Robert la Sangsue, n’en finit plus de se faire ridiculiser. Morgan Tsvangirai, en se retirant de la course à la magistrature suprême du Zimbabwe, à offert à Robert Mugabé l’élection la plus ridicule de l’histoire africaine battant d’une bonne longueur les élections législatives qui se sont déroulées dans un certain pays d’Afrique centrale en 2007 [1]. Mugabé se fait élire triomphalement au second tour avec plus de 85% des voix (officiellement) et une participation de moins de 20% (officieusement).
Cette stratégie de la chaise vide, longuement élaborée par Morgan Tsvangirai, politicien émérite, et son staff, a été spontanément découverte par le Congolais qui a tout compris sans que personne ne lui enseigne. Il a parfaitement saisi que le monde politique n’est pas le sien et qu’il n’a rien à en attendre. A l’issue des locales de juin 2008 où, massivement, il n’a rien fait pour se rendre dans les bureaux de vote, les conseils municipaux vont se monter avec une légitimité validée uniquement par une poignée de votants toute acquise à la cause de son champion alimentaire.
Le Congolais n’a jamais eu confiance dans sa classe politique, avant il la craignait, aujourd’hui, il a bien compris que, uniquement préoccupée d’intérêts financiers et de combats d’antichambre, elle a autre chose à faire que de s’occuper du vulgaire et faire en sorte que les populations puissent profiter elles aussi des immenses ressources nationales. Bien sûr le congolais sait aussi que sa voix n’a aucune valeur puisque les résultats son déjà connus de ceux qui tirent les ficelles.
C’est qu’on ne la lui fait plus au Congolais. Des promesses, ça fait un siècle qu’on lui en sert. Depuis : « Allez défendre la mère patrie, elle vous sera reconnaissante. » en passant par « Il nous faut l’indépendance pour vivre mieux. », jusqu’à « Votez pour le RMP c’est le parti du vrai changement. » via « Tout pour le peuple, rien que pour le peuple. » et « Autosuffisance alimentaire en 20 ?? », il a dû avaler toutes les couleuvres et assister à une quantité de pose de premières pierres qui lui aurait permis de se construire la petite maison dont il a toujours rêvé.
Sans Marx, sans Trotsky, sans Che Guevara, sans aucun théoricien, il invente l’opposition des pauvres : l’indifférence devant les institutions. Ou comment paralyser la démocratie à l’africaine quand tout le monde pense qu’on en a pas les moyens. Le congolais découvre seul la désobéissance civile.
La vérité politique est là, dans cette gigantesque abstention qui montre au monde entier, a quel point de dégoût est arrivé leur peuple, comment ils lui ont enlevé toute Espérance Nouvelle ou faisandée. Que ce sont bien eux, qui ont mis le pays à terre. Que leur prétendue popularité n’est qu’une supercherie.
Dans son palais de Mpila, le Président doit s’inquiéter, le test, à un an des présidentielles, est préoccupant. Si l’année prochaine le résultat ressemble à celui des élections zimbabwéennes de ce dernier weekend, le RMP aura des difficultés à justifier l’élection de Denis Sassou Nguesso au premier tour avec 15% de participation et 98% des suffrages. Pour sa part, le président aura bien du mal à maintenir sur la scène internationale l’image d’unificateur qu’il voudrait être la sienne.
L’assise populaire dont se revendiquait le PCT a totalement achevé sa désagrégation avec la fusion dans le RMP. Tout l’édifice vacille, il va s’écrouler.
Cette opposition des pauvres est bien plus dangereuse pour eux parce qu’elle n’est pas achetable [2]. On achète pas la confiance, on la gagne, et quand on l’a perdue, il ne reste pas la moindre chance de la reconquérir. On achète aussi les leaders, mais des leaders, chez les pauvres, on a pas les moyens de s’en offrir. Alors bien sûr, ils vont essayer de lui en donner…
Le droit de vote est inscrit dans la constitution, mais rien n’y dit que le citoyen est contraint de voter. L’abstention est une prise de position, elle dit aux politiques : « Cessez de me rendre complice de vos actes et de m’en faire partager les responsabilités. ».
– Comment obliger les gens à voter ?
– Sous la menace des armes ?
– Comment justifier d’avoir pris les armes contre un peuple qui ne fait strictement rien ?
C’est une révolution calme et pacifique. Elle n’use d’aucune arme, se passe de tracts et de médias, elle n’a pas besoin d’argent pour se développer. Certes elle est bien moins spectaculaire que toutes celles qu’on a pu voir un peu partout dans le monde, mais elle est tellement plus efficace et insidieuse. On ne peut pas la contrer sans renoncer au simulacre de démocratie qui régit le pays.
Congolais, tu leur donnes une leçon de démocratie, sans toi ils ne sont plus personne, ils ne peuvent plus se réclamer d’une légitimité quelconque.
Puisqu’ils ne respectent pas le suffrage populaire, qu’ils s’en passent...