« En date du 12 décembre 2005, nous avons découvert que la RPDH avait un financement que Christian Mounzéo a gardé secret et en a détourné la quasi totalité. Il a effectué des mouvements dans le compte bancaire de notre organisation, avec la complicité de Brice Makosso, de l’ONG Commission Justice et Paix, à mon insu. Alors que je suis cosignataire statutaire du compte bancaire de notre association. » Pouvait-on lire sur les colonnes de la Semaine Africaine du 19 avril 2006, sur la page 3, dans une interview qu’a accordé par ce journal congolais à William Bouaka.
Ce dernier, dans ces propos, a décrié le comportement de la coordinatrice l’ONG britannique, Global Witness, dans cette affaire : « Sarah, qui aujourd’hui, crie à la manipulation a été l’une des personnes qui ont exigé le recours à la justice pour établir la vérité sur cette question. Elle l’a confirmé lors d’une conférence téléphonique à laquelle participait Loamba Moké, président de la Coalition congolaise, Matteo Pelligrini, coordonnateur général de Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP), Michel Roy de Secours Catholique, et de Christian Mounzéo. »
William Bouaka qui a voulu justifier le sens de sa plainte n’arrive pas à comprendre l’attitude Sarah Wykes sur le détournement des fonds alloués à leur association par les ONG Front Line Defender et Global Winchs. « Elle refuse d’admettre la vérité, et cela depuis bientôt quatre mois, lors que nous lui avons envoyé notre premier communiqué de presse relatif au détournement opéré par Christian Mounzéo au sein de notre organisation. » Et de poursuivre : « Je la comprends. Elle est engagée dans un grand projet comme la compagne PCQVP. A ce titre, elle ferait tout ce qu’elle peut, non seulement pour que le projet vive, mais aussi pour ne pas décourager les donateurs. Elle s’obstine à prendre le parti de Christian, simplement parce que, comme elle le dit, il était fortement impliqué dans la compagne. Aujourd’hui, pour justifier son action, elle est obligée de mette l’accent sur l’aspect politique. Cette attitude, à mon avis, finira par discréditer la Coalition. Cependant, j’ai fortement apprécié l’initiative du président Céphas Ewangui, de l’Association panafricaine Thomas Sankara. »
En effet, reporte toujours la Semaine Africaine, déjà préoccupée par la situation, la Coalition congolaise Publiez Ce que Vous Payez, élargie à certaines autres organisations de promotion et de défense des droits de l’homme, a rendu public un communiqué de presse en date du 11 avril 2006, dans lequel elle exprime la crainte de voir cette affaire pénale se retrouver dans l’engrenage d’une machine autre celle que celle de la justice.
Pour se faire une idée plus précise de cette affaire, le président de l’Association panafricaine Thomas Sankara, non signataire du communiqué de presse cité plus haut, M. Céphas Ewangui a effectué un séjour de travail, du 11 au 14 avril 2006 à Pointe Noire.
Il a pu rencontrer toutes les parties concernées par cette affaire, notamment le plaignant William Bouaka, les prévenus Christian Mounzéo et Brice Makosso, le directeur départemental de la Police national au Kouilou, le colonel François Lambert Elénga Onimba, le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Pointe Noire, M. André Charles Loemba, certains avocats liés au dossier, ainsi que plusieurs autres personnes susceptibles d’élucider les points d’ombre de cette affaire.
Il ressort du rapport de cette mission qu’il s’agit bien d’une affaire de droit commun découlant d’une plainte déposée courant janvier 2006 par le secrétaire général de la RPDH, M. William Bouaka, contre le président de la dite association M. Christian Mounzéo et M. Brice Makosso, de la Commission diocésaine Justice et Paix de Pointe Noire.
En possession de la plainte depuis la mi-janvier 2006, Monsieur le procureur de la République a pris des réquisitions. Depuis, le procès suit son cours normal.
A Céphas Ewangui, qui a tenu à avoir toutes les précisions sur notamment le déroulement de la procédure et de l’interrogatoire, il a été précisé les dispositions du Code de procédure pénale dans ces articles 12, 17.4, 61 et 63.
Le procureur de la République l’a rassuré qu’aucune violation n’a été commise et que la perquisition, qui a été bel et bien ordonnée par lui, a été opérée conformément aux lois en vigueur.
Ainsi, les documents saisis au cours de la perquisition l’ont tout simplement été dans l’intérêt de la collecte des informations pouvant contribuer à la manifestation de la vérité a souligné M. André Charles Loemba à son interlocuteur. Et d’ajouter : « Que si les présidents des ONG de droits de l’homme veulent jouir d’une totale impunité, ils n’ont qu’à négocier avec l’Assemblée nationale, pour faire voter des lois qui les dispensent de toutes poursuites judiciaires. »
Le rapport de cette mission fait mention de l’intrusion d’une autorité gouvernementale dans le dossier, en vue d’obtenir la libération des prévenus. Cette injonction s’est heurtée à l’opposition du procureur de la République qui affirme que : « l’Exécutif doit s’occuper de l’Exécutif et non se mêler du Judiciaire. »
Pour le reste, l’Association panafricaine Thomas Sankara, qui tient absolument, à l’indépendance de la Justice au Congo, s’engage à suivre le cours du dossier, jusqu’à son terme. Elle ne manquera pas de dénoncer les dérapages qu’elle constatera, comme elle le fait pour bien d’autres dossiers.
Dans l’entre-temps, les placement sous mandat de dépôt de MM. Christian Mounzéo et Brice Makosso préoccupent autant les Eglises catholique et protestante que les chancelleries et les organisations internationales de défense des droits de l’homme. Aussi ces arrestations continuent-elles de faire couler dans d’encre que de salive.
S. Keila pour Congopage.com