Pourquoi l’événement a-t-il été avancé d’un mois ? Pourquoi l’ancien commissaire général, Ferréol Gassackys, a-t-il été limogé ? Pourquoi le festival se passera cette année des services d’Ernest Adjovi ? Valentin Oko, directeur de la communication, du marketing et des relations publiques, fait le point.
Le Festival panafricain de musique (Fespam) 2005 ouvrira ses portes du 9 au 16 juillet prochains au Congo. La cinquième édition du genre se déroulera sous le thème : « Héritage de la musique africaine dans les Amériques et les Caraïbes ». C’est une équipe entièrement congolaise qui assure, cette année, la préparation et le suivi des festivités. Avec deux faits majeurs, l’absence du Béninois Ernest Adjovi (organisateur des Koras), qui pourtant avait signé pour deux éditions, au sein de l’organisation. Et le limogeage inattendu de l’ancien commissaire général, Ferréol Gassackys, fin janvier. Valentin Oko, directeur de la communication, du marketing et des relations publiques, de passage à Paris, revient sur le nouveau visage d’un Fespam résolu à offrir une meilleure image de lui-même.
Afrik.com : L’ancien commissaire général du festival, Ferréol Gassackys, a été remercié en janvier dernier, six mois avant l’événement. Que faut-il voir dans ce remue-ménage ?
Valentin Oko : L’ancienne équipe est là. Le directeur artistique est toujours Jean-Jacques Bayonne, le directeur scientifique Kadima Njuzi et le directeur administratif et financier reste Albert Ambende. C’est seulement le commissaire général qui a été suspendu de ses fonctions par le gouvernement, à travers le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme (Jean-Claude Gakosso, ndlr). Quant aux raisons qui ont conduit à cette suspension, il n’y a que les autorités qui les connaissent.
Afrik.com : Qui remplace l’ancien commissaire général ?
Valentin Oko : Le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme a nommé comme intérimaire, le directeur général de la Culture, Dieudonné Bonyongo. Il est par ailleurs depuis toujours le vice-président du Comité national du Fespam (qui gère les artistes nationaux dans le cadre de l’événement, ndlr).
Afrik.com : Les précédentes éditions du Fespam se sont toujours déroulées en août. Pourquoi le Fespam 2005 est-il cette fois-ci programmé en juillet ?
Valentin Oko : Les festivités du 15 août, jour de la fête de l’indépendance au Congo, se sont déroulées, l’année dernière, à Pointe-Noire (capitale économique du pays, ndlr). Et cette année c’est la ville d’Impfondo, à l’extrême Nord du Congo, qui a été choisie pour accueillir l’événement. Ce qui va nécessiter une importante logistique. Le gouvernement a estimé qu’il était trop lourd d’assumer l’organisation de deux très grands rendez-vous en même temps. C’est pour cela qu’il a préféré avancer la date du Fespam.
Afrik.com : Quelle est l’enveloppe budgétaire allouée au Fespam ?
Valentin Oko : 2,5 milliards de FCFA, votés dans la loi de finance.
Afrik.com : Il y avait eu en 2003 quelques frictions entre le comité d’organisation et Ernest Adjovi, à qui le pays avait fait appel pour assurer la régie son et lumière, la communication, le marketing, la programmation et la post-production du festival. Que s’est-il exactement passé ?
Valentin Oko : Fort de son expérience avec les Koras (soirée de récompenses musicales panafricaine, organisée tous les ans en Afrique du Sud, ndlr), Monsieur Adjovi avait été sollicité pour prêter main forte à une équipe nommée juste six mois avant l’événement. Le Fespam a eu certes de l’éclat. Mais il y a tout de même eu un certain nombre de problèmes. Comme le fait qu’il n’ait pas pu assister à la cérémonie de clôture de l’événement. Que s’est-il passé exactement ? Je ne saurais vous le dire. Mais quoi qu’il en soit, nous avons repris aujourd’hui les rênes de l’organisation.
Afrik.com : Ernest Adjovi avait annoncé en 2003 qu’il avait pourtant signé pour deux éditions ?
Valentin Oko : Il avait effectivement signé pour deux éditions du Fespam. Maintenant, il s’agit de vérifier le contenu de ce contrat. De mémoire, le contrat dit ceci : « Monsieur Adjovi peut venir prêter ses services si nous en avons besoin ». Or les choses se passent actuellement comme sur des roulettes et nous n’avons pas besoin des ses services.
Afrik.com : Trouvez-vous normal, après quatre éditions, qu’il n’y ait toujours aucune archive, aucun film ou DVD du Fespam ?
Valentin Oko : Nous déplorons cela. Quand nous sommes arrivés, nous n’avons rien trouvé. Nous nous sommes dès lors attelés à établir un document cadre : une bible pour traduire notre politique de communication. Un travail qui n’avait jamais été réalisé auparavant. Ce qui traduit, sans prétention aucune, une volonté de rompre avec les pratiques du passé. Pour ce qui est de la dernière édition, Monsieur Adjovi avait pour obligation de nous envoyer les supports. J’ai juste vu deux cartons de K7 vidéo. Je ne sais pas si c’était ça qui était stipulé dans le contrat en matière de post-production ?
Afrik.com : Qu’est ce que le Fespam apporte à la musique congolaise ?
Valentin Oko : Le Fespam offre aux musiciens congolais l’occasion de faire de grandes choses. C’est un carrefour de rencontres. Les musiciens congolais devraient s’inspirer de ces talents venus d’ailleurs pour améliorer ou changer l’orientation de leur musique afin qu’ils se renouvellent ou qu’ils améliorent leurs prestations. Ce sont à eux de saisir les opportunités qui peuvent s’offrir à eux. Quoi qu’il en soit, nous avons des groupes de valeur comme les Bantous de la capitale, Extra Musica, Bana Poto Poto ou Patrouille des stars.
Afrik.com : Les journalistes africains ne sont pas toujours invités au Fespam qui accueille pourtant beaucoup de journalistes étrangers. Pourquoi ?
Valentin Oko : Les journalistes africains ne sont toujours venus parce que la communication du Fespam n’a pas souvent fonctionné avec l’Afrique. Peut-être que le Fespam n’aurait dû mieux communiquer auprès des médias africains
par David Cadasse
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