Au Congo-Brazzaville, anticipant une modification de la Constitution de 2002, Sassou, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir  » ont mis sur pied une commission chargée de réfléchir sur l’évolution de la loi organique. « On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens ». Cette affirmation du cardinal de Retz ne s’est jamais aussi bien appliquée qu’au magnifique pataquès et emballement médiatique sur les velléités de la modification de la Constitution au Congo-Brazzaville.

Danse avec la Constitution

En l’espace de quelques semaines, ce qui n’était que élucubration, hallucination et vue de l’esprit de quelques grognards, frustrés et grognons de l’opposition radicale est devenu la thématique centrale du débat politique au Congo-Brazzaville. Lancée à grand sons de trompe sur les medias d’Etat, la contre-offensive des épigones du « chemin d’avenir » demeure dans les limbes. La petite musique subliminale de l’évitement, du flou et de l’ambiguïté savamment orchestrée par Aimé Emmanuel Yoka, Laurent Tengo et Benjamin Boumakani et entretenue habilement par les épigones du « chemin d’avenir » a perdu de sa superbe à l’approche des échéances de 2016. Gérant un situation fort ambiguë, l’oyocratie chemine vers 2016 à ses risques et périls. Dorénavant, les langues se sont déliées. Et, désormais, sans gêne ni pudeur, chacun y va de son petit mot plein d’ambiguité, qui n’est qu’en réalité un écran de fumée pour masquer la volonté de Denis Sassou Nguesso de conserver coûte que coûte le pouvoir au-delà de 2016.

Coup de sonde

Comme la matière s’avère hautement inflammable, Sassou, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir » envoient des ballons d’essai dans l’opinion. Histoire de tâter le pouls de la population. Ceux-là même qui accusaient l’opposition radicale de mensonge et de parjure ont avalé leurs langues et se sont emparés du sujet en moulinant les épithètes. Et chaque agent du chemin « sans avenir » d’y aller de a petite ambiguïté. Par exemple, le thème de la modification de la Constitution n’est pas tabou pour Pierre Ngolo, marionnette entre les mains de Sassou, secrétaire général du PCT. Quant à Isidore Mvouba l’obstacle de 2016 n’est pas infranchissable à ses yeux. Ce petit marquis lari, parlant mbochi et intrépide homme d’affaires au teint jaune papaye passe pour un modèle achevé d’ambiguïté. Pour le porte-parole du gouvernement, Bienvenu Okiémi, personnage aux deux actes d’Etat civil, a lâché dans une ambivalence de sentiments les propos ci-après : « Le débat sur la constitution ne doit pas être un tabou. Plutôt que de voir en la constitution un texte figé, il convient de voir un texte dynamique, adaptable à l’évolution de la société congolaise. Il n’est donc pas interdit de vouloir faire le bilan de notre expérience constitutionnelle  ».

La situation économique et sociale du Congo-Brazzaville est trop grave, le climat politique trop délétère, l’urgence à agir contre le chômage trop grande pour que les leaders de la majorité présidentielle se défaussent de leurs responsabilités. Serait-on surpris si la bombe sociale explose aux dépens justement de ces « épigones » ? Denis Sassou Nguesso se croit sur un nuage alors qu’il est sur un volcan dont le magma est en ébullition. Le nuage est celui du sourire des courtisans du « chemin d’avenir », qui manient à merveille la brosse à reluire. La chaîne volcanique correspond à la réalité du Congo-Brazzaville : une situation économique et sociale désespérée sentant le souffre à mille lieues (30 % des jeunes au chômage, 100 000 pensionnaires sur une population de plus de 4 millions d’habitants), une fracture sociale majeure (70 ¨% de la population vivant avec moins de 2 dollars par jour) et un discrédit politique achevé. Fidèle à la stratégie des gens médiocres, voilà nos larbins du Chemin d’avenir en train de chercher les boucs-émissaires au milieu des Congolais de la RDC qu’ils accusent de tous les maux alors que la vraie délinquance est l’œuvre du clan d’Oyo qui a capturé et capté toute la richesse nationale.

Peine perdue pour Sassou, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir ». Les populations ne sont pas dupes alors que les ingrédients d’une éruption géolopolitique sont réunies. A l’issue de ses deux mandats en 2016, Denis Sassou Nguesso devra partir avant que l’Etna social n’emporte tout sur son passage ; une violence explosive qui ferait passer les dates fatidiques du 5 juin 1997 et du 4 mars 2012 pour des pétards mouillés.

Que faire pour éviter un Vésuve politique à l’orée du tripatouillage constitutionnel annoncé ? La meilleure hypothèse la voici : un autre congolais, élu démocratiquement, doit présider aux destinées du Congo-Brazzaville. L’alternance que les populations du Congo-Brazzaville appellent de leurs vœux est le sel de la démocratie. Au Congo-Brazzaville, l’alternance c’est en 2016 ou alors c’est le Pinatubo institutionnel ( du nom du redoutable cracheur de fumée aux Philippines)

Benjamin BILOMBOT BITADYS