Kouilou : la torchère brûle entre Zetah et les populations

Le pétrole est source de richesse, mais pas pour ceux qui vivent au dessus. Sans scrupule les magnats de l’or noir promettent monts et merveilles aux populations délocalisées et environnantes essorer en toute quiétude leur terre de précieuse huile qu’elle contient. Une fois les plates formes implantées, les populations n’ont que leurs yeux pour pleurer. A Boundi dans le département du Kouilou, les habitants des villages Tchicanou, Mboukou et Tchibanda n’ont pas échappé à cette rude réalité.

Il est de notoriété que le pétrole n’a pas vocation de servir les peuples qui entendent en être les légitimes propriétaires. Au Nigeria, c’est par milliers qu’on compte des morts carbonisées pour avoir voulu récupérer un peu du précieux produit dans les pipelines. La misère contraint parfois à des tentatives désespérées. En Angola, au Tchad, au Gabon et au Congo, pays reconnus comme producteurs de pétrole, la pauvreté est le lot quotidien de 70 % de la population. La paupérisation croissante des classes populaires contraste avec l’énorme masse des revenus pétroliers dont ces pays sont générateurs.

On se souvient que le Collectif des Originaires du Kouilou (COK) a eu l’audace de demander au chef de l’Etat congolais Denis Sassou Nguesso, 1 % des revenus pétroliers pour le département du Kouilou et 1% supplémentaire à se partager entre tous les autres départements du pays afin d’y booster la municipalisation accélérée. Ce collectif, très attentifs sur la gestion du pétrole au Kouilou en particulier et au Congo et en général, a fait passer un communiqué de presse que nous vous proposons intégralement.

« Depuis 1999, la société Zetah, filiale de la société Maurel et Prom, exploite d’importants gisements de pétrole On shore dans la zone de Bondi, Tchicanou, Mboukou, et Tchibanda.

La société Zetha y a construit neuf plates-formes. Or, depuis cinq ans, les activités pétrolières de Zetha causent d’énormes préjudices aux populations riveraines et environnantes, en raisons d’importants dégâts à la flore, à la faune, à la nappe phréatique, ainsi qu’à la santé même des populations riveraines.

En effet, les torchères, par leur forte luminosité, le dégagement de chaleurs intenses et l’émission de gaz à effet de serre sur des rayons très importants, ont chassé les animaux, détruit la végétation, et portent atteinte à la santé des populations riveraines. Les habitants souffrent actuellement de maladies pulmonaires, et maladies de peau et de toutes sortes d’intoxications.

De même, Zetha a pollué les cours d’eau par les émissions des torchères, les déblais de forage, ainsi que l’évacuation des eaux usées dans les rivières, à telle enseigne que les populations manquent cruellement d’eau potable.

Enfin, Zetha a détruit les nappes phréatiques par l’enfouissement sur site des boues d’épuration et de déblais de forage hautement toxique qui s’infiltrent dans le sous sol. Les eaux usées des campements sont déversées directement dans les cours d’eau, rendant ainsi les eaux impropres à la consommation humaine.

Zetha a détruit également la fertilité des sols par la combustion d’hydrocarbures sur les plates-formes, par les cendres et résidus des torchères, et la pollution par le rejet dans l’atmosphère de gaz toxiques tels le dioxyde de souffre et l’oxyde d’azote. Ces gaz toxiques reviennent sur terre sous la forme de pluies acides qui polluent les sources d’eaux, détruisent les sols et nuisent à la santé humaine.

C’est ainsi qu’au cours des dernières années, toute la zone a connu une baisse de productivité agricole, au point que cette année les populations qui vivent d’agriculture n’ont rien pu récolter et son acculées à la famine.

Ainsi les activités d Zetha ont causé aux populations des préjudices considérables sous la forme de dommages à la santé, de dommages à ‘économie rurale et de dommages à l’écosystème tout entier.

Or, l’article 36 de la Constitution stipule : « Toute pollution ou destruction résultant d’une activité économique, donne lieu à compensation »....

Au Congo, le principe pollueur payeur, demeure théorique tant bien même il y a une cellule anti-pollution dirigée par monsieur Tchibota Goma Valentin, outillé de la chose pétrolière, cependant il ne dispose pas d’un cadre juridique efficace pour la répression des délinquants en la matière. Et, les toutes puissantes compagnies pétrolières seraient en accointance avec la hiérarchie au grand dam de la population, abandonnée à son sort.
Boundi est sans nul doute la sonnette d’alarme d’une situation qui perdure peut être par les grâces du gouvernement qui prime la fiscalité pétrolière et le partage de production soit 33 % dans chaque baril.

Les dispositions constitutionnelles encore un écran de fumée ?

Alors les populations prennent en charge leur protection à l’instar du Collectif des Originaires du Kouilou (COK), qui demande réparation :

« ....En conséquence, le collectif des Originaires du Kouilou et les populations riveraines, font sommation à la société Zetha, d’avoir à procéder de toute urgence, à la réparation intégrale des dommages causés aux populations et à l’environnement, et ce par la prise des mesures d’urgence suivantes :
 Récupération des gaz actuellement brûlés à la torche, par la construction d’une mini centrale à gaz, qui donnera de l’électricité aux habitants ;
 Dépollution et ré oxygénation des cours d’eau :
 Développement de la pisciculture en vue du repeuplement des rivières ;
 Retraitement des déblais de forages et de boues d’épuration afin d’éviter toute pollution des rivières et des nappes phréatiques ;
 Construction d’égouts d’évacuation des eaux usées et des eaux de pluies afin de mettre un terme aux érosions et à la pollution des cours d’eau ;
 Re fertilisation des terres agricoles aux moyens d’apport en humus et engrais ;
 Création d’un centre de soins intégrés doté de médicaments gratuits et de personnel médical, avec des visites périodiques de spécialistes en maladies broncho-pulmonaires et cutanées ;
 Construction d’écoles avec dotation en personnel enseignant et fournitures scolaires gratuites ;
 Implantation de forages pour l’approvisionnement en eau de chaque village ;
 Construction de la route Pointe-Noire-Tchikanou ;
 Indemnisation des populations en réparation des dommages causés à la santé, à l’environnement, ainsi qu’aux activités économiques agricoles, de chasse, de pêche et cueillette ;
 Indemnisation des propriétaires fonciers spoliés par l’implantation des plates-formes et des pipe-lines. »

Il y a donc urgence que le gouvernement renonce à sa politique laxiste et démissionnaire à l’égard de ceux qui le chouchoutent somptuairement et qu’il reprenne en main les problèmes induits par la pollution. A défaut il risque une radicalisation des populations telles qu’on a pu le voir au Nigeria ou au Venezuela.

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