Rien de nouveau sous le soleil au Congo. On a organisé des fuites aux examens d’Etat, à l’instar du BEPC dont les épreuves se sont négociées sur la place publique moyennant des billets de banque.

Cette année (2014) certains candidats à cet examen avaient les corrigés des épreuves avant de plancher sur leurs copies. Des gens mal intentionnés ont simplement rendu public ce que la Loi oblige de garder secret : les sujets des examens.

Par un inquiétant concours de circonstances, les réseaux sociaux se sont emparés de ces fuites. Celles-ci, disponibles sur internet, ont provoqué l’assaut des élèves vers les cybercafés de Brazzaville. Dans les marchés (Makélékélé) les épreuves étaient cédées contre 20.000 francs cfa.

Contents de cette nouvelle façon d’aborder un examen, les candidats ont remercié l’internaute qui a déréglé le "système de fraude’ en mettant en ligne les corrigés des épreuves.

L’époque veut ça. Le Congo, pays où la corruption, le vol, la triche, la magouille sont une culture d’Etat, n’a donc pas dérogé à la règle dans un domaine où se construisent les bases morales de la société. Pourquoi s’étonner si demain tout le Congo est peuplé de malfrats.

Catégorique démenti

Le ministre de l’Enseignement Primaire et Secondaire, Hellot Mampouya Mantson, s’est fendu d’un communiqué où il a démenti les faits, nié les fuites, recommandé aux candidats de ne pas se livrer au trafic des sujets d’examen (car c’étaient des faux) d’être vigilants et, enfin, il a fustigé tous ceux qui sont jaloux de son action au gouvernement etc. etc.

Les bénéficiaires sont polis. Plus de 500 "posts" de remerciements étaient visibles en ligne. " On attend la suite" a posté un candidat satisfait de cette aide providentielle virtuelle. Malgré les dénégations du ministre ad’ hoc, les tuyaux étaient bons.

Tricher aux exams n’est pas une idée neuve dans notre pays.

Au Congo, depuis les années 80, ça triche tout azimut aux examens et concours. Sous Sassou 2 le niveau des fuites a atteint les sommets de l’Himalaya du « mbébisme » .

Les agents de la fonction publique « boukoutent » comme ils peuvent, à tout .bout de champ. Certains volent l’argent du pétrole, d’autre volent celui de la culture. Parodions Rigobert Ossébi : Le Congo est « l’Ambassade d’Al Capone  » en Afrique.

Ceci expliquant cela, le niveau de l’école ne cesse de baisser au Congo depuis que des fonctionnaires véreux sont aux affaires. Malgré cette triche (ou à cause d’elle), le taux de réussite au Brevet, au Bac est, chaque année, faible.

Remèdes

Il est pourtant facile de parer cette chute dans le néant : par exemple en amputant le budget alloué aux armes militaires pour le filer à l’Education Nationale. A condition, bien entendu, que le ministère concerné en fasse bon usage.

Or, à voir comment vont les choses au Congo, c’est demander l’impossible à un ministre (quel qu’il soit) de « servir au lieu de se servir » .

Le ministre de tutelle, Hellot Mampouya, aura beau jeu de crier à la mauvaise foi des pourfendeurs car si aucun membre du gouvernement de Sassou n’a jamais brillé pour une bonne gestion pourquoi pointe-t-on seulement ses dysfonctionnements ?

Reste que la triche étant un phénomène de groupe, cela suppose qu’il y a une chaîne de complicités. La question est : qui a organisé ces fuites ? En vérité on n’a pas besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre que la mafia vient du Service des Examens. Moyennant quelque espèce sonnante et trébuchante, le réseau de la fuite est vite mis en place.

Le portrait/robot du candidat bénéficiaire de la fuite est facile a réaliser. Il s’agit, en général, du fils d’un général, d’un ministre, député, sénateur et autre membre du Comité Central du PCT.

Sassou aussi

Que va-t-il se passer ? Annuler les épreuves ? Vous n’y pensez pas ! Nous ne sommes pas dans les années 1970 où suite à une fuite, les épreuves du Brevets furent reprises. Nous sommes sous le Chemin d’Avenir où ça magouille ferme même pour recenser une population.

Mieux : on nous a promis une triche au sommet de l’Etat. Le candidat Sassou va tricher pour obtenir son examen de passage en 2016. Du reste il a déjà tripatouillé la Constitution, grâce à Djibril Bopaka, un musulman qui n’a pas peur de son Dieu Allah ! (Congo-Liberty du 7 juillet 2014)

La formule est connue : au pays des coups d’Etat et des tas de coups, plus ça triche mieux on est perçu. « Plus il y a du désordre, plus j’ai envie de diriger » (locution reprise par Sassou)

Tricheurs, à vos pompes !