Il existe plusieurs sortes de pouvoir, et l’homme est amené à user de chacun d’eux, comme le pouvoir de structure qui provient de l’organisation structurelle de la société. Ce type de pouvoir est aussi appelé pouvoir de position. Un homme de par sa position sociale peut détenir un pouvoir, c’est le cas du directeur de l’école à qui le recteur a confié un certain niveau de pouvoir sur les élèves et les enseignants, il en est de même pour un chef d’entreprise vis-à-vis de ses salariés. Un autre cas de pouvoir de position c’est celui par exemple du prêtre ou du pasteur vis-à-vis de ses fidèles. Le pouvoir de position ou de structure établit ainsi des rôles précis pour le bon fonctionnement de la société et ce type de pouvoir fait engager un système de responsabilités et de devoirs.
Le second type de pouvoir est celui qui fait intervenir un lien entre deux parties égales en droit, car c’est l’essence même du pouvoir. En effet les relations humaines pour qu’elles puissent avoir lieu découlent de la part des parties en présence du respect d’un lien social ou de l’acceptation d’un contrat entre ces deux parties. Ce qui confère au contrat ou au lien social un pouvoir suprême.
Les signataires d’un contrat sont tenus de le respecter de la même façon que l’autorité d’un pouvoir, il en est de même pour le lien social. Des parents sont tenus d’apporter assistance, soutien, amour à leurs enfants, de même que ces enfants à leur tour devenus grands fassent de même à leurs parents devenus vieux et faibles, c’est sur ce postulat que se base la relation parents-enfants. En Afrique on a souvent coutume de dire que les enfants c’est « l’assurance-vie ».
Ce type de pouvoir qui met tout le monde d’accord et crée un lien fort avait inspiré il y a quelques siècles de ça, le titre du livre de Jean-Jacques Rousseau « Du contrat social » , il voulait établir entre le gouvernement et le peuple un pouvoir d’égale valeur. Pour lui, le pouvoir de l’une des parties sur l’autre ne pouvait s’exercer que de manière consensuelle, sans esprit de domination de l’une sur l’autre. La recherche d’un consensus permanent caractérise ce type de pouvoir.
La conception de ce type de pouvoir demande la libre adhésion des parties et l’établissement d’un lien social. Les contraintes du pouvoir de contrat sont la liberté, l’égalité, le lien et le consensus
Pour qu’il y ait liberté et consensus il y a nécessité d’un contrat symétrique, c’est-à-dire que le pouvoir du chef doit être égal au pouvoir du peuple, dans des démocraties cette symétrie est garantie par la possibilité que le peuple peut toujours révoquer le président de la république, ce qui n’est pas le cas dans des royaumes ou dictatures ou les chefs ne peuvent pas être démis par le peuple sauf à les obliger par des violences. Dans ce type de pouvoir lorsqu’il y a asymétrie, le pouvoir cesse d’être contractuel et consensuel, il est obligé de muter vers d’autres types de pouvoirs comme le pouvoir de persuasion ou de dissuasion.
Le troisième type de pouvoir pouvant être répertorié est le pouvoir de persuasion, en l’absence d’une autorité morale, spirituelle, matérielle et autre. L’asymétrie dans n’importe quel pouvoir lorsqu’elle est souvent créée par celui qui détient la position dominante, par exemple le chef de l’Etat, oblige ce dernier à persuader ses compatriotes. Dans une démocratie cette persuasion passe le plus souvent par les média, les débats, les meeting et autres actions de séduction, d’explication, voire de manipulation faisant souvent appel au mensonge, à l’hypocrisie, à la désinformation, à la corruption, et à la concussion. On rencontre souvent ce type de pouvoir dans les démocraties occidentales on peut citer l’affaire Nixon, aux Etats-Unis, ou bien le traitement que les médias occidentaux réservent aux problèmes africains. Ces derniers mentent systématiquement aux populations laborieuses de l’Occident à propos de l’Afrique.
En réalité le pouvoir dit de persuasion ne peut se déployer qu’en présence de deux premiers types de pouvoirs cités ci-haut soit pour rétablir l’équilibre soit pour l’accentuer.
Dans d’autres pays l’asymétrie du pouvoir peut être accentué, dans le cas où l’une des parties qui a le pouvoir de structure ou de position cherche à dominer l’autre partie, à ne plus respecter le contrat, en ce moment on sort de la Démocratie. Le pouvoir devenant dictatorial est obligé de dissuader toute velléité d’opposition, de rébellion et rééquilibrage du « contrat social ».
Ce type de pouvoir est qualifié de pouvoir dissuasif. C’est celui qui caractérise plusieurs pays d’Afrique sinon tous à quelques exceptions près.
Au Congo par exemple, le pouvoir dissuasif peut être illustré par les actes de l’actuel détenant du pouvoir du fait de sa facilité à utiliser les armes pour éviter de répondre à résoudre les asymétries sociales qu’il crée. Il dissuade toute tendance pour un positionnement du pouvoir national de l’ensemble du Congo vers un consensus. Ceux qui veulent dominer les autres, comme les colons français, ont volontairement divisé le Congo en plusieurs parties non égales, par une fausse hiérarchisation des communautés la composant. Les classes sociales ici sont représentées par les groupes dit ethniques et pour maintenir le déséquilibre, le discours politique se remplit par les vocables comme celui d’unité nationale sur la base d’une vraie fiction sociale : le tribalisme ou l’ethnisme.
Le trait essentiel du pouvoir dissuasif c’est qu’il parvient au consensus par la soumission, or en droit, n’importe lequel, ainsi que dans l’ordre des choses, aucun contrat ne peut être consensuel et durable si l’une des parties du contrat se sent lésée. « Un peuple est toujours considérable » comme le dit si bien Pierre Akendengué et ne peut indéfiniment se laisser léser et spolier. Toute forme d’oppression à une fin car contraire à la vie.
L’obtention de la soumission dans une situation de pouvoir dissuasif se fait toujours par la violence explicite ou implicite. A ce niveau-là tout dépend de l’intelligence de celui qui est en position dominante, déterminant de ce fait l’échelle et le degré de violence. On a une palette de pouvoir dissuasif qui va de l’autocratie, passant par la dictature pour finir à la tyrannie.
Le pouvoir dissuasif non seulement utilise la violence physique, mais aussi la violence morale, psychologique et matérielle. Il empêche tout épanouissement de l’individu en le dissuadant d’affronter la mort. Ceux qui détiennent le pouvoir suprême en Afrique dissuadent toute velléité de liberté en brandissant le spectre de la mort à toute remise en cause du déséquilibre. La plupart des esprits se sont résignés à cause de cette peur de la mort « ne fais pas la politique, tu vas mourir ». L’impunité sciemment organisée, dans la plupart des pays d’Afrique, participe à une politique de soumission de ces peuples. C’est le cas de l’affaire dite du Beach au Congo où la France par le président Jacques Chirac a bafoué de façon grossière la justice. La libération en pleine nuit au mépris de la procédure judiciaire en France d’un des accusés est un message bien clair aux africains voulant bien dissuader toute autre éventualité de réparation si un cas similaire se présentait. Cela aussi est un symbole pour dire aux africains qu’ils ne valent rien aux yeux du Nord, qu’ils peuvent mourir point de remords et d’émotion pour les « blancs ». Quant au pouvoir de Brazzaville en ordonnant le procès, il a voulu faire savoir à tous les congolais de quel côté était la vie, c’est-à-dire de son côté, et lui seul détenteur du pouvoir avait aussi le droit de vie ou de mort sur tout congolais et l’unique choix qui s’imposait était de faire allégeance. Il était inutile de s’opposer à lui ce qui rend compréhensible le discours des fameux intellectuels qui soutiennent et surdimensionnent le pouvoir de Sassou.
C’est ainsi que depuis 1997 la permanence d’une guerre incivile dans la région du Pool est voulue dans le seul but de soumettre l’ensemble de tous les Congolais à l’oppression.
Pendant longtemps ce dernier s’est arrangé à dissuader de manière implicite les Congolais à parvenir à une liberté matérielle, au prétexte que « le Congolais n’est pas compétent pour le commerce et l’industrie » seul l’étranger est travailleur, et pourtant ce sont les mêmes Congolais qui exercent ailleurs. Dans les années passées, pour appuyer cette dissuasion, la dictature sous couvert de marxisme exigeait de certificat de moralité aux candidats congolais qui voulaient ouvrir une échoppe ou un commerce de détail. L’enquête était menée par les services secrets d’Etat, tandis que dans le même temps n’importe quel étranger ouvrait facilement une boutique ou installait une industrie. En ce qui concerne l’import-export chasse gardée des anciennes compagnies coloniales, le pouvoir avait constitué des monopoles pour la viande, le riz, l’oignon, l’huile, la tomate concentrée, la farine et autres denrées de première nécessité. Ainsi il pouvait contrôler la population disposant de l’arme alimentaire.
Ces monopoles d’Etat ont eu pour conséquence le non développement d’une agriculture commerciale. Toujours sous le couvert stratégique du communisme, le paysan ne devait pas s’enrichir. En effet la grande masse des congolais de l’époque étant paysanne échappait au pouvoir de Brazzaville. Pour les tenants de la soumission il fallait faire rentrer tous les Congolais dans le salariat d’Etat (d’où pléthore de la fonction publique pas par incompétence, mais simplement pour des velléités de pouvoir dominant sur les autres Congolais), malgré des discours sur l’agriculture comme les slogans du PCT. « priorité des priorité : autosuffisance alimentaire d’ici l’an 2000 » notez que nous sommes déjà en 2006, « le paysan bachelier », rien pour atteindre ces objectifs étaient faits comme par exemple l’achat des semences de bonne qualité pour l’agriculture, aucune sécurisation du travailleur agricole (qui n’a pas de statut dans la solidarité nationale car absent de la sécurité sociale)
Vous pouvez constater que durant toutes ces années, le pouvoir congolais avec la complicité des instruits se sont chauffés les méninges pour dévaloriser le travail agricole, et surtout le déstructurer, l’objectif de faire baisser la démographie rurale au Congo, initié avec l’opération de regroupement en village centre (mini-zone urbaines) est en passe de réussir, c’est l’objectif visé par l’actuel ministre de l’administration du territoire par le biais de la municipalisation accélérée. Tout pouvoir dominant a peur du village. C’est la raison pour laquelle, l’actuel pouvoir au Congo qui est de type dissuasif , à son arrivée s’est acharné à faire revenir dans les villes ceux des Congolais qui à la faveur des violences de juin 1997 s’étaient installés au village. Ces derniers au cours de ces 5 mois loin des affrontements de Brazzaville ont pu se rendre compte par l’expérience que finalement qu’ils pouvaient vivre aisément, et surtout goûter au plaisir de la liberté, d’être son propre chef, au lieu du carcan vexatoire et stressant de Brazzaville.
D’où pour le pouvoir dissuasif, il fallait faire revenir ces Congolais en ville, c’est ce qui explique pourquoi les milices armées auraient saccagé des champs, violés des filles et l’armée de son côté bombardé des villages (comme si ces villages avaient des défenses contre aériennes) or il suffisait à l’armée de maintenir sur une longue période un blocus. Actuellement on a réussi à créer de manière psychologique et réelle un fort sentiment d’insécurité totale en campagne, les Congolais sont convaincus qu’ils sont plus en sécurité à Brazzaville et Pointe-Noire qu’à l’intérieur du Pays, et le pouvoir s’y emploie à dessein.
Toujours pour illustrer le caractère dissuasif du pouvoir au Congo depuis les années de l’indépendance, on peut noter le manque de volonté pour rendre le déplacement vers le village facile. Pour parcourir 80 kilomètres (distance qui sépare Brazzaville de Kinkala) il faut au minimum 6 heures du fait de l’impraticabilité des routes, du coup le voyage apparaît comme une expédition. On dissuade par là le Congolais à investir dans son village. Les échanges entre Congolais devenant presque inexistants pour renforcer le sentiment ethnique alimenté par la non connaissance des terroirs par les uns et les autres.
En l’endroit de la jeunesse, on les maintient dans l’ignorance déjà de leur propre corps, c’est pourquoi les programmes au nom de la pudeur (soit disant) refusent les cours sur la sexualité et la période difficile d’adolescence, on les préfère débridés et violents. Pour « exceller » dans la soumission on détruit l’école, pas d’école ou système d’Etat de formation à la couture, à la plomberie, à la maçonnerie, à la menuiserie, à la boulangerie, à la pâtisserie, à la cuisine, pour le manioc, à la peinture, à l’électricité, enfin bref à tous les métiers de tous les jours. La soumission des jeunes est totalement acquise quand ces derniers sont hyper ignorants et dépendants.
La pratique totale de la dissuasion par le pouvoir faite pour soumettre le Congolais, a conduit au résultat pas étonnant du sous-développement total, qui fait que près de cinquante ans après son indépendance, on ne récolte toujours pas de sel de table dans ce pays situé au bord de la mer et inondé de soleil plus de 300 jours par an, que l’on importe des légumes et autres aliments pour un pays bénéficiant des grâces de la nature, il pleut en moyenne dix mois sur douze et les terres sont à 98% fertiles pour à peine moins de 2% de terres cultivées, on ne compte même pas plus 100 étangs à poissons. Que les Congolais soient toujours pauvres, tel l’objectif d’un pouvoir dissuasif.
Si le pouvoir actuel de Brazzaville se dépense sans compter pour se faire admettre comme PPTE cela démontre sans détours que son objectif est d’atteindre une position dominante au sein du pouvoir souverain du peuple congolais. A cela le maintien de la pauvreté des Congolais contribue à leur soumission et au renforcement de sa position dominante. Par comparaison avec le reste de l’Afrique, ce n’est pas un hasard si tous les pays pétroliers d’Afrique ont des taux élevés de pauvreté avoisinant les 70 à 80% de leur population globale. En effet dans ce pays la gestion des ressources qui appartiennent à tout le monde et la répartition des richesses sont asymétriques, d’où l’opacité sur les comptes du pays. Dans le cas congolais, de façon naturelle dans le cadre républicain, chaque individu congolais « a droit à sa part » des bénéfices générés par l’exploitation du pétrole ou du bois par exemple, pour éviter de faire le partage, on dissuade en amont les Congolais de réclamer leur dû. L’Etat qui normalement devait se préoccuper de cette tâche est exclu par le pouvoir. Les représentants de l’Etat ne bénéficient d’aucune légitimité. (Voir les rapports de la banque mondiale sur les indicateurs de développement humain.)
C’est pourquoi, pour augmenter le nombre de ses auxiliaires et le reconnaître comme « puissant » ce qui ne l’est pas en réalité, tout pouvoir dissuasif doit parvenir à faire comprendre dans le sens de l’entendement humain, que l’on ne peut devenir riche ou simplement vivre que par la politique. Il est presque impossible de vivre sans « si tu viens pas à la politique, elle vient à toi » ou de devenir riche en dehors de la sphère du pouvoir. Un tel pouvoir s’attachera à le montrer, d’où toutes les attitudes ostentatoires des tenants actuels du pouvoir à Brazzaville, il doivent le faire savoir quand à côté il y a des gens qui meurent « mikolo nionso fête na féti ».
Si par malheur un Congolais par la force du poignet devenait riche celui devrait s’abstenir de le montrer s’il veut éviter des problèmes, au cas il le montrerait, il aurait à ses dépens à subir des représailles, le pouvoir mettra en branle tout son arsenal (douanes, impôts, administration, policiers, sécurité d’Etat) dissuasif. Le but poursuivi par une telle attitude c’est la soumission des Congolais à une personne qui se prendrait pour « Dieu » d’où dans son discours la recherche permanente de la reconnaissance et de l’affection des personnes qu’elle opprime et soumet à sa volonté.
C’est ce qui explique qu’au Congo depuis toujours les seules personnes dites riches hors champ du pouvoir sont des ressortissants étrangers (maliens Seydou, Diabaté, libanais, mauritaniens, sénégalais, ruandais, angolais Humberto Brada, européens et les asiatiques). En effet l’étranger n’est potentiellement pas en concurrence sur des positions dans le lien du pouvoir. L’affaire Humberto Brada est une illustration de cette pratique d’oppression que le pouvoir actuel par son oligarchie teintée d’ethno-libéralisme aurait du mal à se défaire tellement que sa propension à dominer le rend hostile à toute forme de liberté, étant entendu que la liberté économique faisant partie intégrante de la composante essentielle de la vie d’un être humain et surcroît des Congolais car ce sont des êtres humains qui doivent vivre.
La soumission évolue plus facilement dans la pauvreté, la richesse matérielle s’accommode mal avec l’oppression. Ces pratiques sont faites pour obliger les Congolais à se soumettre volontairement au pouvoir dominant. C’est ce qui se passe.
Donc en faisant allégeance au dominant c’est-à-dire en se soumettant volontairement, on renforce le déséquilibre du pouvoir et les mécanismes implacables qui conduisent à ce cercle vicieux.
Dans d’autres cas plus subtils là où le détenteur de la position dominante se trouve dans l’impossibilité de dissuader de manière explicite c’est-à-dire par la force, il procédera par la corruption pour s’attacher les services de ceux qui s’opposent à lui et dissuader des velléités de rébellion à venir. Au Congo par exemple Monsieur Sassou est en train d’achever à la réussite de son œuvre de soumission des « leaders » les plus virulents de l’opposition, ces derniers, un à un, succombent à l’usure de leurs conditions matérielles.
La mise en scène organisée par lui par exemple pour amnistier monsieur Kolélas Bernard que l’on affublait de « leader historique » (un autre mensonge), quand on sait qu’au regard de la constitution et de la procédure judiciaire, cette amnistie est une ineptie judiciaire.
L’organisation des cérémonies de retrouvailles, par le dépôt symbolique de la gerbe des fleurs sur la tombe du frère de Sassou est destinée à renforcer sa position de domination, en essayant de persuader le peuple que c’est lui le détenteur de la vie ou de la mort de tout citoyen congolais quel qu’il soit. C’est pourquoi la télévision nationale et les médias acquis au du pouvoir ont insister longuement les images.
Dans le cas du Congo ou du Gabon, les armées de ces deux pays ont plus de généraux qu’il en faut selon les normes militaires internationales. Au Congo on compterait près de quarante généraux pour une armée estimée à près de 30 000 hommes. Toujours ces mêmes généraux chacun d’eux toucherait près deux millions francs CFA contre cent vingt-cinq à deux cents milles francs CFA pour un médecin ou un professeur de lycée, les professeurs de l’université qui ne produisent aucun travail gagnent près de 500000 francs CFA. Les députés du fameux parlement congolais ont près de 1.500 000 francs CFA contre un SMIC à 35000 francs CFA. Les préfets congolais et maires gagneraient eux aussi des millions, il en est de même au Gabon où les généraux de l’armée ont près de 10 millions de francs CFA tout comme les préfets. Ces énormes rétributions permettent à ces pouvoirs de ne pas utiliser l’arme du pouvoir dissuasif c’est-à-dire la force militaire pour ainsi se montrer propre aux yeux de l’opinion publique quand il faut se montrer propre.
En attendant, ce sont toutes ces personnes qui perçoivent ces énormes sommes, qui se dépassent d’ingéniosité pour réprimer avec force toute contestation ou révolte, excluant le Président de toute responsabilité directe, elles sont récompensées en conséquence. Les Congolais savent de quoi sont capables les « éléments incontrôlés » de la force publique qui ne sont jamais traduits devant une cour de justice, et surtout des actes d’un certain général de la police. En dernière date on peut citer l’opération « uppercut » qui à la fin de l’année 2005 a coûté la vie à un pauvre chauffeur de taxi froidement abattu, cela pour installer la peur et dissuader toute révolte de fin d’année, la fête de Noël ayant rappelé aux pauvres du Congo qu’ils sont toujours exclus de la jouissance des retombées de la flambée du prix du baril de pétrole sur les bourses de Londres et Paris.
La pression devenant de plus forte d’où la promulgation de la fameuse loi sur le commerce. Le gouvernement tout en sachant qu’il a mis par terre le semblant d’économie qui existait et de système éducatif, se moque en fait des jeunes. Ces derniers pauvres n’ayant aucune formation ne peuvent pas se lancer dans le commerce et remplacer à tous les postes les étrangers interdits. En effet au Congo il n’existe aucune école ou centre de formation aux métiers de plombier, électricien, maçon, peintre, et autres financé par l’Etat. On comprend bien que le pouvoir congolais est bien un pouvoir de domination et en conséquence il lui faut tout le temps dissuader ceux qui veulent remettre en cause ce déséquilibre, à défaut de les corrompre.
Cela montre que le pouvoir rétributif est l’image du pouvoir dissuasif, car il parvient au même résultat c’est-à-dire à la soumission volontaire au même titre que le pouvoir dissuasif. La différence qui peut exister entre ces deux types de pouvoir se situe sur le plan de la forme qui se mesure sur le degré de moins ou plus de violence envers les gouvernés, Ces deux types de pouvoirs se manifestent par là de manière objective, car au fond le but avoué c’est l’obtention de la soumission.
Cette soumission est moins douloureuse dans les sociétés économiquement évoluées par rapport aux sociétés où la pauvreté règne en normes absolues, comme c’est le cas au Congo, où les pouvoirs ont toujours été dissuasifs depuis l968. C’est la santé économique qui détermine la position du curseur vers plus ou moins de dissuasion.
En période de fortes dérèglement et crise économique, le pouvoir en place laisse faire la corruption pour obliger les éventuels candidats à la rébellion à renoncer.
Au niveau social, L’impunité qui est sciemment organisée par les détenteurs du pouvoir est signe d’une prise de conscience de ce qu’ils font. Cela veut dire que chaque citoyen a le choix de l’attitude à adopter face au pouvoir. Vous vous soumettez de façon volontaire alors vous avez la vie sauve car l’argent que vous allez avoir vous mets à l’abri des soucis et vous donne un pouvoir de position dans la société. La société congolaise méprise le pauvre, quand on est pauvre on n’a pas de dignité. Cette société valorise toute personne ayant de l’argent, « l’argent n’a pas d’odeur », or les seules personnes qui peuvent avoir de l’argent sont celles qui font la politique ou aident le détenteur du pouvoir à dominer les autres il s’agit des miliciens à qui on promet la bonne vie, les chefs de police, les officiers de l’armée et tous les fonctionnaires qui peuvent détenir une parcelle d’autorité sur le reste de la population, d’où la corruption généralisée au Congo, la débauche et la prostitution à visage découvert.
Donc on peut poser l’équation suivante que le pouvoir dissuasif vous soumet à choisir entre la vie ou la mort par la menace d’une action violente de la part de celui qui détient le pouvoir.
Le pouvoir persuasif lui remplace l’arme par l’argent pour toujours vous soumettre le même choix : la vie ou la mort.
Les deux pouvoirs (dissuasif et persuasif) par leur caractère visible vous font croire qu’en dehors de leur sphère point de vie et qu’en votre propre honnêteté et volonté vous êtes obligés de vous soumettre, c’est ce qui passe au Congo, en 1997 au Congo les populations du fait de la barbarie jamais égalée par les protagonistes de la « guerre incivile » de juin/octobre, des tragédies de Bacongo et du Beach en 1998-1999 ont été obligées de se soumettre au vainqueur qui dans son discours d’intimidation n’avait pas hésité à déclarer « même s’il faut tuer tous les congolais pour avoir le pouvoir je le ferai » cela pour répondre à ceux qui lui disaient « est-ce qu’un pouvoir vaut-il autant de cadavres humains ? ».
Les populations qui avaient refusé de se soumettre en se retirant dans leurs villages ont été délogées de leurs lieux de liberté par des bombardements intensifs à l’arme lourde, de leurs villages, des troupes à la solde du détenteur du pouvoir allant jusqu’à commettre des barbaries sur les paysans, à détruire leurs champs, pour qu’elles reviennent à Brazzaville se mettrent sous contrôle immédiat.
Ceux qui ont cru que c’est uniquement par ethnisme, que le détenteur de la position dominante dans le pouvoir congolais bombardait ces villages du sud-ouest, se tromperaient. Cela a été fait à dessein, pour obliger à soumettre d’abord les populations dites nordistes à lui et par après l’ensemble des autres groupes. Par ces actes, il a institué la peur et la soumission chez les nordistes ces derniers ne pourront plus revendiquer leurs droits fondamentaux sous prétexte que s’il perdait le pouvoir, ils seront plus malheureux et couraient à la mort du fait même de l’ampleur des barbaries commises en leur nom (ce qui n’est pas vrai un autre mensonge honteux). En dépit de cet argument s’il existe toujours des velléités de rébellion au sein de ces populations, le détenteur du pouvoir organisera un désordre. On verra dans l’histoire du Congo ces moments ponctués de violences dites incontrôlées à Talangaï, Ouenzé, et Poto-Poto quand parmi eux certains s’interrogent sur la nature de leur soumission à Sassou. En effet ces populations souffriraient de la même façon que les autres. Elles sont toujours dans la pauvreté, le chômage et la maladie. En novembre 2005 le pouvoir pour faire diversion à désigner les étrangers (Rwandais, maliens, sénégalais, européens, asiatiques) comme responsables de tous les malheurs de ces jeunes. Ces derniers n’ont pas hésité à s’attaquer aux étrangers, Brazzaville connaissant les meurtres gratuits des commerçants étrangers. Pour dissuader toute rébellion, le gouvernement est allé à prendre une mesure interdisant le commerce de détail et les petits métiers aux étrangers.
Sans pour autant avoir mis en place des mécanismes d’aide à l’emploi ou la création d’entreprise. Voilà comment de telles manipulations servent à soumettre les jeunes de Talangaï , Ouenzé, Poto-Poto à qui on avait promis des emplois en récompense de leurs actes de barbarie ayant permis à Monsieur Sassou et son groupe d’obtenir une position dominante dans le pouvoir national congolais.
C’est ce qui explique aussi pourquoi Ntoumi n’a jamais été délogé, il y a bien des gens qui arrivent à Ntoumi les membres du gouvernement, alors pourquoi une armée de près de 40 généraux n’arrivent pas mettre fin à une rébellion campée dans un périmètre dont la plus grande longueur ne dépasserait pas 200 kilomètres. Le pouvoir se sert de l’excuse Ntoumi pour maintenir un Etat de guerre permanente, dissuadant tout investissement dans l’avenir.
En créant la situation « ni paix ni guerre » en dehors du pouvoir, on soumet facilement le congolais au découragement et à l’anxiété, état humain mesquinement propice à la violence et actes de pires barbaries.
Une autre chose que l’on peut noter c’est que le pouvoir dissuasif ou persuasif est obligé de faire appel à plusieurs compétences : les cadres (mot à la mode au Congo). Il ne peut exister sans l’allégeance du plus grand nombre de ces intelligences au pouvoir dominant. Qui va de ce fait en plus du pouvoir dissuasif qu’il dispose déjà, de détenir un autre type de pouvoir celui de décider, cette capacité de prendre les décisions sera considérée comme un pouvoir de performance.
Les cadres ou les technocrates qui détiennent les compétences, en connaissance de cause vont adhérer volontairement en faisant allégeance, dans le but d’avoir eux aussi du pouvoir sur le peuple. Par ce biais ils ont l’illusion de détenir une parcelle du pouvoir « nous sommes les hommes du pouvoir ou nous sommes au pouvoir « , -le lecteur notera au passage qu’il y a un différence fondamentale entre détenir le pouvoir et être au pouvoir- » et ils feront tout pour que le système perdure. D’ou certains auteurs ou analystes n’hésitent pas à dire « qu’un peuple a le dictateur qu’il mérite ».
Mouélé Kibaya