KINSHASA (AFP) - Le président Joseph Kabila et le vice-président Jean-Pierre Bemba s’opposeront le 29 octobre lors d’un second tour de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), où au moins cinq personnes ont été tuées à Kinshasa dimanche soir.
La situation était calme lundi matin dans la capitale congolaise, après des échanges de tirs nourris dans la soirée de dimanche dans différents quartiers du centre de la capitale, au moment où la Commission électorale annonçait les résultats.
Peu après 22H00 GMT, la Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé les résultats provisoires du premier tour de la présidentielle du 30 juillet en RDC, où le chef de l’Etat sortant est arrivé en tête avec 44,81% des suffrages, devant l’ex-rebelle Bemba (20,03%) qu’il affrontera le 29 octobre lors du second tour.
L’opposant historique Antoine Gizenga arrive en troisième position avec 13,06% des voix, s’imposant comme "l’arbitre incontournable du 2e tour que les deux camps adverses vont se disputer", selon l’expression d’un diplomate en poste à Kinshasa.
Le taux de participation à ce premier scrutin libre et pluraliste depuis plus de 40 ans dans l’ex-Zaïre a dépassé les 70%.
Ce scrutin, combiné avec des législatives à un seul tour, doit être suivi d’élections provinciales et locales qui mettront un terme à la fragile transition politique amorcée en 2003 en RDC après une guerre régionale de près de cinq ans.
Les résultats de la CEI doivent être validés par la Cour suprême de justice, en charge du contentieux électoral.
Dès dimanche soir, le président Kabila a dit « merci » aux électeurs qui l’ont placé « en première position », a invité les Congolais à « rester sereins et à attendre dans le calme » la proclamation des résultats définitifs, affirmant sa « détermination à poursuivre le processus électoral jusqu’à son terme, dans le respect des lois et de la Constitution ».
Son adversaire Jean-Pierre Bemba, qui a renoncé à s’exprimer dimanche en raison de l’insécurité, devrait faire une déclaration ce lundi.
Des tirs nourris ont fait au moins 5 morts et une dizaine de blessés dans les rues de la capitale, mais ce bilan provisoire, confirmé par la Mission de l’Onu en RDC (Monuc) et par des sources policières, pourrait « s’alourdir » selon ces mêmes sources.
Selon ces sources, les personnes tuées sont trois membres des forces de l’ordre et deux civils.
Une source policière avait indiqué dimanche soir à l’AFP qu’un citoyen japonais avait été tué, mais l’ambassade du Japon a affirmé lundi n’avoir aucune information permettant de le confirmer.
Parmi les blessés figurent cinq étrangers, dont deux Chinois, selon l’ambassade de Chine à Kinshasa, et trois personnes originaires d’Inde ou du Pakistan, selon une source médicale dans un centre hospitalier privé où ces cinq personnes ont été admis dimanche soir pour des blessures par balle. Aucun d’entre eux n’était en danger, a-t-on précisé de source médicale.
Lundi matin, la circulation a repris timidement dans le centre de la capitale vers 08H00 GMT et dans les quartiers populaires de la ville, les habitants se regroupaient aux carrefours ou sur des places pour échanger des informations sur les événements de la veille.
Les forces de police, dont des unités anti-émeute, dispersaient systématiquement et dans le calme tout regroupement d’habitants, a constaté l’AFP.
Des tirs sporadiques ont été entendus lundi matin dans certains quartiers du centre et de l’est de la ville.
Selon un responsable d’une société de sécurité opérant sur l’ensemble de la capitale, « ces tirs sont le fait de policiers qui dispersent des gens qui cherchent à piller des magasins ou des attroupements, mais rien de sérieux ».