Mois de Juin : Le Grand Cirque des Examens d’État en République du Congo

Mois de juin, mois des examens d’État en République du Congo, dans un froid de saison sèche encore timide, les élèves de toutes les classes, de la maternelle au lycée, se préparent fiévreusement. Certains affrontent des examens de passage en classes supérieures, tandis que d’autres, dans un élan de nervosité et d’espoir, s’attaquent aux examens d’État pour obtenir ces précieux diplômes qui couronneront leurs fins de cycles scolaires.

Et pourtant, malgré cette ambiance studieuse et fébrile, une question fondamentale persiste : à quoi bon tous ces diplômes ?

Ces morceaux de papier, tant convoités, ne sont-ils destinés qu’à être rangés dans des valises ou à orner les salons comme de vains trophées ?

Nous voici donc au cœur d’une réflexion satirique, interpellant directement les ministres responsables de notre système éducatif.

Acte 1 : Les Examens d’État - Une Pantomime Bureaucratique

Là, dans l’arène des examens d’État, nous voyons nos jeunes acrobates sautant à travers des cerceaux enflammés de mémorisation et de régurgitation de faits obsolètes.
Ces examens, censés être la preuve ultime de leur compétence et de leur préparation pour le marché du travail, sont devenus une véritable farce.

Mme la ministre Edith Delphine Emmanuelle née Adouki, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation technologique, pourriez-vous nous expliquer l’importance de ces examens dans un monde où la recherche et l’innovation sont rois, et où les connaissances acquises pendant ces épreuves sont aussi utiles qu’un monocycle pour un poisson ? Ah, mais nous savons bien que l’objectif est de remplir les armoires des familles congolaises de ces précieux certificats, souvenirs d’un temps où l’on croyait encore à leur valeur.

Acte 2 : Les Diplômes - Des Parchemins de Prestige... et de Désillusion

Monsieur Jean Luc Mouthou, ministre de l’Enseignement préscolaire primaire, secondaire et de l’alphabétisation, dans votre ministère, les enfants grandissent en croyant que le diplôme est le sésame vers un avenir prospère.
Mais quelle ironie, quel tour de magie cruel, de constater que ces diplômes ne sont bons qu’à orner les salons ou, pire encore, à être mis sous clé dans une valise, cachés comme des trésors honteux.
À quoi bon étudier des années durant, mémoriser des montagnes de connaissances théoriques, pour finalement découvrir que le marché de l’emploi est une forteresse imprenable, fermée à double tour pour nos jeunes diplômés ?
Les entreprises demandent de l’expérience, des compétences pratiques, et non des parchemins glorieux mais inutiles.

Acte 3 : L’Enseignement Technique et Professionnel - Le Grand Absent

Monsieur Ghislain Thierry Maguess Ebome, Ministre de l’enseignement technique et professionnel, l’enseignement technique et professionnel devrait être le cœur battant de notre économie, le lieu où les jeunes apprennent des compétences directement applicables sur le marché du travail.
Mais hélas, cette branche de l’enseignement est aussi négligée qu’un clown triste dans un coin sombre de la piste.
Les centres de formation sont sous-équipés, les programmes sont obsolètes et les partenariats avec les entreprises sont aussi rares qu’un lion en liberté dans les rues de Brazzaville.
Où est le soutien, où sont les investissements nécessaires pour transformer ces centres en moteurs de l’économie nationale ?

Final Acte : Le Déni Ministériel - Un Numéro de Grande Illusion

Mais ne soyons pas trop sévères, car vous, nos chers ministres, êtes de véritables maîtres illusionnistes.
Vous parvenez à faire croire à toute une nation que le système éducatif fonctionne, que les diplômes ont encore une valeur et que le futur est radieux pour nos diplômés.
Madame et Messieurs les ministres, nous vous saluons pour votre capacité à maintenir cette grande illusion.
Peut-être qu’un jour, vous réussirez même à nous convaincre que les diplômes ne sont pas seulement bons à être rangés dans des valises poussiéreuses ou exposés comme des trophées vides.

En attendant ce jour, nous continuerons à assister à ce grand cirque avec un sourire amer, en espérant secrètement qu’un jour, le rideau tombera sur cette farce et que la réforme éducative deviendra une réalité, donnant enfin un sens aux examens d’État et aux diplômes en République du Congo.

Peut-être qu’un jour, nos jeunes talents n’auront plus à jongler avec des illusions académiques, mais pourront réellement utiliser leurs diplômes pour bâtir un avenir meilleur.
En attendant, Madame et Messieurs les ministres, merci pour votre spectacle de fin d’année scolaire.
Applaudissements du public, tombent les rideaux.

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain