TOGO - AFP / Le gouvernement, les partis politiques et représentants de la société civile togolais ont officiellement signé dimanche à Lomé un "accord politique global" visant à mettre fin aux violences qui déchirent le pays depuis plus de dix ans.
Cet accord prévoit notamment la formation d’un « gouvernement d’union nationale » et l’organisation d’élections législatives, le mandat du parlement togolais s’achevant en octobre 2007.
Il a été signé par le gouvernement togolais, six partis politiques et deux associations représentant la société civile, ainsi que par le président burkinabè Blaise Compaoré, hôte et médiateur du dialogue intertogolais.
Des émissaires des présidents ghanéen, John Kufuor, et béninois, Boni Yayi, ainsi que des représentants de l’Union européenne (UE) et de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), assistaient également à la cérémonie de dimanche présidée par le président togolais Faure Gnassingbé.
« Aucun processus politique n’est linéaire, et il y aura des atermoiements », a prévenu le président Gnassingbé lors de cette cérémonie.
Plusieurs accords politiques ont en effet été signés depuis 1993 au Togo, mais n’ont jamais été appliqués.
« L’important est de respecter l’esprit et la lettre de cet accord et de ne pas créer de problèmes inutiles. Nous devons veiller tous ensemble à son application intégrale, et ce travail difficile qui commence nécessite la mobilisation de toutes les énergies », a ajouté le président togolais.
« Je ne dérogerai pas à mes responsabilités et mettrai tout en oeuvre pour que se réalise ce contrat politique, et ce quelles que soient les circonstances », a-t-il promis.
Le président Compaoré a également souhaité « que le sens de la responsabilité qui a prévalu au moment de la conclusion de cet accord se manifeste dans sa phase d’application ». Il a également réaffirmé sa « disponibilité » et son « engagement » à « continuer de (s’)investir dans cette exaltante mission ».
M. Compaoré a appelé la communauté internationale à « soutenir le Togo dans ses efforts de normalisation » par une « reprise rapide de la coopération », jugée « indispensable à la consolidation de ces acquis ».
Cet accord pourrait permettre au Togo de reprendre sa coopération avec l’Union européenne (UE), rompue depuis 1993 et le début des violences politiques sous la présidence du général Gnassingbé Eyadéma (père de l’actuel président Faure Gnassingbé), décédé en février 2005.
Au point mort depuis début juillet, les discussions intertogolaises ont repris le 8 août à Ouagadougou, et abouti vendredi soir à cet accord.
Les blocages portaient notamment sur la composition de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), les conditions d’éligibilité à la présidence et la réforme de l’armée.
L’Union des forces de changement (UFC), le parti de l’opposant historique Gilchrist Olympio, a finalement accepté la composition de la Céni proposée (19 membres : 5 de la mouvance présidentielle, 2 issus de chacun des cinq partis d’opposition, 2 de la société civile et 2 du gouvernement), à condition que celle-ci s’engage à « privilégier le consensus » dans sa prise de décision.
Le parti de M. Olympio a obtenu en échange la suppression des conditions de nationalité, qui interdisaient à tout citoyen togolais détenteur d’une autre nationalité (ce qui est le cas de plusieurs responsables de l’UFC) de se présenter aux élections présidentielles.