ARBA MINCH (AFP) - Malgré de fortes pluies s’abattant sur la région, les efforts des sauveteurs se poursuivaient vendredi dans le sud-ouest de l’Ethiopie pour aider des milliers de sinistrés après les inondations meurtrières de lundi, qualifiées de "dévastatrices".
Environ 73.000 personnes ont été affectées par ces inondations ayant frappé l’est, le nord et le sud-ouest du pays, a annoncé vendredi à l’AFP Vincent Lelei, directeur adjoint du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu (Ocha) en Ethiopie, précisant que ces personnes ont soit été déplacées ou ont perdu leurs biens ou leur bétail.
En outre, une quatrième inondation a frappé l’Ethiopie jeudi quand la rivière Awash à 150 km à l’est d’Addis Abeba est sortie de son lit, déplaçant quelque 15.000 personnes sans faire de victimes, selon l’agence de presse officielle éthiopienne (Ena).
Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) a lancé vendredi un appel aux donateurs d’un montant de 1,1 million d’euros (1,4 million de dollars) pour fournir une aide d’urgence à 9.000 personnes en Ethiopie affectées par les inondations et 15.000 personnes au Soudan, selon un communiqué de l’organisation.
Les fortes pluies s’abattant sur le sud-ouest rendaient toujours difficile vendredi les opérations de secours, selon les autorités locales, qui ont précisé qu’entre 5.000 et 8.000 personnes restaient prisonnières des eaux dans cette région.
« Au moment où je vous parle il pleut abondamment (...), les routes sont coupées et nous avons des difficultés à acheminer l’aide humanitaire par la route jusqu’à la région sinistrée », a expliqué vendredi matin à l’AFP Atu Lema, secrétaire général de la Croix-Rouge éthiopienne pour le sud du pays.
Interrogé par téléphone alors qu’il faisait route dans un convoi humanitaire au sud, M. Lema a qualifié cette catastrophe de « massive », estimant que la destruction du bétail et des entrepôts de céréales auront des conséquences graves et longues sur le niveau de vie des populations locales.
L’agence onusienne Ocha a fait état dans un communiqué jeudi soir « d’inondations avec des conséquences dévastatrices qui ont été rapportées dans la plupart des régions » du pays, ajoutant que des « pluies abondantes sont attendues et devraient causer d’autres inondations ».
Au moins 364 personnes ont été tuées dans le sud-ouest du pays dans ces inondations provoquées par le débordement du fleuve Omo - qui se jette dans le lac Turkana - dans au moins 14 villages situés sur les rives du lac, à environ 700 km au sud-ouest de la capitale éthiopienne Addis Abeba.
Cette crue a été causée par des pluies diluviennes qui s’étaient abattues la semaine dernière sur les hauts plateaux éthiopiens.
Au total, le dernier bilan des inondations qui ont frappé depuis le 6 août l’est, le nord et le sud-ouest de l’Ethiopie est d’au moins 626 morts et des milliers de déplacés. Plusieurs centaines de personnes sont également encore portées disparues, notamment à l’est.
« Nous avons pu transporter environ 400 personnes hier (jeudi) vers des endroits situés en hauteur », a déclaré vendredi à l’AFP un pilote d’hélicoptère sous couvert d’anonymat depuis une base militaire à Arba Minch (environ 500 km au sud-ouest d’Addis Abeba), d’où partent les opérations de secours pour la région du fleuve Omo.
« C’est horrifiant et déchirant », a déclaré le pilote à propos des récits des survivants qui ont pour la plupart perdu des proches, du bétail et leurs maisons.
« Les gens ont un besoin d’aide urgent parce qu’il y a un risque accru de paludisme et d’autres maladies liées à l’eau », a souligné M. Atu.
Les opérations de secours consistaient vendredi en largages par les hélicoptères de nourriture, eau potable et couvertures, alors que des bateaux tentaient d’approcher les zones où les sinistrés étaient toujours isolés par les eaux.
Le sud et l’est de l’Ethiopie ont subi plusieurs fois ces dernières années des inondations catastrophiques pendant la saison des pluies, qui dure de juin à septembre dans ce pays de la Corne de l’Afrique.