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RADIO BISO NA BISO
LETTRE BI-MENSUELLE D`INFORMATION N°1 (Février-Mars 2009]

1er mai 2009

par Privat Tiburce Massanga

EDITORIAL

Ceci est le premier numéro de la lettre de Biso na Biso (BNB). Un bulletin à travers lequel nous vous informerons sur les activités de cette radio communautaire basée à Pokola qui dispose d’une équipe permanente d’animateurs et d’un réseau de reporters communautaires (RC), disséminés à travers les concessions forestières de la Congolaise Industrielle des Bois (CIB). Rencontres, formations, reportages, interviews, portraits, initiatives, infos diverses, images… Tels sont les ingrédients de
cette publication.


Des profondeurs de la forêt équatoriale africaine, émettra bientôt, une radio appelée Biso na Biso. En attendant, les deux coordonateurs (J.F. Wabout et Privat Massanga) travaillent depuis le 1er septembre 2008 à l’enregistrement des éléments sonores auprès des communautés locales. Contes, reportages sur les activités, portraits de gens, programmes éducatifs, sensibilisation au VIH-Sida, à l’hygiène
et à la santé, promotion des musiques locales, défis environnementaux et gestion des ressources naturelles, bref autant de thématiques retenues qui vont meubler la grille des programmes de cette radio.

Biso na Biso, en lingala (langue nationale congolaise), traduisez en

français, Entre nous, pour symboliser l’unité des ces peuples au-delà des différences perceptibles. Puissant outil d’information, cette radio vient d’abord réduire la fracture numérique dans une zone très enclavée. Elle donne aussi la parole aux ayants-droits légitimes que sont ces habitants de la forêt (pygmées et bantous), longtemps tenus à l’écart de la gestion forestière. Par-delà tout, Biso na Biso se veut aussi le promoteur des langues en voie d’extinction et le chantre de la diversité culturelle.

Initiée par l’équipe des chercheurs de Tropical Forest Trust, un organisme qui défend la commercialisation responsable du bois selon les principes de Forest Stewardship Council (FSC), cette radio communautaire sera animée par des personnes sélectionnées au sein des communautés autochtones et bantoues.
N’ayant aucune notion de base dans l’animation radio, ces personnes ont suivi une formation théorique et pratique. Leur prestation, qui défie tous les pronostics aujourd’hui, est à la mesure des espoirs placés en cette radio et témoigne de leur passion pour celle-ci.

Financée initialement par la Banque Mondiale, cette radio évolue depuis juin 2008 grâce au financement de la Fondation Chirac et à l’appui logistique de la CIB, une société forestière appartenant au Groupe DLH et installée à Pokola au nord du Congo.

Alors qu’elle n’émet pas encore, cette radio attire déjà d’éminentes personnalités du monde, défenseurs des grandes causes et convaincues par sa philosophie d’être une radio au service du développement communautaire. Au nombre de ces éminences, le Prix Nobel de la Paix, Mme Wangari Maatai dont la visite des installations de cette radio remonte en novembre 2008.

Avec la Fondation Chirac, un premier partenariat d’une durée de trois ans permettra à celle-ci d’accompagner la radio BNB et de l’aider à relever un pari majeur : le changement des mentalités sans lequel aucun développement ne peut être envisagé. Car, dans la lutte contre la pauvreté, l’idée maîtresse, au niveau mondial aujourd’hui, consiste à impliquer les medias afin de mieux informer les populations et les amener à devenir, eux-mêmes, des vrais acteurs du développement. Tel est le défi de la radio communautaire Biso na Biso de Pokola. /


RADIO BISO NA BISO ENGAGE DANS LE REPERAGE DES SITES DU TOURNAGE DE L’EMMISSION « CEST PAS SORCIER» DE FRANCE 3}}} {{Deux journalistes de France 3, Bruno Bucher (Rédacteur en chef) et Luc Marescot (Réalisateur), ont bénéficié de lapport de la radio communautaire Biso na Biso, le samedi 7 mars 2009, dans le repérage de différents sites qui feront lobjet du tournage de la célébrissime émission scientifique et culturelle {«CEST PAS SORCIER »

Emission dont le tournage est prévu en juin 2009 et qui portera sur le mode de vie et les traditions des populations semi-nomades (Pygmées) des forêts du septentrion du Congo.
Les deux coordonnateurs de la radio Biso na Biso de concert avec Dr. Norbert Gami (TFT Afrique) ont orienté le regard des journalistes de France 3 vers les terres Kabounga dans le Département de la Likouala à près de 130 kilomètres de Pokola. L’équipe de France 3 a pu ainsi apprécier les changements intervenus au niveau de lhabitat autochtone dans la vie actuelle des peuples semi-nomades. Non loin de la rivière Komo, les deux journalistes ont pu assister à la reconstruction d’un moungoulou (hutte montée avec des feuilles de marantacée). La cerise sur le gâteau lors de cette tournée de repérage aura été la petite excursion en pirogue le long d’un canal marécageux, ce qui a permis aux journalistes de mesurer lenclavement dans lequel se trouvent aussi bien les semi-nomades que les bantous de cette partie du Congo.

Dans ce processus de repérage, la contribution dun agent du programme social de la CIB, Gildas Obimbola, a été très utile ainsi que celle de Thierry, ressortissant de la zone ciblée et par ailleurs reporter communautaire de la radio Biso na Biso. / ----------- {{{GERMAIN EKWAMBE ALIAS BAJAK, UN PYGMÉE ARTISTE CHANTEUR MORALISATEUR À MOBANGUI}}} Il est connu de tous que les pygmées ont un sens aigu du chant et de la mélodie. A Mobangui près de Mboua sur la terre Kabounga (Département de la Likouala) à environ 130 km de Pokola, un jeune chanteur pygmée conçoit ses textes et sort du cadre des thèmes habituels des seminomades. <img4811|right> Bajak est un jeune artiste qui gagne la sympathie de tous ceux qui visitent le village Mboua et le hameau Mobangui. Il chante en alternant des sifflements et des paroles pleines de sagesse et de philosophie. _ Ce qui frappe le plus dans sa créativité, ce sont ses textes. Il sort un peu de la démarche habituelle des pygmées pour mettre en exergue un problème de société auquel lui et ses congénères sont confrontés. A savoir la question du travail. Dans un de ses morceaux quil a chanté au micro de BNB, il interpelle ses frères et soeurs semi-nomades. Il dit en substance que << notre mode de vie a été bouleversé. Aujourdhui nous vivons à côté des bantous lesquels pratiquent lagriculture et lélevage. Nous, leurs voisins, les regardons faire. Quand on a faim, nous voila dans leurs champs pour voler. Arrêtons ces pratiques. >>En somme, Bajak exhorte ses congénères qui se sont sédentarisés à se prendre en charge en pratiquant lagriculture et lélevage en alternance avec la cueillette et la chasse. /


Les NOUVEAUX REPORTERS COMMUNAUTAIRES DE BNB

Trois nouveaux reporters communautaires ont intégré le réseau des points focaux de la
radio Biso na Biso courant le mois de février 2009

Molongo,semi-nomade très dynamique résidant à Matoto, un village de pêcheurs où cohabitent les bantous (de différentes ethnies établis là depuis des décennies) et les pygmées qui se sont presque sédentarisés dans ce grand hameau situé au bord de la rivière Sangha au sud de Pokola.
Michel, la trentaine à peine, est considéré comme un leader dopinion dans son milieu. _ Il est souvent consulté par le Preco (chef du village) pour servir de relayeur des décisions ou des consignes prises pour la communauté. _ Travailler pour BNB est une façon, pour lui, de faire entendre la voix des pygmées et de marquer leur présence parmi les vrais connaisseurs et habitants de la forêt congolaise. Parmi ses confrères, il y a à Matoto un bantou nommé Alain Ngoma, lequel lencadre dans les enregistrements et remplit les fiches de production dans lesquelles il faut consigner le thème, le format, la langue, le protagoniste, la localité et la date dun enregistrement. Les deux reporters ont été investis officiellement devant les dirigeants du village le 16 février. Depuis, ils ont déjà produit six cassettes de soixante minutes chacune, pleines denregistrements (contes, chants, traditions pygmées et bantous) en Mbendjéllé, Bonguili et
Lingala.

A quelques encablures de là à Ikelemba, un autre village de pêcheurs, le staff de BNB a participé à la présentation d’Antoine Pendo, le premier RC dans cette localité, qui assurera la liaison entre les populations du village et la radioc BNB.

Dautres reporters communautaires seront  installés dans les villages de Ndoki 1, Ndoki 2 et Ibamba sans oublier quelques campements de pygmées dans les alentours. / ---------- {{{BREVES}}} Vendredi 13 mars 2009, arrivée à Pokola des deux techniciens sud-africains. Objectif de cette mission: monter l’émetteur au Pk 21 et finaliser le travail d’installation de la radio en vue du démarrage des émissions. Matt et Ibrahim passent dix jours dans cette cité forestière aux côtés de Wabout et Privat pour « donner une âme » à BNB. Autres arrivées attendues, celle des techniciens du Conseil Supérieur de la Liberté et de la Communication, organe de régulation des medias congolais. La visite de ses techniciens décidera de l’attribution d’une fréquence d’émission à BNB. Enfin, le séjour de Dr.Jérôme Lewis, anthropologue anglais, un des pionniers du projet BNB, lui permet d’évaluer les progrès accomplis. ----- Mars est un mois très décisif pour la radio BNB. Cest courant ce mois que le signal sera émis pour la première fois, suite aux efforts fournis par les différents partenaires du projet. On constate la finition du pylône, ouvrage de 70 mètres de haut, et linstallation des panneaux solaires et bien entendu celle de lémetteur à 21 km de Pokola. Les postes récepteurs à distribuer aux semi-nomades sont stockés dans le magasin. On peut donc affirmer que courant le mois de mars les populations cibles vont pouvoir capter pour la première fois le signal de BNB, durant la phase dessai d’abord, avant linauguration officielle.

Coordination BNB

 Programmes et RP :
Francis Wabout
Tel : ++ 242 591 14 38
 Production :
Privat Tiburce Massanga
Tel : +242 520 69 24

S/C de la CIB
BP 41 Pokola/Sangha
République du Congo
[email protected]

Privat Tiburce Massanga

P.S.

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