La pression monte à quelque jours de la date butoir des consultations législatives et locales, point de discorde : la Commission Nationale Electorale Indépendante.
Sassou serait-il pris dans son propre piège, en récusant les élections transparentes qu’il exigeait de Pascal Lisssouba, alors qu’il était dans l’opposition ?
Si ce n’est pas ridicule on peut lui retourner sa maxime « Le ridicule ne tue pas ».
L’occurrence était indiquée au cours du meeting, pour les militants du Rassemblement Démocratique pour le Progrès Social (RDPS) de Jean-Pierre Tystère Tchicaya, actuel Président de l’Assemblée Nationale qui est dans les starting bloc de la présidentielle de 2009, de monter au créneau. Le leader politique absent, c’est devant une brochette des cadres du parti et la présence très remarquée de madame Thystère Tchicaya, et les autres partis politiques de l’opposition (UPADS, CERNON, UDC,…) qu’environ 1500 adhérents et sympathisants ont été tenus en haleine.
Maître de cérémonie, le député-conseiller municipal, Yoba Gislain a sonné la charge.
« …En cette période de démocratie, seul le peuple remet le pouvoir à qui il veut. Alors il faut que je vous dise en cette étape pré électorale, que l’un des moments le plus important de la démocratie c’est le vote. Si je vous le dis c’est parce que là bas on
commence déjà à forniquer, à mettre le flou artistique, aujourd’hui le RDPS et les autres partis de l’opposition sont réunis ici pour éclairer vos lanternes sur ces manœuvres peu recommandables. Il est regrettable qu’au moment où le peuple doit aller aux urnes pour se choisir ses dirigeants, ceux qui sont au pouvoir viennent troubler l’horizon.
– Est-ce que nous avons encore besoin de la guerre pour que le peuple se rentre dedans ?
– Non ! »
Trois allocutions ont constitué le menu du meeting d’abord le message de la jeunesse par monsieur Hemiland Bongo qui puise dans la Conférence Nationale Souveraine : « afin de permettre au peuple de choisir librement ses représentants, par des élections libres et transparences, pour garantir la crédibilité des résultats, la Commission Electorale Indépendante est une exigence incontournable. »
Dans la même direction, il a évoqué la recommandation du Symposium de Bamako (Mali) de novembre 2003. « L’organisation des élections depuis la phase préparatoire et la campagne électorale jusqu’au dépouillement des urnes et à la proclamation, y inclus le cas échéant le contentieux, doit s’effectuer dans la transparence totale et relève d’un organe indépendant dont l‘indépendance est reconnue par tous. » Pour finir monsieur Hemiland Bongo a remis en scellé le mémorandum de l’opposition de 1997 qui exigeait du Président Pascal Lissouba, la Commission Electorale Indépendante, et il conclut que tous ces textes ont été signé de Denis Sassou Nguesso. Selon le représentant de la jeunesse du RDPS, en l’état nous ne pouvons pas accepter cette copie conforme de l’organisation des élections de 2002.
Pour sa part monsieur David Pemba, coordonnateur du Cercle de Réflexion et de Management a souligné qu’à l’approche de chaque élection majeure Jean Pierre Thystère Tchicaya est sur les braises des gouvernements de Sassou.
– En 1984 c’est l’affaire des bombes, un procès monté de toutes pièces ;
– En 2002, l’affaire Oxy a écarté le leader du RDPS de la course à la magistrature suprême.
Le temps serait donc venu pour ce poids lourd de la politique congolaise, de prendre les rênes du pouvoir. L’enthousiasme des militants accompagne l’annonce solennelle faite par Jean-Pierre Thystère Tchicaya de briguer la magistrature suprême lors d’un meeting tenu à l’Institut Thomas Sankara de Pointe-Noire.
En fin, une motion de recours institutionnel au Président de la République, contre la violation de la constitution par le gouvernement, en appelle à l’arbitrage de Denis Sassou Nguesso.
Monsieur Motou Jean Louis, tout en évoquant que le Président de la République ne peut réclamer aucun acte partisan, il demeure néanmoins le chef élu démocratiquement et les ministres ses collaborateurs. En somme, il a la latitude de redresser la barre avant que le bateau ne chavire. Cette instance du RDPS réclame donc le report des élections législatives annoncées pour le 24 juin par le gouvernement.
Rien ne sera plus comme avant, et, cela l’opposition le fait savoir à Denis Sassou Nguesso et ses ministres, qui se font des ailes dans l’organisation des élections au mépris des dispositions constitutionnelles et du cadre consultatif [Article 94 [1] et Article 111 [2]…Le gouvernement aurait pu, pour la forme et le respect de la constitution, soumettre le découpage électoral à une Assemblée Nationale et à un Sénat acquis à sa dévotion] [3].
En effet, depuis la déclaration du ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, François Ibovi sur la tenue des élections législatives le 24 juin 2007, la Carte Nationale d’Identité, le découpage électoral, le recensement de la population, et les listes électorales n’existent que dans l’esprit de ses ministres.
Est-il possible d’aller aux élections dans ces conditions ?
Que visent les ministres de Denis Sassou Nguesso ?
C’est le flou total et l‘opposition est déstabilisée face à la sérénité du gouvernement [4].
Selon le ministre Ibovi : « Le problème de la Carte d’Identité sera réglé rapidement. ». Au regard de l’immensité des exigences de transparence, le temps nous semble court. Il n’est pas exclu que l’on s’achemine vers un report qui débouchera sur une transition conformément à l’article 92 [5]
de la constitution.
C’est aussi çà la politique, créer les conditions inacceptables de déroulement normal des élections pour pérenniser l’état actuel en prenant le contrôle de la machine électorale.
Il y a dix ans, dans les mêmes conditions le Président Pascal Lissouba avait eu le courage et l’honnêteté de demander à l’opposition de l’époque, actuellement aux affaires le report des élections, pour causes de carences à son organisation. Le niet pendant à la menace « tout peut arriver » n’a pas épargné aux congolais les troubles socio politiques qui ont plongé le pays dans le chaos.
Aujourd’hui les signes d’un bras de fer entre le gouvernement et l’opposition sont perceptibles à moins d’un trimestre du jour J de l’échéance électorale. Manœuvre politique ou hérésie du pouvoir ?