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Retour sur la 7ème cérémonie des Tam-Tam d’or à Brazzaville

8 mai 2012

Un évènement qui a failli passer aux oubliettes de l’évanescence s’est déroulé voici un peu moins de trois mois à Brazzaville. C’est la 7ème édition des Tam-Tam d’or, célébrée samedi 25 février 2012 dans la capitale congolaise. C’est sous un chapiteau luxueux copieusement climatisé que les nominés ont reçu des mains de Claudia Sassou les trophées qui les distinguaient.

L’an dernier (6ème édition), le tam-tam résonna à Owando, en présence de valeurs africaines comme Simaro Lutumba et, entre autres, l’inévitable Ro-Roga. Un Post-Scriptum de l’édition d’Owando eut lieu à Paris où Medard Milandou Nsonga récompensa les artistes de la Diaspora (parmi lesquels Aurlus Mabélé) en présence de l’Ambassadeur Henri Lopes également homme de lettres.

Le moins qu’on puisse dire est que les Tam-Tam D’or font partie des cérémonies à très gros budget. Ce coûteux phénomène socio-culturel a-t-il un impact sur la dynamique de la créativité artistique au Congo ? Ca, ça reste à démontrer.

On se souvient que ce fut un Aurlus Mabélé dans un fauteuil roulant qui vint récupérer son tam-tam d’or. Aurlus Mabélé, Youlou Mabiala sont des artistes victimes des attentats de l’indifférence contre leur pauvre personne. Que dire de toutes ces valeurs congolaises intra et extra muros, intérimaires de la galère alors que ce ne sont pas les moyens et les opportunités qui manquent pour que le Ministère de la Culture leur prépare une enveloppe conséquente.

On ne le dira jamais assez : la culture est une richesse ex æquo avec le pétrole.

Des invités et des participants de classe

Stakhanoviste du spectacle et du divertissement, Médard Milandou, le Directeur des Tam-Tam, occupe l’espace culturel avec un professionnalisme exemplaire. Ce samedi, M. Milandou a modéré la soirée sans trop imposer sa présence, mais, au contraire, en déléguant à d’autres jeunes présentateurs la mise en forme de la représentation.

Médard Milandou, l’auteur des Tam-Tam d’or

Les critères

Sur quels critères a-t-on décerné les prix qui ont distingué ceux que le jury a estimé être la crème des artistes congolais au cours de l’année écoulée, (2011) ? Médard Milandou Nsonga, patron des Tam-Tam laissera entendre que le développement d’un thème précis, l’avis du public, le temps mis par l’œuvre artistique au hit-parade sont autant de qualités requises pour mériter le tam-tam doré. Autant dire que l’examen de passage est d’une rigueur drastique. Cela n’a pas empêché, l’artiste Roga-Roga et son groupe Extra-Musica de rafler, à cette occasion, une foule de statuettes.

Il ne reste pas moins que « sorcellerie », une composition de ce célèbre guitariste/chanteur, primée comme étant la meilleure dans la catégorie des clips, n’a pas, de l’aveu de Médard Milandou, rempli les rigoureux critères. Alors pourquoi lui avoir décerné le prix ? On aurait aimé que Patrouille des Stars dans « Tonton a kaba a tala té  » fut également récompensée. Mais le jury qui a ses raisons (que la raison, probablement, ignore) ne l’a pas entendu de cette oreille, trouvant, à l’inverse, une pléthore de qualités aux œuvres du groupe rival Extra-Musica.

Public du chapiteau du Tam-Tam

Sans surprise, Extra-Musica et l’incontournable Roga Roga ont ramassé la quasi-totalité des récompenses de cette soirée retransmise en direct à Télé Congo depuis le site La Congolaise, à Mpila.

Merlin Bouton, révelation de l’année

Merlin Bouton

Malgré cette mainmise "extramusicienne", le jeune artiste, Merlin Bouton, poulain de Rémy Ayayos, ci-devant Chef de cabinet, Directeur du domaine présidentiel, Merlin Bouton, disions-nous, a réussi à tirer son épingle du jeu. Le talentueux chanteur découvert à Dolisie par Werrason a remercié dans un émouvant speech tous ceux qui l’ont aidé à mettre le pied à l’étrier, à commencer, bien sûr, par Rémy Ayayos. Le guitariste des Bantous, Mpassy Mermans, à une période qui a vu la disparition de son patron Nino Malapet, a été également primé. Ce n’est que justice pour ce musicien qui compte de nombreuses parts dans la banque congolaise de l’art.

Que les autres artistes, ces investisseurs connus ou anonymes, récompensés mais dont nous oublions les noms n’aient pas la dent dure à notre égard.

Une cérémonie dynamique

Dans la salle, un conglomérat de personnalités politiques, d’hommes et femmes de l’art et des lettres, de peoples, a rehaussé de sa présence une manifestation culturelle qui pourrait prétendre boxer dans la même catégorie que les César ou les Oscars. Entre autres cadres supérieurs de la sphère sociale, le général Norbert Dabira, Jean-Jacques Moi-Bayonne, 2ème adjoint au maire, 2ème secrétaire du Bureau exécutif de la Mairie de Pointe-Noire, Paul Sony Benga, Directeur de la chaîne de télévision DRTV, la chanteuse (catégorie « religieux ») Sœur Florence Mankou étaient également aux « abonnés présents » au cours de ce haut rituel culturel.

Un humour qui a du chien

La remise des trophées, jusqu’autour de minuit, suivait « son cours normal » quand, soudain, est annoncée une séquence humoristique dont les effets ravageurs feront dire au modérateur : « âmes sensibles, s’abstenir  ». Très froide à cause de la clim la salle sent immédiatement monter la température dès l’entrée en scène du comédien. L’humoriste avouera mériter le tam-tam d’or de l’idiotie (bien entendu par autodérision), histoire de mieux rendre intelligent son numéro. En vérité si la catégorie comique existait, cet amuseur public (un métier trop rare au Congo) l’eut mérité à juste titre.

Viens voir les comédiens

Histoire en or, Congo-Brazzaville, 2012 (disent les enfants) . Sujet du sketch : une substitution de couilles d’un malade par un chirurgien distrait. Un toubib plaça un patient sur le billard. Un chien passant par-là goba les testicules du malade encore sous anesthésie. Ecœuré, l’homme de science, vous applique son bistouri sur un chien qui passait par-là et remplace les couilles du mec par celles du clébard (un berger allemand ou alima, c’est-à-dire un "chien batéké alima" (sic). Une folle envie de faire pipi prit le convalescent à chaque coin de rue quand il rentra chez lui. Ainsi font les chiens du monde entier.

Le comédien ne finit pas sa salace blague. A chacun de nous d’imaginer l’épilogue. Voici la nôtre. Doté d’une paire de testicules (bien suspendues) données par une bête, supposons seulement que le convalescent ait voulu chercher à satisfaire son épouse à son retour à la maison. Devinez la suite.

Après cela (soit dit en passant) on s’étonne que le Congo soit émasculé.

« Je veux des testicules de Chine  » réclama le patient.

Conclusion : notre amuseur public se fera des couilles d’or s’il continue sur cette lancée burlesque.

Enfin, quand, où et sur quelle thématique gronderont les prochains Tam-Tam d’Or ?

Mpassy Mermans des Bantous