KINSHASA (AFP) - Les camps du président congolais Joseph Kabila et du vice-président Jean-Pierre Bemba ont décidé mardi de créer des sous-commissions pour définir des règles de conduite pour la présidentielle, premier signe de détente depuis la fin des affrontements entre leurs troupes.
Des représentants des états-majors politiques des deux candidats au second tour de la présidentielle prévu le 29 octobre se sont rencontrés mardi à Kinshasa, pour la première fois depuis la fin des hostilités entre leurs militaires le 22 août au soir.
Depuis une semaine, les pressions diplomatiques étaient fortes pour que les deux camps renouent le dialogue politique.
La réunion, qui s’est tenue mardi matin à Kinshasa dans les locaux de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (Monuc), s’est « déroulée dans un climat constructif », selon la Monuc qui sert de « facilitateur » entre les parties.
Les deux camps ont convenu de créer, au sein d’une « commission mixte » politique qui s’est réunie pour la première fois mardi, deux sous-commissions qui doivent commencer à travailler mercredi.
Une sous-commission d’« enquête indépendante » sera « chargée d’établir les faits sur les événements du 20 au 22 août ».
La seconde « aura pour tâche de définir les règles de conduite afin que la campagne électorale pour le second tour de l’élection présidentielle et la période post-électorale se déroulent dans le calme », selon un communiqué de la Monuc.
« Les deux parties ont par ailleurs promis pleine collaboration à la sous-commission d’enquête indépendante et se sont engagées à oeuvrer pour la poursuite du processus électoral », a précisé la Monuc.
Les affrontements entre garde présidentielle et militaires de M. Bemba avaient éclaté le 20 août quelques heures avant l’annonce des résultats du premier tour de la présidentielle du 30 juillet. Ils avaient duré jusqu’au 22 août au soir, date d’un accord de cantonnement des troupes des deux camps, et avaient fait au moins 23 morts.
Les deux parties se rejettent la responsabilité du déclenchement des violences et jusqu’à la réunion de ce mardi, les états-majors politiques de MM. Bemba et Kabila ne s’étaient pas rencontrés.
A la réunion, M. Kabila était notamment représenté par son conseiller spécial en matière de sécurité Samba Kaputo et son conseiller politique Marcelin Cishambo. Dans le camp adverse, la délégation était conduite par François Muamba, secrétaire général du Mouvement de libération du Congo (MLC), l’ex-rébellion dirigée par M. Bemba.
MM. Kabila et Bemba ne se sont, quant à eux, toujours pas rencontrés, malgré les intenses pressions de la communauté internationale qui finance largement les plus de 450 millions de dollars du processus électoral en RDC.
Ce pays, qui sort d’une guerre très meurtrière (1998-2003), organise depuis le 30 juillet des élections générales, les premiers scrutins libres et démocratiques depuis plus de quarante ans dans l’ex-Zaïre.
Sur le plan militaire, le ministre congolais de la Défense Adolphe Onusumba a affirmé mardi que des camions de munitions, arrivés en fin de semaine à Kinshasa, étaient destinés à l’armée.
La Monuc, qui enquête sur ce transport de munitions, a de son côté affirmé que « les investigations » étaient « toujours en cours ».
« Il est trop tôt pour dire si les allégations de camions destinés aux FARDC (Forces armées de la RDC) ou X groupes sont vrais ou pas vraies », a déclaré à l’AFP le porte-parole militaire de la Monuc, le major Olivier Kuster. « On est dans le flou », a-t-il ajouté.