La double élimination des Diables Rouges à la C.A.N 2010 en Angola et au mondial de la même année en Afrique du Sud ajoutée à la grosse désillusion des juniors congolais, champions d’Afrique en titre qui ne pourront malheureusement pas défendre leur couronne chèrement acquise en 2007 viennent de plonger le football congolais dans la consternation.
Pendant deux ans, les Congolais vont se contenter de regarder les autres à la télévision.
A qui la faute ?
Pourquoi le football congolais est-il abonné aux résultats minables ?
Que faire pour extirper le mal du football congolais ?
La victoire des juniors congolais à la C.A.N face au Nigeria il y a un an laissait pourtant présager l’éveil du football congolais. Erreur monumentale, ce résultat en trompe-l’œil n’était que l’arbre qui cachait la forêt. Loin d’être une victoire usurpée ce succès n’a duré que le temps d’une rose. Les errements du football congolais ont refait surface avec les méthodes de gestion empiriques de la FECOFOOT. Le football congolais a du mal à s’adapter à la donne actuelle qui impose la scientification des méthodes de travail. Aujourd’hui plus que jamais, la modernisation de notre sport devient impérative si nous voulons atteindre les cimes comme les autres qui l’ont compris avant nous.
Le Football congolais souffre d’abord du manque d’infrastructures adéquates. A peine 3 stades réunissent les conditions requises par la FIFA pour accueillir des compétitions internationales. Ce sont Alphonse Massamba Débat à Brazzaville et ses 30.000 places, le stade municipal de Pointe-Noire avec 18.000 places assises et sa pelouse synthétique et le stade Denis Sassou Nguesso de Dolisie qui peut contenir 20.000 spectateurs. Certes, d’autres arènes sont en construction comme le Stade Marien Ngoaubi à Owando ou le Stade de Nkayi. Pour une population de 3 millions d’habitants, cela parait bien maigre malgré tout. Surtout pour une Fédération Congolaise de Football affiliée à la FIFA en1966 et deux ans plus tard à la C.A.F.
Les clubs nés pour la plupart avant la période des indépendances en 1960 sont 50 ans après sans siège social, sans stade d’entrainement propre en dehors de terrains vagues cédés gracieusement par la municipalité généreuse. Ce sont souvent des aires de jeu bosselées au relief accidenté qui ne favorisent pas la bonne pratique du football et encore moins l’éclosion des jeunes talents. Ces clubs qui ne jouissent d’aucune existence légale fonctionnent sans budget, n’ont aucune politique de marketing et de communication, ni aucune stratégie de sponsoring bref aucune structure n’est en place pour la vie effective du club. Bien au contraire, c’est le Président du club et son équipe dirigeante qui retroussent leurs poches quand il faut faire face aux dépenses d’avant ou après match. Le staff technique quant à lui perçoit des émoluments au gré du président quand sa tirelire n’est pas vide. Pourtant certains matchs dits "derby" font rentrer des sous à la trésorerie du stade seulement cet argent finit toujours dans les poches des gestionnaires des enceintes sportives quand les quelques miettes restantes ne sont pas versées aux clubs par le biais de leur président.
Au Congo, aucun club n’a une politique de recrutement et de détection des jeunes talents et encore moins d’un encadreur assermenté pour cette tâche, sillonnant toute la République cherchant à dénicher la perle de demain. Les Centres de Formation sont quasiment inexistants dans les clubs. Seuls les centres nationaux gérés par les pouvoirs publics sont visibles dans quelques départements. Dans ces conditions pourquoi s’étonner des piètres résultats de notre onze national en compétitions officielles et de la débâcle de nos clubs en coupes inter-africaines.
Aujourd’hui, le football a cessé d’être une épicerie de quartier gérée avec des méthodes archaïques. C’est plutôt une véritable entreprise qui fonctionne à la manière d’une Société Anonyme à Objet Sportif(S.A.O.S) avec ses exigences que sont : le siège social, le budget du club, un personnel administratif et technique au service du club et des activités génératrices de revenus comme la boutique du club où l’on vend les gadgets, les cotisations des sympathisants, les abonnements des supporters...
La professionnalisation du sport congolais exige la rupture avec les méthodes approximatives de gestion des équipes nationales. Les formations cadettes, juniors, espoirs ou olympiques, seniors doivent avoir un programme précis dicté par les objectifs à atteindre. Un calendrier des matchs de préparation adapté aux matchs officiels doit être confectionné. Des budgets pour chaque campagne dégagés en amont, le personnel dirigeant rémunéré normalement, les athlètes motivés par un traitement digne ...sont les quelques recettes qui peuvent réveiller le football congolais de sa léthargie.
En attendant, tout le monde se demande toujours si le Congo peut encore retrouver son lustre d’antan. Un passé révolu à jamais qui fit des Congolais les Brésiliens de l’A.E.F.Un football congolais qui connut ses premières heures de gloire lors de la finale du tournoi de football des 1ers Jeux Africains en juillet 1965 quand le onze national terrassait le Mali au Stade Omnisports de Brazzaville. Puis vint la fabuleuse équipe qui disputa la 6e Edition de la Coupe d’Afrique des Nations en Ethiopie dans le groupe basé à Asmara avec les Ndzabana Jadot, Bikouri, Foundoux Moulélé, Foutika Jeannot...L’épopée victorieuse de Yaoundé 1972 avec les Mbono Sorcier, François Mpélé, Bahamboula Mbemba Tostao, Minga Pépé, Matsima... a été la consécration de ce football congolais avec ses talentueux joueurs et ses émérites encadreurs comme le Président Mackoudia ou l’entraineur Bibanzoulou Amoyen...
La 9e Edition de la C.A.N en Egypte vit le Congo être éliminé en demi-finale par la Zambie.4 ans plus tard, les fameux Diables Rouges refont surface en 1978 au Ghana au cours d’une campagne peu souriante avec un seul point récolté lors des 3 matchs disputés. C’était pourtant une équipe qui avait fière allure avec Ndomba Géomètre au sommet de son art, Ebomoua le buteur, Nganga Mwivi, Mbama Nkounkou...
La longue nuit qui va durer 14 ans va prendre fin avec la campagne du Sénégal en 1992. Sortis en quarts de finale par les expérimentés ghanéens emmenés par le génial Abédi Pélé, les Diables Rouges firent mieux que se défendre. Autour du capitaine Mouyabi Shaleur, Ndomba Géomètre, Mounkassa Lasivo , Tchibota Mavis, Ngapy, Ntsoumou Incertain...les Congolais ont bien mouillé le maillot national.
Pour la toute dernière campagne au Nigeria en 2000,le Congo récolta des résultats très décevants avec un seul match nul obtenu contre l’ogre nigérian dans son jardin le Stade International de Lagos devant 100.000 spectateurs médusés par la performance du petit poucet le Congo. La bande de l’entraineur David Memy avec les prodiges que Ewolo, Younga, Nguié-Mien, Samba Brice, Nkeoua Sylvestre, Diamesso...n’a pas hélas cru en ses réelles potentialités.
Avec des résultats très migés, les approximations répétées, l’impréparation coutumière, les improvisations récurrentes dans la gestion du football congolais le bout du tunnel semble être perçu comme un mirage. Seul un "Big Bang" salutaire changera le destin de notre football qui pourtant ne manque pas de valeurs.