Comment croire qu’un coup de baguette magique a pu faire faire un demi-tour total à l’aile gauche conservatrice du PCT ? Hier soutien inconditionnel du pouvoir de Denis Sassou Nguesso, la tendance Lekoundzou prétend aujourd’hui qu’elle est passée à l’opposition la plus dure et demande la démission du chef.
La très étrange arrestation de Jean-Pierre Lekonia fait couler beaucoup d’encre. La profusion des communiqués de presse annonçant depuis Paris une situation de quasi état de siège dans la capitale congolaise et que les observateurs dans la capitale sont bien en mal de confirmer est à même de nous laisser croire à une manœuvre du pouvoir [1]. Son but serait non pas de réprimer l’action de ses (ex ?) alliés, mais de justifier par un simulacre de kärsherisation de son propre clan celle de la vraie opposition qui tente de s’organiser.
Pour ce faire, on nous ressort le délit de possession d’écrits séditieux. Mais que peut donc bien être un écrit séditieux en démocratie ? N’y est-on pas libre de penser, dire et écrire ce qu’on veut ? Cette résurrection est un net pas en arrière. Si on réprime dans la chapelle, ne peut-on pas aussi le faire en dehors.
Le président semble avoir fait d’incroyables efforts pour détacher de ses épaules l’uniforme de dictateur qui lui colle à la peau. En dépit de quelques accrocs, la presse est libre, le droit de réunion quasiment respecté et le pluralisme politique aussi, même si la plupart des partis qui se créent le font sur le thème du soutien à « l’élection de Denis Sassou Nguesso au premier tour en 2009 », malgré l’avis des observateurs qui ne lui donnent pas la moindre chance d’être élu si le scrutin est organisé sans tricherie.
Sassou ne serait-il pas en train de nous mitonner un nouveau casus belli pour s’assurer de la présidence sans passer par la case élections trop aléatoire comme elle l’était en 1997 ?
C’est certainement une des stratégies étudiées, ce n’est probablement pas la seule, mais tant qu’à faire autant mettre en place les indispensables éléments pour l’appliquer en cas de besoin.
L’opposition ne peut que prendre la défense de JP Lekonia, à elle pourtant de faire attention à sa manière de le faire. Il ne faut certainement pas qu’elle le fasse en considérant Lekonia comme un frère mais seulement comme une victime de l’arbitraire. Elle doit aussi exiger la tenue de l’assemblée constitutive de l’association "Marion Ngouabi et Ethique". A défaut elle se trouvera devant une jurisprudence permettant de limiter son droit de réunion.