, en dépit de l’accession du pays au point de décision, le doute persiste pour la société civile, le cabinet d’audit KPMG, qui a déploré une démarque inconnue de 234 millions de dollars, entre le bilan de fermeture, exercice 2003 et le bilan d’ouverture exercice 2004 de la SNPC. De quoi se poser la question, quant à la capacité du président Denis Sassou Nguesso à baliser les revenus pétroliers du pays.
Au demeurant, les conditions d’accès au point d’achèvement de plus en plus contraignantes pour le gouvernement congolais en raison des échos de corruption qui résonnent dans les milieux financiers, semblent le repousser aux calendes grecques. Le communiqué final du Conseil d’Administration de la Banque Mondiale, n’a pas hésité à relever : « Pour que la décision de la réduction de la dette devienne irrévocable, le Congo doit apporter les preuves substantielles de bonne gouvernance, de transparence des finances publiques et, surtout, de bonne gestion des revenus pétroliers. A cet effet, des audits successifs et annuels seront réalisés par un cabinet de réputation internationale. »
La France, premier créancier du Congo attend avec impatience l’effacement de la dette du Congo, aux fins d’alléger le passif de sa comptabilité publique. Jacques Chirac n’entend donc pas, malgré sa relation personnelle avec Denis Sassou Nguesso, aliéner la politique extérieure de la France qui se résume d’abord aux intérêts de son pays. Au risque de nous tromper, nous comprenons, dès lors, l’attitude du parlement et des médias français qui tend à pousser le président Sassou vers une alternative de sortie ou de reprise de son autorité sur les affaires de l’Etat, et qu’illustrent au pays les déclarations tonitruantes du général Ngouélondélé sans nul doute boosté en sous marin par la « Piscine ».
L’eau semble couler en vain sous les ponts de la Nouvelle Espérance, les efforts de la "Municipalisation Accélérée" sont peu visibles face à l’évidence de la pauvreté qui frappe les populations. Peut on comprendre que 70% des congolais vivent en dessous du seuil de pauvreté (moins de deux dollars par jour), alors que le Produit Intérieur Brut par tête d’Habitant (PIBH) est l’un des plus enviables d’Afrique noire ?
Des indices qu’un piège mystérieux est tendu à l’encontre du chef de l’Etat se confirment. Sachant que la corruption, le passe-droit, l’impunité, trouvent droit de cité à tous les niveaux de la vie publique, Mpila renvoie le reflet d’un déclin, alors qu’au Cameroun (emprisonnement pour corruption et malversations de ministres et de directeurs généraux), au Tchad (éviction de compagnies pétrolières pour non acquittement de leurs impôts), en Centrafrique (balayage pour corruption de la quasi totalité des douaniers), la lutte contre le "crime d’Etat" semble réellement engagée, au Congo, l’impunité perdure.
Wole Soyinka dit : " Le tigre ne chante pas sa tigritude, mais il agit " le Congo, par la voix de son président, craint et respecté des politiques congolais et pour lequel on a usé et abusé des qualificatifs de sauveur et de libérateur, fait beaucoup de déclarations d’intentions mais réalise bien peu, à l’instar de la multitude des premières pierres posées dans l’ensemble du pays qui n’ont jamais vu de suite. Gare au séisme qui risque de secouer bientôt le panier de crabes qui gravite autour de la « Nouvelle Espérance ».