QALIOUB (AFP) - Au moins 58 Egyptiens, en majorité des hommes qui allaient travailler au Caire, ont péri lundi dans la collision entre deux trains circulant sur la même voie ferrée au nord de la capitale.
Les deux trains se rendaient au Caire, l’un en provenance de Mansoura et l’autre de Benha, respectivement à 130 km et 50 km au nord de la capitale.
« J’étais dans le train de Benha qui était à l’arrêt depuis cinq minutes. Soudain, nous avons ressenti un tremblement de terre. Nous avons sauté par les fenêtres et nous avons vu le feu vers l’arrière du train », raconte Mamdouh Amer, 29 ans.
Selon lui, les trains transportaient surtout des hommes, ouvriers, fonctionnaires et policiers.
Le feu a pris dans la locomotive du train de Mansoura, qui avait percuté de plein fouet l’arrière de celui de Benha, au niveau de Qalioub, à une vingtaine de kilomètres au nord du Caire. Deux wagons se sont renversés. Le troisième a été complètement déchiqueté.
Selon une source de sécurité sur place, la faute incomberait à l’employé du sémaphore en amont de Qalioub, qui n’a pas arrêté le train de Mansoura à temps. Le conducteur de ce train a été tué, alors que celui de Benha était interrogé par la police.
« Le nombre des victimes a augmenté jusqu’à 58 morts et 143 blessés, dont quatre grièvement atteints », a déclaré le ministre de la Santé Hatem al-Gabali, cité par l’agence gouvernementale Mena.
Un précédent bilan officiel faisait état de 51 morts et 138 blessés.
« Je venais de me réveiller vers 07h00 (04H00 GMT), lorsque j’ai entendu un bruit épouvantable. J’ai couru au balcon et j’ai vu la fumée et les corps qui pendaient des wagons renversés », raconte Souad Abdallah, 53 ans.
Comme les autres habitants des immeubles bordant la voie ferrée, ses fils ont sauté par dessus le muret séparant les logements des trains pour retirer morts et blessés de l’enchevêtrement de ferraille.
Plus de deux heures après l’accident, les services de secours arrivés sur les lieux continuaient de sortir des corps démembrés des wagons et de les transporter vers les ambulances, en passant par une brèche ouverte dans le muret.
« Fils de chienne ! Où étiez-vous ? », hurle un jeune, les nerfs du cou saillants, à l’adresse des policiers et des pompiers.
Un cordon de sécurité sur place empêche des hommes en colère de s’approcher.
Selon plusieurs témoins, les secours ont mis environ une heure pour arriver.
« Nous avons appelé les pompiers, mais au début ils ne voulaient pas nous croire », assure Chaïmaa Samir, 23 ans, la voix couverte par les sirènes des ambulances transportant les victimes dans plusieurs hôpitaux de la région.
De son appartement qui surplombe la voie ferrée, elle a observé les opérations de secours. « Nous dormions. L’immeuble a été ébranlé par la force de l’impact », dit-elle.
Des deux côtés de la voie, qui coupe à travers les champs de cette région agricole, des secouristes ramassent chaussures, képis, bouteilles d’eau.
Aux pieds d’une grue qui tente de dégager la ferraille, une page de Coran et une semelle brûlées sont tâchées de sang. Quelques lambeaux de chair calcinée sont dispersés dans l’herbe.
« Qu’allons-nous faire désormais ? Continuer de venir au travail en train ? », s’interroge un jeune, hissé sur le muret. « Jamais plus dans ce pays », répond son compagnon.
Le 1er mai, 45 Egyptiens avaient été blessés dans une collision entre deux trains dans le gouvernorat de Charquiya, au nord du Caire. Fin février, 20 personnes avaient été blessées dans un accident similaire près d’Alexandrie (nord).
Mais la plus grande catastrophe ferroviaire du pays reste celle 20 février 2002, quand un incendie, provoqué par un réchaud, a ravagé un train bondé, à 70 km du Caire, faisant 361 morts.
Dans les années 1990, de nombreux accidents mortels avaient eu lieu : 41 morts en 1998 près d’Alexandrie, 30 morts en 1997 entre Assouan et Louxor (sud), 75 morts en 1995 à Badrachaine, au sud du Caire.