Le procès a été reporté au 5 septembre pour la poursuite des plaidoiries des avocats des victimes.
« Les preuves ayant été établies et après les aveux des accusés et les déclarations des témoins, je requiers la peine extrême, qui est la peine de mort », a déclaré le procureur dans son réquisitoire en présence des six accusés.
L’audience présidée par le juge Mahmoud al-Howeissa a été marquée par le témoignage d’une jeune Libyenne contaminée, qui a affirmé que l’une des infirmières lui avait « administré une injection de force », sans indiquer la nature de l’injection.
Le père de la jeune fille, l’avocat Abdallah Maghrebi, visiblement ému, a pour sa part déclaré que les enfants contaminés avaient été « privés de la vie, privés de l’avenir, privés de se marier ».
Il a ajouté qu’il maintenait sa demande « d’appliquer la peine la plus extrême » à l’encontre des accusés et réclamé pour les enfants libyens « des indemnités plus substantielles » que celles consenties par Tripoli aux victimes de l’attentat de Lockerbie.
Il s’agit de l’explosion d’un vol de la Pan Am en 1988 au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie. La Libye a reconnu sa responsabilité dans l’attentat et signé avec Londres et Washington un accord d’indemnisation de 10 millions de dollars par famille.
Les infirmières bulgares et le médecin palestinien sont poursuivis pour avoir inoculé le virus du sida à 426 enfants libyens, dont 51 sont décédés, à l’hôpital de Benghazi (nord-est de la Libye).
Incarcérés depuis 1999, ils avaient été condamnés à mort en première instance le 6 mai 2004. La Cour suprême libyenne avait ordonné le 25 décembre un procès en appel, ouvert le 11 mai.
Lors des audiences précédentes, le tribunal avait entendu trois témoins à charge, mais aucun des dix témoins cités par la défense, qui ne s’étaient pas présentés au tribunal.
Les accusés clament leur innocence, affirmant que la police leur a extorqué des « aveux sous la torture ». Mais le tribunal a rejeté une demande de la défense d’ouvrir une enquête sur ces allégations.
Trois experts libyens appelés à la barre avaient confirmé les conclusions d’un rapport précédent présenté au tribunal, selon lequel le virus a été « introduit délibérement » à l’hôpital de Benghazi, où travaillaient les accusés et où les enfants libyens ont été contaminés.
L’un des avocats des victimes, Me Othmane al-Bizanti, avait mis en doute les conclusions du premier rapport, soutenant qu’avant cette affaire, la maladie avait déjà été diagnostiquée chez trois autres infirmières de l’hôpital.
S’appuyant sur des déclarations d’experts internationaux, dont le co-découvreur du virus du sida, le professeur français Luc Montagnier, la défense soutient que l’épidémie était due aux mauvaises conditions d’hygiène.
Fin décembre, la Bulgarie, en partenariat avec l’Union européenne, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, a constitué un fonds international pour aider la Libye à combattre le sida, assurer la mise aux normes de l’hôpital de Benghazi et dédommager les victimes ou leurs familles.
Les familles réclament 10 millions de dollars par enfant atteint, mais Sofia, plaidant l’« innocence » des infimières, a rejeté ces demandes.