Mardi, la police congolaise a « tiré en l’air pour disperser un groupe de jeunes qui voulaient piller des échoppes dans le quartier de Limete », dans l’est de Kinshasa a affirmé Jean-Tobie Okala, porte-parole adjoint de la Mission de l’Onu en République démocratique du Congo (), précisant que le calme était revenu dans ce quartier.
« Il y a eu pour la première fois ce matin des tirs dans le quartier de Ndjili », toujours dans l’est de la ville, non loin de l’aéroport international de Kinshasa, a pour sa part indiqué à l’AFP un journaliste de l’Agence congolaise de presse qui a souhaité gardé l’anonymat.
Dans le centre de la capitale congolaise, des tirs à la mitrailleuse lourde ont repris matin matin près de la résidence de M. Bemba au bord du fleuve Congo, déjà visée la veille par des tirs nourris de la garde présidentielle.
« La nuit a été calme, mais ce matin des échanges de tirs ont repris dans la même zone qu’hier », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la force européenne , le lieutenant-colonel Thierry Fusalba.
L’Eufor a reçu dans la nuit des renforts du Gabon, où la moitié des quelque 2.000 hommes qui la composent sont stationnés.
Selon une source militaire de la Monuc, « ces accrochages opposent des hommes des deux camps » : des militaires affectés à la garde de M. Bemba et des militaires de la garde républicaine (garde présidentielle) fidèles au président Joseph Kabila.
MM. Kabila et Bemba, qui ont obtenu respectivement 44,8% et 20% des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle du 30 juillet, s’affronteront au second tour prévu le 29 octobre, selon les résultats annoncés dimanche soir à Kinshasa alors que des tirs avaient éclaté dans le centre-ville.
Le chef de la Monuc, William Lacy Swing a appelé mardi les deux parties à « dialoguer » pour ramener la tranquillité dans la ville.
Le président angolais, José Eduardo dos Santos a également appelé au respect des résultats des élections et l’église catholique de RDC a mis en garde mardi contre les risques de « guerre civile », appelant le président Kabila et le vice-président Bemba au « dialogue ».
La France a exprimé mardi sa « grave préoccupation », et donné des « consignes de prudence » aux Français sur place.
William Lacy Swing a déploré l’accrochage lundi entre les troupes des deux camps près de la résidence privée de l’ex-chef rebelle et d’une de ses autres résidences sur le boulevard du 30 juin, à quelques kilomètres de distance.
On comptait lundi cinq morts mais aucun bilan des derniers tirs n’était disponible mardi matin. Des sources militaires onusiennes et de l’Eufor estimaient toutefois que « plusieurs militaires » avaient été tués.
M. Swing a indiqué que l’accrochage avait commencé lundi après-midi alors qu’il se trouvait lui-même, avec d’autres ambassadeurs du Comité international d’accompagnement de la transition (Ciat), chez M. Bemba pour une réunion visant à faire cesser les échanges de tirs dans la ville et à ramener le calme avant le second tour de l’élection présidentielle.
M. Swing a été extrait lundi soir de la résidence de M. Bemba en même temps que les 13 autres ambassadeurs du Ciat par la Monuc et la Force européenne, une force militaire à vocation essentiellement dissuasive qui a mené à cette occasion sa première intervention sur le sol congolais.
Des blindés de la Monuc sont positionnés depuis lundi soir devant la villa de M. Bemba et sur le boulevard du 30 juin, la principale artère de Kinshasa.
« Deux hélicoptères d’attaque Gazelle, un hélicoptère de transport Cougar et une cinquantaine de soldats français, portugais et suédois des forces spéciales », sont arrivés en renfort, a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Fusalba, précisant que 200 soldats allemands étaient attendus dans la journée.
Le trafic sur le fleuve Congo entre Kinshasa et Brazzaville, la capitale du Congo voisin, est nul depuis lundi, selon des témoins, et les rues de Kinshasa était désertes mardi, les commerces restant fermés.