Poursuivant son enquète dans les différents arrondissements de la capitale économique, notre reporter nous présente aujourd’hui Mvoumvou.
L’arrondissement II Mvoumvou est dit « T’im Kouilou », (le cœur du Kouilou.) La délibération du conseil municipal du 20 avril 1985 fixe ses limites :
– Au Nord, la rivière Songolo le sépare de l’arrondissement IV Loandjili ;
– Au Sud, c’est l’avenue Félix Tchikaya qui en assure la limite avec l’arrondissement I Emery Patrice Lumumba ;
– A l’Est il bute sur l’Océan Atlantique le long duquel se trouve la plus important zone industrielle de la ville ;
– L’avenue Moe Pratt à l’Ouest le sépare de l’arrondissement III Tié-Tié.
Sa population est à ce jour estimée à 86 450 habitants répartie sur 600 hectares soit six kilomètres carrés.
Est-ce pour en finir avec la soupe à la grimace offerte aux populations de l’arrondissement II de Pointe-Noire, Mvoumvou, que son administrateur maire, Valentin Tchibota Goma (TGV), s’est rendu à l’Atelier d’Urbanisation et d’Aménagement du Territoire de Porto-Novo au Bénin ? Il se dit que les nombreux experts et édiles réunis là-bas, ont confronté idées et expériences afin de pouvoir améliorer les conditions de vie dans leurs villes respectives. Pour TGV, il ne fait nul doute que l’expérience à du être profitable eu égard aux innombrables problèmes et exigences de l’arrondissement qui lui a été confié.
L’accès à l’eau potable
On dit que l’eau c’et la vie, c’est dire que Mvoumvou a du longtemps être ville morte tant ses problèmes d’approvisionnement en précieux liquide ont été précaires.
TGV s’est attelé à l’installation de fontaines publiques dans les quartiers et jusque dans l’enceinte même de sa mairie. Il a ainsi offert l’accès à l’eau a de nombreux habitants trop déshérités pour pouvoir s’offrir un branchement au demeurant peu fiable tant l’approvisionnement par la SNDE est aléatoire.
La Société Nationale de Distribution d’Eau est dans ce secteur, particulièrement carentielle. Les forages y sont rares et les conduites datent d’un temps révolu. Le secteur est grevé de points hauts où le liquide ne se risque jamais à se hisser. Pourtant, avide de profits la SNDE n’est jamais en retard pour présenter à ses abonnés des factures salées pour un produit jamais délivré. Dans le même esprit, la SNDE propose des devis de 160 millions pour des forages dont elle facturera à la suite la production. Les dieux sont-ils tombés sur la tête ?
Le marché de Mvoumvou
L’unique marché domanial de l’arrondissement ne connaît d’approvisionnement en eau qu’entre deux heures et six heures du matin. Si cela peut suffire à le rendre presque propre pour son ouverture, ceci ne peut en rien satisfaire les règles d’hygiène indispensables à ce type de service public.
De nombreux vices entachent la construction récente de ce marché, du côté sud il lui manque un écran pour protéger les étals et du côté nord une partie des tôles de toiture n’ont jamais été posées. Cet ouvrage a été réhabilité et étendu par le Bureau de Conseil et d’Etudes en Génie Civil et Aménagement de l’entrepreneur Corentin Pambou Mapakou, qui n’a su livrer qu’une structure inondable à la moindre pluie. Ce monsieur s’est aussi taillé la part du lion en s’octroyant depuis le 9 mars 2003, aux meilleurs emplacements deux boutiques qui échappent au contrôle du régisseur du marché madame Mboumba Sitou. Collusion ?
Trop petit, dans un arrondissement enclavé ne disposant d’aucun espace libre permettant une nouvelle implantation, ce marché ne peut plus s’agrandir qu’à la verticale (étages) mais la structure n’a pas été prévue pour. D’après le président du Comité de Marché Taty Tchibouanga, ses recettes oscillent autour de 300 000 FCFA mensuels, environ 750 000 FCFA d’après monsieur le maire.
L’arrondissement recèle par ailleurs deux marchés informels, le marché de la plage, plutôt axé sur le commerce de poisson, et le petit marché dit de la gare de Songolo. Ces deux structures sont plutôt des allées marchandes improvisées.
Santé et hygiène
Mvoumvou est le seul arrondissement de Pointe-Noire dépourvu de structure hospitalière. Cette absence de centre de soins de proximité, a fortement interpellé le maire qui n’a pas ménagé ses efforts pour favoriser la réhabilitation et l’extension (maternité) du Centre de
Santé Intégré Saint-Joseph de Matende (16 salles). Cette structure laissée à l’abandon s’est vue entièrement revalorisée par un partenariat dans le cadre des micro réalisations de l’Union Européenne (PMR-UE). Cette réalisation d’une valeur globale d’environ 57 millions (38 720 940 FCFA pour la construction, et 16 millions pour son équipement) à donc été financée à hauteur de 75% par le PMR-UE, le solde par la communauté urbaine.
– Les populations ont été mises à contribution à
hauteur de 2000 FCFA par foyer (collecte plafonnée à 500 000 FCFA).
– L’arrondissement à mis 6 000 000 FCFA dans l’escarcelle.
– La mairie centrale à également contribué pour 6 000 000 FCFA.
– Nous n’avons pas été éclairés sur la provenance des 1 368 000 FCFA manquant au compte exact.
L’arrondissement dispose aussi de trois autres CSI de moindre importance :
- CSI de Mawata, le plus ancien.
– CNSS de Fouks
– CSI de Mvoumvou.
Au CSI de Mvoumvou, madame Valentine Mboungou, chef de laboratoire, nous a fait part de ses préoccupations :
« Nous travaillons dans des conditions difficiles. Il faut vraiment aimer son travail pour le faire. Nous manquons de courrant électrique, nous avons du mal à conserver les vaccins et les réactifs par défaut de réfrigération. Les résultats des tests et analyses sont douteux, ce qui est particulièrement grave en ce qui concerne les IST. Le manque de luminosité rend les examens au microscope incertains.
Je lance un SOS auprès des mécènes pour qu’ils puissent nous apporter leur aide dans l’acquisition d’un groupe électrogène et d’équipements sanitaires. »
Lors de notre tournée dans l’arrondissement, en compagnie de monsieur Etienne Batchy Goma, directeur du cabinet du maire Tchibota, qui en aucun cas n’a mis d’entraves à notre enquête, nous avons compté six bennes à ordures, et une multitude de dépôts d’immondices sauvages. Le dir-cab n’a pas pu nous éclairer sur ce point « Je ne sais pas combien de bacs à ordures sont implantés dans l’arrondissement. Par contre je sais que notre voiture d’éboueurs passe chaque jour afin de collecter les ordures ménagères. ».
Nous demeurons sceptiques sur ce point d’hygiène municipale. Nous comprenons mal comment un seul camion peut assurer la propreté d’un arrondissement de 11 quartiers et près de 90 000 habitants. Monsieur le maire rapportera-t-il une amorce de solution à son retour de Porto-Novo ?
Enseignement
L’arrondissement est relativement bien muni de structures éducatives. Il dispose entre autres du Lycée Victor Augagneur, le plus important lycée d’enseignement général de la ville. On y trouve aussi un collège d’enseignement général et de 8 écoles primaires. L’honorable Paul Tchignoumba, député (PCT) de la circonscription Mvoumvou II, voudrait y voir s’implanter un collège d’enseignement technique. Il s’emploie à sécuriser les écoles, en les clôturant. Il nous a déclaré :
« La clôture est la base de la sécurité du milieu scolaire, donc pour sécuriser, et les enseignants et les élèves et les salles de classe et tout ce qui appartient à l’école il faut la clôture. Les établissement qui ne sont pas munis de murs de clôture sont des nids de petits voyous, ces jeunes viennent là pour prendre de la drogue, pour violer, pour faire n’importe quoi. Dès lors qu’il y a un mur de clôture, il n’y a plus accès à ce genre de comportement. »
L’enseignement privé est bien représenté par une vingtaine d’établissements dont 4 lycées.
L’érosion, problème récurent de la ville océane
Nous avons souligné dans notre précédent article les problèmes d’érosion qui marquent l’arrondissement III. Mvoumvou lui aussi s’y trouve confronté. La rue Touloukanou qui mène au nouveau fleuron sanitaire Saint-Joseph de Matende est une démonstration d’un des alinéas du document de la mairie « Carte de visite de l’imposant arrondissement II, Mvoumvou » :
« L’administrateur délégué n’a pas pu réhabiliter certains petits projets liés aux besoins élémentaires de ses populations ; ni répondre à certaines préoccupations des services déconcentrés parce que limitée, il sied que de relever pour des raisons particulières liées à la période transitoire, toutes les prérogatives en matière d’investissement au double plan macro et micro sont restées concentrées au niveau central. ».
Ainsi la rue Touloukanou a-t-elle subi les outrages de l’eau lors de l’orage du 2 novembre, qui érodant profondément la chaussée a arraché le caniveau béton qui la bordait.
C’est encore à l’initiative du député Tchignoumba, rencontré sur le chantier, que des travaux de réfection y
ont été entrepris, pour un montant de 57 millions de FCFA engagés sur fonds propres. « C’est une initiative que j’ai prise pour pouvoir répondre à une interpellation à caractère citoyen. Par rapport à mon engagement habituel vis à vis des populations, je me suis senti contraint de venir faire ce travail. J’ai décidé de refaire le caniveau pour pouvoir sauver les maisons d’habitation et le collège d’enseignement général que vous avez en face et qui étaient mis en péril. »
Remerciements :
Daniel Lobé Diboto et Congopage remercient le maire du deuxième arrondissement Monsieur Valentin Tchibota Goma et toute son équipe pour les facilités accordées et la transparence qui a émaillé nos entretiens.
Merci encore à nos sponsors de l’arrondissement 2, qui ont permis la réalisation de cette enquête de proximité. Les Etablissements Guénin, Congo Tôles, les hôtels « La Ponténégrine » et « NDE Hôtel ».