Un bruit a circulé ce mardi 10 mars 2025 que ses ami.e.s et connaissances étaient sans nouvelles de la militante anti-Sassou, Grâce Loemba, dite Ngolu d’Afrique. L’info se répand comme une traînée de poudre. Branlebas de combat dans le milieu combattant de la diaspora.
kidnapping
D’entrée de jeu les réseaux sociaux se sont activés :
« Mobilisation générale ! Compatriote kidnappée à Barbès à la barbe des badauds. Ces scélérats vont le payer cher. »
La complicité Sassou/Macron est d’emblée posée comme plus vicieuse que jamais.
On apprend que des cris de détresse ont été entendus au téléphone par l’amie avec laquelle la victime avait rendez-vous. Chacun a pensé au kidnapping. Pas très rassurant tout ça.
Au bout du compte l’info va « « s’avérer » » plus ou moins fausse. C’était « beaucoup de bruit pour rien ». En fait notre Kimpa-Vita avait été prise dans les nasses de la police du commissariat de Clignancourt pour avoir pris parti dans une arrestation d’un Africain. Un brin mélenchoniste, Grâce sait que « la police tue ». D’où l’ingérence.
« De quoi on se mêle ? » ont jugé les condés. La Combattante s’est retrouvée au violon, victime de son grand cœur. Difficile de faire un trafic d’influence dans une interpellation quand on n’a aucun statut et quand on est lanceuse d’alerte, de surcroit négresse. Tant pis si on tombe sous la critique de « non-assistance à un frère en danger ».
Après sa libération, au micro de Christian Perrin, Grâce Loemba n’a pas voulu s’étendre sur l’incident.
Délit de fuite d’Antoinette Sassou
L’alerte de l’enlèvement manu militari et ex abrupto a tout de suite été perçue comme la riposte musclée du pouvoir de Brazzaville après le récent délit de fuite (cf. article) d’Antoinette Sassou née Tchibota , épouse du tyran congolais accusée du crime de « Biens mal acquis ». La lanceuse d’alerte (Grâce Loemba) avait copieusement fustigé la fugitive dans une vidéo d’une violence inouïe. Ce qui, bien entendu, n’a pas été du gout du régime de Mpila. L’hypothèse de la vengeance gouvernementale brazzavilloise n’est pas alors fallacieuse. En témoigne : la convocation sans façon de l’ambassadrice de France au Congo par le régime de Brazzaville au motif d’avoir « humilié » madame Sassou en mettant la brigade des finances p françaises à ses trousses. Face aux autorités de Mpila, la diplomate a dû se dire : « Ils ne sont même pas drôles ces nègres Congolais... »
Main noire de Mpila
Le missile OQTF auquel André Bitoumba alias Faye Monama a échappé de justesse (ainsi que l’activiste Ivoirien Gagbo Koné), la blessure au couteau dans un train de l’Essonnes du journaliste de l’opposition Gys Fortuné Mbemba, le décès par empoisonnement de l’opposant Guy Brice Parfait Kolélas, les coups de feu essuyés par le général Ferdinand Mbaou, la prochaine visite de Sassou à Paris précédée de barbouzes, toute cette typologie a eu raison de la sérénité des Combattants de la diaspora (à commencer par l’invariable Donald) comme l’a montré le tocsin sonné illico presto sur les réseaux sociaux.
La paranoïa est un guet-apens fait à la raison critique. Les patriotes ont manqué de vigilance intellectuelle. Ce manque de recul a donné du grain à moudre aux avocats du Chemin d’avenir qui ont cinglé : « Trêves de mythomanie. Vous pensez que Sassou n’a que ça à faire : traquer les opposants du bord de la Seine. De toute façon, continuez de brailler, Sassou est là ad vitam aeternam, etc. etc. »
Par leurs antiphrases, les partisans du « Allons seulement » veulent que les Combattants baissent la garde en insinuant que le despote de Mpila ne saurait être soupçonné du pire. Par conséquent les représailles supposées sont le fruit de l’imagination des combattants en mal d’adrénaline.
Il ne reste pas moins que « l’humiliation » d’Antoinette Sassou n’a pas été digérée à Brazzaville. Ce n’est pas l’envie qui manque à Sassou de laver cet affront par la technique éprouvée du meurtre. Alors la paranoïa de la diaspora est justifiée.
Syndrome de Mbaou
La théorie que la diaspora congolaise est la bête noire du régime impopulaire du Congo de Sassou est historiquement fondée en barbouzeries. Le « syndrome Ferdinand Mbaou » repose à juste titre sur le postulat que toute opposition ex situ à une dictature expose à tous les dangers, y compris mortels. L’exemple le plus criard est celui de Guy Brice Parfait Kolélas, tué par empoisonnement.
Pour étayer l’axiome de la dangerosité du métier d’opposant, le 27 octobre 2024, nous écrivions ibidem :
Prenons garde !
Les supporters amnésiques attendent que la dictature fauche à distance Indignés, Combattants, Influenceurs et autres francs-tireurs pour avoir la certitude que Sassou n’a de la joie que lorsqu’il tue ses opposants.
La fausse alerte des barbouzes de Barbès doit être une raison supplémentaire d’être en alerte. Surveillons nos arrières plus que jamais ! L’hystérie collective des Combattants n’est pas exagérée. Ce n’est pas (aurait dit Shakespeare) « beaucoup de bruit pour rien. »
Lambert Ekiragandzon