Apparaissant incontestablement comme le plus imposant des orchestres pratiquant la salsa au Congo et composé pour lessentiel de jeunes congolais ayant étudié à Cuba et dont la moyenne d' âge est de 23 ans, Kongo Salsa a su marquer la différence à travers nombreux spectacles mais notamment lors de sa prestation à l
ouverture de la 5è édition du Fespam, le Festival Panafricain de Musique. Clin d`œil sur ce groupe avec un de ses ténors, Willy Moreno.
Propos recueillis par Sényte-Eugène
Congopage : Certains clament linspiration comme étant une donnée divine, d
où tirez- vous la vôtre ?
Willy Moreno : Demblée je ne saurais mettre en doute cette croyance. Je dirais en ce qui concerne le groupe que l
inspiration vient de la double culture que nous avons recue, à la fois congolaise et cubaine, qui traduit dailleurs l
essentiel des thèmes que nous abordons dans nos compositions. En effet, nous avons quitté le pays très jeunes, à 12 ans pour certains et même 8 pour dautres. Ce qui peut parfois expliquer une imprégnation forte de la culture cubaine plutôt que congolaise.
{{Congopage : Parlant de la création de l
orchestre, que dites-vous ?
Willy Moreno : Kongo Salsa en fait est un produit made in Congo qui a vu le jour depuis 1995 à Brazzaville. Composé à sa création danciens étudiants de Cuba et de France, il s
était affiché sous le nom de S.O.S Salsa. Quelques dissensions internes auront donc poussé lorchestre à adopter son nouveau nom actuel. Ne le trouvez-vous pas typique du reste?
{{Congopage : Ce qui explique certainement la configuration actuelle du groupe. Certainement encore la sempiternelle question de leadership?}}
{{Willy Moreno :}} Oui et non. Oui parce que nous avons géré des grandes crises internes ayant conduit à des départs volontaires de certains membres. La conséquence d
ailleurs est lapparition sur la scène artistique de plusieurs autres groupes pratiquant aussi la salsa. Je me voudrais d
être pointilleux à leur égard. Dautres par contre, pour des motifs bien justifiés auront tiré leur révérence avec dignité, le cas de Nessylt-Eugène qui fut le président de l
orchestre et qui demeure actuellement au Canada et à qui je tire dailleurs en passant le chapeau. Pour le reste, je pourrais dire, comme le répète souvent un des chroniqueurs de Radio Congo,
ca tourne.
{{Congopage : Vous sortez du Fespam, quelle est la conclusion que vous tirez de cette expérience surtout quel effet cela vous a fait de jouer cette fois ci en
Inet devant le Chef de l
Etat en tant quanciens étudiants congolais à Cuba?}}
{{Willy Moreno :}} Je voudrais ici traduire l
impression dune réelle satisfaction. Il y a cependant lieu de dire que la place que le Fespam nous a donnée n
est que le fruit dun travail bien assumé par l
ensemble du groupe. Après 4 éditions au cours desquelles nous avons joué en Out
, il est de bon aloi de dire que nous avons réussi notre coup car le Fespam en lui même reste la vitrine de la culture musicale africaine. Cest comme me le disait Alexis Murillo, cet artiste colombien avec qui nous avons fait un
bœuf: «Moreno, vous avez réussi à passer à travers les mailles du filet, pero, sigue tocando, sigue creendo». Jouer devant le Président de la République a toujours été un vif souhait, mais faire l
ouverture du Fespam en sa présence aura été une grande fierté. Vous savez autant que moi la nature des relations qui lient le Congo et Cuba. Par le fait que des congolais ayant étudié à Cuba donnent une prestation à loccasion d
une circonstance telle que le Fespam, cela ne peut que stigmatiser la teneur de ces relations. Nous sommes en fait le produit de ces mêmes relations.
Congopage : Au sortir du Fespam, vous vous sentez à coup sûr boostés, ragaillardis par la qualité de votre prestation. Peut-on penser pour autant que lavenir soit prometteur?}}
{{Willy Moreno :}} Vous ne pourriez comprendre que seul l
optimisme nous a permis aujourdhui de franchir le rubicond du Fespam. Nous en franchirons d
autres et, comme je lai susmentionné, ce festival aura été une grande et belle vitrine pour nous. L
avenir prometteur ? Oui, on peut dire quil l
est.
Congopage : Le public congolais affectionne indéniablement la salsa depuis belle lurette. Los Sublimos sont passés, les Bantous de la Capitale essaient de tenir le coup, que comptez-vous lui réserver à votre tour.
Willy Moreno : La question en elle-même est délicate. Ce qui est vrai cest que nous avons voulu insufler une bonne dose de différence dans la vision de la salsa pratiquée au Congo. Parlant de l
instrumentation par exemple, on a introduit lusage du clavier de synthétiseur pour ajuster le format instrumental typique à la salsa. Il y a aussi que l
on mise sur le spectacle en élaborant des chorégraphies bien combinéés selon le modèle que nous appelons le Guapo``, il s
agit de bien lier linstrumental au gestuel. En somme, on voudrait innover la donne. Nos aînés des Bantous ont balisé le chemin, nous venons pour compléter ce qu
ils ont réalisé. Je dirais aussi que fort du soutien autant du public que des décideurs culturels, nous serons en mesure de relever des grands défis. Ce qui manque très souvent dailleurs du côté de ces derniers.
{{Congopage : De S.O.S Salsa à Kongo Salsa, neuf ans se sont écoulés et un seul album a été produit au compte de l
orchestre, à quand le prochain album dans les bacs ?
Willy Moreno : Voilà une tuile ! Jai voulu faire de cette question un mystère, une petite surprise mais là... Dans le fond, notre nouvel album est en route et pourrait être présent dans les bacs probablement en fin d
année. Nous voudrions faire de cet album un produit tremplin qui nous permettra dasseoir définitivement notre introduction dans la scène phonographique internationale. D
où toutes les précautions prises par le producteur à ce sujet. Nous travaillons actuellement avec la maison de production Trois Rives basée à Paris et lalbum que nous attendons n
échappe pas aux raisons précitées.
Congopage : Chantez-vous toujours en espagnol, la langue traditionnelle de la salsa ?
Willy Moreno : Au sein de Kongo Salsa évoluent des compositeurs inspirés au point où nous traduisons un réel melting pot linguistique. Nous chantons non seulement en Espagnol qui est la langue de prédilection des salseros, mais aussi en Lingala, en Sango, en Kuni, en Français, en Bambara et dans dautres langues vernaculaires du pays.
{{Congopage : On observe une réelle cubanisation de l
orchestre au vu des noms quaffichent les membres, vous par exemple, c
est quoi originellement votre nom.
Willy Moreno : (Rire). Cest vrai que nous avons opté, pour assurer la proximité du genre musical salsa, pour des noms très typiques d
adoption. Mon nom véritable est Magnolo Eric Wilfrid et vous trouverez dautres noms du genre Eddy Sonero Tsaty, Rosalino Gambou, ou encore Paquito Moutso Lele et El Davy Tuve Ikoua Mbongui. Les membres du groupe proviennent de toutes les régions du pays et sont congolais dans leur ensemble.
{{Congopage : Des répères peut-être ou une évocation à faire?}}
{{Willy Moreno :}} Une pensée profonde à la mémoire de José Missamou, ce ténor, mieux, ce pionnier de la salsa au pays mais aussi à d
autres outre atlantiques dont je ne pourrais citer les noms ici et qui ont marqué la scène musicale internationale.