La visite de M. Sarkozy, favori de la droite pour l’élection présidentielle en France, intervient par ailleurs deux jours avant l’arrivée à Dakar de la Socialiste Ségolène Royal, star des sondages et principale rivale de M. Sarkozy.
Elle survient également au moment où l’Europe est confrontée depuis janvier à des arrivées massives de clandestins sur ses frontières méridionales : 25.000 arrivées sur l’archipel espagnol des Canaries, 10.000 sur l’île italienne de Lampedusa.
Cet accord sur « la gestion concertée des flux migratoires » se décline, selon une source proche du dossier, en trois parties : l’immigration régulière, l’immigration irrégulière et le co-développement.
L’intitulé officiel du texte évite soigneusement le terme d’« immigration choisie », prônée au printemps par M. Sarkozy et qui avait provoqué un tollé en Afrique, notamment de la part du président sénégalais Abdoulaye Wade, car pouvant favoriser la « fuite des cerveaux » vers les pays du Nord.
Sur l’immigration régulière, l’accord prévoit notamment un meilleur accueil des étudiants sénégalais en France et la délivrance de « visas de circulation » pour les hommes d’affaires et les artistes pour faciliter les échanges entre les deux pays.
Un « observatoire » des flux migratoires devrait également être créé, le Sénégal, peuplé de 10 millions d’habitants, ayant une très ancienne tradition d’émigration, légale et illégale.
Concernant l’immigration irrégulière, l’accord prévoit de faciliter le rapatriement de clandestins sénégalais. Enfin, le troisième volet aborde le co-développement, avec une aide financière pour financer des micro-projets.
« Il y a eu un malentendu »" entre les deux pays à propos du concept d’« immigration choisie mais on a discuté » depuis, avait admis vendredi le ministre français de l’Intérieur sur TV5-Monde.
« Avec cet accord, nous choisirons ensemble ceux qui émigrent, nous faciliterons l’attribution des visas pour ceux de nos amis sénégalais qui travaillent en France et pour les étudiants sénégalais », avait-il précisé.
Le ministère sénégalais de l’Intérieur a confirmé, dans un communiqué, que les discussions entre les deux parties se sont déroulées « dans un nouvel esprit positif et constructif ».
« Ce qui est nouveau dans ces discussions, c’est la nouvelle vision partagée qui se décline en une approche concertée qui jure avec l’ancienne approche caractérisée par l’unilatéralisme et la politique du fait accompli », s’est félicité le ministère sénégalais.
Lors de sa visite d’une demi-journée au Sénégal, M. Sarkozy aura aussi un entretien avec le chef de l’Etat sénégalais et déposera une gerbe sur la tombe de Léopold Sédar Senghor (1906-2001), homme d’Etat, poète et écrivain, chantre de la négritude et premier président du Sénégal, de 1960 à 1980.
Quant à la visite mardi et mercredi de Mme Royal, née à Dakar, elle sera centrée sur le co-développement et l’environnement.
Ce qui fait dire samedi au quotidien sénégalais Walfadjiri : « Sarkozy et Ségolène Royal se télescopent au Sénégal. Dakar, seconde capitale politique de la France ? En ces temps de pré-campagne électorale, tout porte à le croire ».