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Dixième anniversaire de la mort de Mgr Barthélemy Batantou

26 avril 2004 - 26 avril 2014, 10ème anniversaire de la mort de Mgr Barthélémy Batantou, ancien Archevêque de Brazzaville,
à la paroisse St-Denis de la Chapelle
dans le 18ème arrondissement parisien.

L’immense foule des Hommes courbés sur l’Eucharistie ce 26 avril 2014, du premier au dernier rang de la Paroisse St-Denis (plus de 1000 places), a suscité un bel élan de grâce. Comme des plants d’olivier autour de la table du Seigneur, cette foule parisienne et provinciale a montré que le Dieu que le bon Evêque a prié est Fidèle dans ses Promesses. Dix ans déjà : le Bon Père a rejoint le séjour des morts où il attend la résurrection. Assurément le souvenir de sa disparition reste intact aussi bien pour sa famille biologique (nous pensons au neveu Massa Bonaventure Kofino) que dans la grande famille des chrétiens du Congo.

L’animation musicale, assurée par la chorale de Ya Moïse, a rappelé en la semaine Pascale que Jésus est sorti du tombeau. ( Galilée, Christ voumboukidi , moyo wéka moyo...) C’est un Dieu des miracles dont on voit chaque jour les œuvres dans notre vie. Le message de la commémoration étant basé sur l’unité et l’amour du prochain c’est sans surprise qu’on apprit que ce serviteur avait développé tout le long de sa carrière ici-bas ces valeurs qui constituent la pierre angulaire du Nouveau Testament.

Pâques, rappelons-le, c’est la croyance en l’idée que le monde est une éternelle transition. Loi inéluctable, la Pâque qui signifie passage dans la mystique juive symbolise le triomphe du Bien sur le Mal.

Politique oblige, les Congolais des deux Congo qui vivent actuellement le calvaire d’un perpétuel Vendredi Saint sont invités à espérer que la Terre Promise (Congo ya sika) est pour bientôt. A Canaan coulent le lait et le miel. Pour le moment, ce qui se passe autour des deux capitales, Kinshasa et Brazzaville, dirigées par deux autocrates reproduit les tribulations du chemin de croix avant la montée vers Golgotha où va triompher le Fils de L’Homme, c’est-à-dire la vérité, c’est-à-dire la Liberté. Brazzaville et Kinshasa devraient servir, comme dans La Bible, de villes-refuge aux déracinés du sassouisme et du kabilisme. Voilà que Hérode Sassou et Pilate Kabila tuent les enfants d’Israël.

S’il était encore en vie, Mgr Batantou aurait prié pour la paix en Afrique Centrale afin d’éviter des Saint-Barthélemy dont personne n’a besoin en ce moment. Les peuples veulent la paix, le pain ; des pharisiens mal inspirés proposent des pierres pour lapider les voisins, donnent un bout de serpent à des enfants qui ont faim.

Témoignages

Mgr Batantou (de son vrai nom, Zolabatantou) fut un vrai pasteur veillant sur ses brebis sans faire de distinction. Zolabatantou a aimé tout le monde.

Les témoignages ont fusé durant la messe. On retiendra celui de Madame Badiangana Alice, députée sous Massamba-Debat. Selon cette enseignante, Mgr Batantou, en créant les Schola Populaires, a libéré la femme congolaise du poids de la tradition marquée par les pleurs dans les veillées mortuaires. Grâce à ses actions, la lourde charge que la tradition kongo avait assignée à la femme en matière de deuil fut allégée. Les chants ont pris la place des pleurs, la veuve a vu sa stigmatisation atténuée. Une société dominée par la ruralité a transité vers la modernité.

Somme toute Mgr Batantou fut un agent du changement social.

L’inculturation

Musicalement, Mgr Batantou innova en reprenant ce que fit le Roi David dans l’Ancienne Alliance. David Loua Dieu avec tous les instruments de musique. Mgr Batantou le fit aussi en piochant dans notre réseau artistique : percussions, congas, bongos, claves, cloches, kwika, maracas, castagnettes furent mis à contribution. Le prélat adapta l’Evangile à la réalité africaine. Mgr Batantou, en prônant l’inculturation, s’inscrivait dans la droite ligne de Vatican II.

Maestro

Redoutable harmoniste et excellent compositeur, il a été l’architecte de l’actuel style du chant religieux congolais. Son inspiration mélodique a fait la renommée de l’Eglise du Congo ; son répertoire est repris dans les autres Eglises d’Afrique (RDC, Cameroun, RCA, Gabon, Côte d’Ivoire, Sénégal) . La liste de ses compositions est interminable. Très peu de mélomanes du chant sacré se doutent que nombre de tubes du catalogue catholique sont de son ressort. On apprendra qu’il admirait le grand artiste congolais Franco Luambo Makiadi dont les titres semblaient de bonne facture à ses yeux. Allez savoir si Mgr ne fila pas quelque chanson à Me Yorgo, en catimini, dans une intime coopération entre le sacré et le profane... Ce n’est qu’une hypothèse. En revanche il composa un titre pour le Trio Cépakos ( Mbemba mayakamba). Inspiré d’un proverbe kongo (quelle que soit l’envergure de son envol, l’épervier revient toujours sur le baobab d’où il est parti). Le PCT (Dieu seul sait pourquoi) censura cette chanson qui n’avait aucune connotation politique.

Mgr Batantou donna un précieux conseil au laïc et compositeur Moïse Baniakina (alias Ya Moïse) dont le répertoire l’impressionna : « Fonde ton inspiration sur les Psaumes afin que ton imagination ne te joue pas des tours. »

Pastiches

C’est ce conseil que le prodigieux disciple donne, lui-même, à tous ceux qui se lancent dans la composition du chant chrétien.

Mgr Batantou fut triste quand il apprit que ses meilleures compositions furent parodiées par la tradition populaire. C’est le cas du célèbre « Ngouala kou dilandi, kou fouilandi dila » dont le couplet a été détourné sans décence par les « conseillers » en affaires sentimentales dans la jeunesse congolaise.

« Bou diata tomo diata ngué kou fingui nzambi.... »

« Honore ton Dieu dans ton cheminement spirituel... » est parodié en ceci :
« Bou bara tomo zonza kou tandi mia mingui, baratin ya mana yoka la fille diokélé ». (N’en fait pas trop quand tu dragues une nana au risque de la saouler)

Paradoxalement ce blasphème est une marque de succès. Le bon Evêque n’avait pas à s’offusquer de ce sacrilège populaire. On ne parodie que ce qui plaît. Plutôt qu’une hérésie, c’était une heureuse appréciation. Au lieu d’une désapprobation c’est un plébiscite.

Parents, amis et fidèles

La grande famille chrétienne

La fraternité Sainte Rita de Cascia reconnaissable au port du foulard rose

La fraternité Ste-Rita de Cascia reconnaissable au port du foulard rose

Aspect de la messe

Aspect du peuple

Ceux qui ont concélébré la messe

Une concélébration réussie

L’immense foule

L’immense foule

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