A déplorer l’absence des représentants des poids lourds du secteur privé : clinique Guenin, CMS (Centre Médico Social) de TOTAL, Clinique Net Care... qui n’ont trouvé aucun intérêt à participer à ce forum dans une aire sanitaire dont ils font pourtant partie intégrante. Leur participation du fait de leur aptitude au respect du serment d’Hippocrate aurait pu contribuer efficacement à l’amélioration du comportement des acteurs du secteur.
La banalité de l’Ordre du jour de la réunion ne laissait guère augurer de la douche froide qui allait détremper les délégués présents. Le Directeur Général de la Santé et le conseiller du Ministre ont été bien loin des discours laudatifs de rigueur lors de telles manifestations.
Le ver est dans le fruit. Le constat de Michel Kambaboukou est sans appel : « Il faut que désormais, chaque mort d’un nouveau né fasse l’objet d’une investigation poussée, pour réellement en saisir les causes et entrevoir des solutions. Les docteurs Bakala et Ngama, ont suffisamment parlé des outils de fonctionnement. Mais, je voudrais repartir en amont pour dire que, pour moi, pour trouver l’origine du mal il faut remonter jusqu’à la qualité de la consultation prénatale (CPN).
Quand on compte deux cent douze décès [de nouveaux nés] à Pointe-Noire, rien que pour une année c’est énorme.
Il faut donc se remettre en question et dire : "Que faisons-nous à la consultation pré natale ? Et en plus au niveau de la maternité qu’est ce qui est fait ?" ».
L’indigence des soins est la conséquence de l’indigence de la formation des agents de santé au Congo. Le pays ne forme plus de spécialistes en médecine depuis 1986 ! Formés à l’étranger, les spécialistes se voient fort peu motivés par les salaires dérisoires qui leurs sont offerts au Congo. Ils préfèrent s’établir dans les pays où ils ont été formés, démontrant qu’un pays qui ne forme pas est un pays scientifiquement mort. En ce 21ème siècle le Congo devra-il avoir recours à Médecins Sans Frontières et consorts pour soigner les congolais ?
Les populations les plus démunies ont bien du mal à avoir accès aux soins du fait de leurs prix élevés. Elles se voient contraintes de se fournir en médicaments dans la rue auprès de colporteurs, avec tous les risques inhérents à ce marché frelaté. Pendant ce temps les évacuations sanitaires de personnes plus aisées coûtent à l’Etat la bagatelle de quatre milliards annuels.
Alors que le chef de l’Etat construit des hôpitaux de référence dans son pays, peut-on s’étonner qu’il préfère subir une opération chirurgicale en France.
Un imbroglio administratif régit le secteur. Si le ministère de la santé emploie, ce sont ceux de l’enseignement technique (infirmiers) et supérieur (médecins) qui forment, celui de la fonction publique qui affecte et enfin celui des finances qui paie.
Comment expliquer qu’on ne forme qu’un quota de 25 médecins par session annuelle alors que le pays en a tant besoin ?
Comment comprendre qu’un médecin qui a poursuivi ses études au moins sept années après son BAC ne gagne au premier échelon qu’à peine quatre vingt huit mille francs CFA ?
Peut-on expliquer que le ministère de la fonction publique affecte des centaines de personnes sans aucune formation dans un secteur aussi sensible tandis que des dizaines d’Infirmiers formés au pays ne trouvent pas d’emploi ?
Si ce n’est une volonté manifeste d’organiser la fuite des cerveaux, le gouvernement congolais devra bouleverser sa politique de santé.