PAR BEDEL BAOUNA - Science sans conscience, ainsi qu’on verra, fait le triomphe des tyrans. Dégoûtés par ceux qui veulent valider cet axiome de la dictature resplendissante, ONG et scientifiques protestent contre le projet de l’UNESCO d’attribuer un prix scientifique du nom du président de la Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema. C’est à se demander si l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture ne perd pas la tête.

Non pas que l’homme déteste la culture ; non pas que l’homme répugne aux sciences… Non, rien de tout cela. Le problème est que l’Unesco veut immortaliser Teodoro Obiang Nguema par un hommage universel immérité. Un prix scientifique portant le nom d’Obiang Nguema ? Mais selon quels critères ? Qu’a fait Obiang pour l’éducation, la science et la culture ? Des questions d’autant plus légitimes que l’homme ne brille pas pour améliorer l’éducation la science et la culture dans son propre pays. Juan Bautista Osubita, le délégué permanent de la Guinée Equatoriale à l’Unesco, estime que le président Obiang Nguema est capable de financer ce prix de trois millions de dollars. Et pour cause : « Cela fait quand même un bon bout de temps que le président est chef d’Etat en Guinée Equatoriale et je crois qu’il lui est possible de réunir une somme aussi considérable », justifie-t-il à RFI, avant d’ajouter : « De toute façon, ce prix-là ne répond-il pas aux critères d’approbation des prix à l’Unesco ? C’est la question qu’il faudrait bien se poser ».

On l’aura compris, pour polir une image brute, malpropre, il suffit de financer un prix à l’Unesco. Surtout au moment où, rapporte Human Rights Watch, un comité d’enquête du Sénat américain a établi que « le président Obiang et les membres de sa famille auraient détourné des dizaines de millions de dollars provenant des ressources pétrolières de leur pays, pour le profit personnel d’Obiang et de sa famille ». Est-ce à dire que l’Unesco est une pompe à fric, à l’image de plusieurs organisations internationales, dont celle qui organise la Coupe du monde de football ?

De Gaulle qualifia l’ONU de "machin". A cause de ses amours incestueuses, l’Unesco mérite le nom de chose. N’importe quel dictateur peut s’en servir pour redorer son blason. Suivez mon regard. Gageons que ça va donner des idées à des homologues.

Par Bedel Baouna