Lors d’une interviewaccordée à Congopage en 2003 le talentueux Achille Mouebo nous annonçait la parution espérée pour 2004 d’un nouvel album « M.O.I. » , las, sa recherche effrénée de producteur s’avéra vaine. Il nous aura donc fallu attendre une année de plus pour voir l’édition de son second opus « Vipère » enregistré à Pointe-Noire mais pressé en France grâce à la coproduction : AM Production (Achille Mouebo production) et Serial Sound Records de Paris et NYC, ce qui laisse espérer la possibilité de se procurer l’album chez les disquaires spécialisés de la région parisienne.
Achille comme toujours développe avec humour des thèmes sociaux bien souvent typiquement congolais comme dans Kan-Adah chanson dans laquelle il raconte une histoire d’amour impossible dans le cadre de la famille étendue ( il est amoureux de la nièce du mari de la nièce de la femme de son père).
Achille Mouebo s’est entouré d’un nombre très restreint de musiciens, assurant lui même les guitares, sauf dans Kan-Adah et Union sacrée où Alain Wanadi lui prête main forte, et les chœurs, bien que dans Alerte rose Josué Pangou, qui par ailleurs assure dans tous les titres basse et synthé, vienne renforcer la section vocale, la charmante Odilon Faudemère quand à elle se charge comme d’habitude des voix féminines.
L’album a été très largement promu sur les télévisions congolaises grâce à la réalisation du clip de la chanson titre « Vipère » qui connaît un très vif succès. Achille bénéficie aussi du passage d’un autre clip, issu du dernier album de Rapha Boundzeki et dans lequel ils chantent en duo le titre « Kiwissa » composé et arrangés par Achille Mouebo co-écrite en lari par Rapha et en cougni par Achille .
Cette année encore, Achille Mouebo faisait partie de la sélection du Kouilou pour le FESPAM 2005, mais sa participation a été annulée en dernière minute, alors que des groupes qui n’avaient pas été sélectionnés y sont programmés. La valeur d’un artiste dépend-t-elle de la notoriété de ses protecteurs ? Il est évident dans ce cas qu’un artiste autoproduit n’a aucune chance de pouvoir s’exprimer.
Le 30 juillet au Mess Mixte de garnison, KM production a organisé la présentation officielle de l’album. Kris Kivoundzi et Martin Tchicaya nouveaux venus dans le show biz, ont bien fait les choses. Pour la modique somme de 2000 fcfa, le public a pu se régaler d’un show de 4 heures et demie, bien annoncé dans la ville et les médias, de nombreux groupes de la place, grands et petits sont venus y rendre hommage à Achille Mouebo. Le spectacle prévu à compter de 16 heures a débuté avec un retard remarquablement court pour Pointe-Noire, puisque le premier groupe invité « ZBX Cuigs City » (rap) est monté sur scène à 16 h 30 pour sa première sortie public très remarquée. [1]
Interview de Kris Kivoundzi
Ya Sanza : Bonjour Kris, pour ton coup d’essai tu nous as offert un coup de maître. A ce jour je crois que tu n’avais participé, avec moi d’ailleurs, qu’à une seule organisation de spectacle à « La Pétanque » où déjà Achille Mouebo était présent aux côtés de Kaly Djatou et Tata Bouesso dans « Griok and roll ». Nous nous trouvons évidemment là devant une réalisation d’une toute autre ampleur. Peux-tu nous résumer l’aventure ?
Kris Kivoundzi : L’aventure à commencé le 6 mars 2004, à « La Pétanque » à l’occasion du spectacle de « Griok and roll » auquel tu fais allusion. Martin et moi avons pensé que nous pouvions poursuivre l’aventure en créant une maison de production dans le but essentiel de promouvoir la musique congolaise qui manque avant tout de production. Les difficultés sont apparues immédiatement, les promoteurs déjà sur la place accaparant les talents reconnus, il ne nous restait que les valeurs en devenir qu’ils ont tendance à délaisser ne pensant qu’au profit immédiat. Achille qui préparait son nouvel album nous a offert une chance inespérée, il était en quête de soutien, nous lui avons proposé une collaboration. Achille bénéficie d’un opportunisme qui l’a fait s’engouffrer dans la brèche. Nous avons donc décidé d’aller plus avant avec lui. Il sortait d’une déconvenue avec Papa Charles Mikoungui, dont nous ne parlerons pas. A l’occasion de la sortie de l’album « Vipère » nous lui avons proposé d’en organiser le lancement. Pour nous, c’était aussi l’opportunité d’offrir au public ponténégrin une fête exceptionnelle. Nous avons pris contact avec différents groupes plus ou moins connus qui ont presque tous accepté, par amitié pour nous ou pour Achille. Et voilà.
Y.S. : Nos lecteurs sont persuadés que l’organisation de spectacles est une activité extrêmement lucrative, confirmes-tu cette impression ?
K.K. : Pouh ! C’est certainement vrai quand on possède de grandes vedettes dans son écurie. Il faut bien comprendre que notre volonté n’est pas pour l’instant de gagner de l’argent, nous voudrions simplement parvenir à équilibrer nos comptes et ne pas perdre trop de pognon. En ce qui concerne le concert du 30 juillet nous bouclons avec un déficit d’environ un million. Ce n’est pas là ce qui importe même si nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation délicate, nous nous en remettrons. C’est sur la continuité que nous espérons nous en sortir, et ce sera grâce au talent de nos poulains que nous pourrons sortir du rouge.
Y.S. : Peux-tu nous parler un peu de la vedette du spectacle du 30juillet ?
K.K. : Achille fait partie de la génération montante de la musique congolaise, il fait une musique originale et variée, il fait de grands efforts pour chanter dans des langues peu usitées sans pour autant se départir des langues véhiculaires compréhensibles par tous. Par là il a une attitude fédératrice qui nous séduit. Ses thèmes sont ceux auxquels sont confrontés tous les jeunes centr’africains et là encore il mérite notre soutien et notre respect.