FESPAM : CEREMONIE D’OUVERTURE
Le festival panafricain de la musique (FESPAM) se tiendra conjointement à Brazzaville, Pointe Noire et Kinshasa du 9 au 15 juillet 2005. Pour sa cinquième édition, le thème choisi est l’héritage de la musique africaine dans les Amériques et les Caraïbes. Cette cérémonie sera sanctionnée par l’élection de la Miss FESPAM à laquelle participeraient les beautés du Congo, de la R.D.Congo, de la R.C.A, du Gabon, du Cameroun, de l’Angola, du Rwanda, du Burundi, du Togo, du Bénin, du Sénégal, du Mali, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire.
Le site
La cérémonie d’ouverture s’est déroulée au stade Félix Eboué. Au cœur de Poto-Poto, à côté de la basilique Sainte-Anne, vieillotte et mal entretenue, conservant toujours sa toiture de fortune en bâche verte, substituée aux scintillantes tuiles de même couleur bousillées par les obus de la guerre du 5 juin 1997, se trouve le stade Félix Eboué. Cet ancien temple du foot longtemps laissé à l’abandon a, depuis, fait peau neuve. Quant à l’église Ste-Anne, elle est toujours en attente d’être restaurée.
De l’ouverture
Après le passage sur le podium très remarqué de Tchakou, comédien originaire de la R.D. Congo, après l’allocution d’ouverture prononcée par le ministre de la culture Jean Claude Ngakosso, (sur le thème de l’esclavage et la traite des Noirs) la 5è édition de la musique africaine fut déclarée officiellement ouverte à 18 heures par le Président de la République du Congo, M. Sassou Nguesso.
La cérémonie fut animée, principalement, par la vedette guadeloupéenne Claudy SIAR de l’émission musicale Couleur Tropicale à Radio France Internationale (RFI), et premier présentateur noir de France 2.
Est-ce que ça va bien à Brazza ?
La cérémonie étant annoncée à guichet ouvert, l’affluence du publlic fut très importante. La foule, très nombreuse dans les gradins du stade et sur une partie de la pelouse, juste à quelques mètres de l’estrade, se défoula sans limite. Un grognement hostile sourdit de la foule lorsque fut prononcé le nom de Hugues Ngolondélé, maire de Brazzaville, lequel pour la circonstance se fit faire lire le discours par son adjoint. A la question « Est-ce que ça va à Brazza ? » posée par la très charmante Hayden, chroniqueur populaire de musique sur Télé Sud, le public répondit par un vibrant et retentissant « Non », en dépit de la haute présence du Président de la République et des forces de l’ordre. Les propos d’apaisement tenus par Médard Milandou, présentateur des émissions culturelles sur Télé Congo et chargé de mission à la présidence de la République furent vains et sans effets sur ce mécontentement populaire.
Le show
Des arabesques que dessinaient la projection des rayons lasers verts sur la toiture de fortune de Sainte-Anne furent très captivantes. Ce show qui dura une dizaine de minutes absorba complètement les spectateurs et fut d’une très grande beauté. En ce premier jour, les Amériques furent représentées par Debbie Davies, chanteuse américaine de blues, qui interpréta formidablement les très illustres Jacques Loubélo et Franklin Boukaka. Au grand plaisir de la population et des téléspectateurs de la DRTV et de Télé Congo. L’orchestre Original H vint tout droit des Caraïbes et livra un show fort remarquable. Des ballets ouest-africains et antillais retinrent l’attention du public pendant une bonne vingtaine de minutes. Les groupes musicaux S.O.S Salsa, Patrouille des Stars et Bana ya Poto-Poto ont porté très haut les couleurs du Congo. L’apothéose fut atteinte lors de l’apparition de Koffi Olomidé sur scène. Celui-ci avec le Quartier Latin interprétèrent deux chansons du volume Monde Arabe, Nguli (littéralement "maman" en vili), chanson dédiée à Antoinette Sassou Nguesso et Eputcha, composée en l’honneur de l’actuel Maire de Brazzaville et de sa très chère épouse.
Autre ombre au tableau, les fanatiques de Wengé Maison Mère, groupe de Werrason, n’ayant pas encore digéré la défection du musicien Ferré-Chair-de-Poule au profit du Quartier Latin après un passage chez les Marquis de la Maison Mère, huèrent sur la nouvelle recrue de Koffi Olomidé dès sa montée sur scène. La fin du spectacle donné par la star congolaise coïncida avec le moment où Sassou s’éclipsa du vieux stade qui prit, pour la circonstance, les allures d’une agora. Comme chacun sait, l’agora, sous l’antiquité grecque, fut le centre névralgique où commença la démocratie.
Keila Samuel,
Brazzaville, ce 10 juillet 2005